CENTRAFRIQUE: GOUVERNEMENT NGRÉBADA OU SARANDJI III, UNE PLÉTHORE HISTORIQUE AVEC 21 MAINTIENS ET 15 NOUVELLES ENTRÉES

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Tout ce suspens qui aura duré des jours pour rien, sinon pour un résultat médiocre, en deçà de l’attente du peuple qui croyait avoir le meilleur gouvernement du monde avec des compétences avérées et incontestables, des personnalités intègres, nanties de culture institutionnelle et administrative et capables de relever les défis du moment. Mais quelle déception!

       Déception d’abord à cause de l’effectif pléthorique. D’aucun se pose la question de savoir si, pour un pays d’à peine 5 millions d’habitants et qui est de surcroît confronté à d’énormes problèmes financiers, on a besoin d’un tel nombre de ministres. De mémoire de Centrafricain, jamais un gouvernement d’union nationale ou de sortie de crise n’a atteint un tel nombre. On imagine encore le pauvre peuple que Touadéra va sacrifier pour plaire à un groupuscule de personnages sinistres dont on peut pourtant s’en passer, surtout qu’ils n’ont pas d’offre politique pour le pays, tout ce qu’ils savent faire c’est l’usage des armes pour faire du mal.

       Déception ensuite à cause de certains qu’on a nommés dans le «gouvernement Ngrébada». Là, «ça ne vaut pas la peine !» comme l’a dit quelqu’un, imitant son père, un ancien combattant de la 2è guerre mondiale. Des repris de justice, des soulards professionnels, des « sans niveau » sinon des gens de «niveau de caniveau », des gens étrangers à l’Administration publique et à la culture des Institutions, ont fait leur entrée dans ce qu’on croyait être le «cercle fermé des meilleurs cadres et élites professionnelles et politiques» capables de prendre de bonnes décisions, des bonnes initiatives dans l’intérêt supérieur de la nation.

Beaucoup y entrent pour apprendre le ba.ba de l’administration, ce qui est scandaleux et dommage. Parmi ces néophytes en tout, il y en aurait qui n’auraient pas mis pied dans une classe de Terminale des lycées. Il y en a qui ont menti dans leurs CV. Si on demandait aux membres du gouvernement nommés ce dimanche 03 mars 2019 de publier chacun le CV remis au PM ou au chef de l’Etat, il y en aura qui vont carrément refuser de le faire pour ne pas être démentis par ceux qui les connaissent bien. Il ne nous reste qu’à demander au Président de la République et au Premier ministre de jouer le jeu de la transparence en publiant les CV des gens qui leur ont été remis et qui ont servi de base à leur « recrutement » dans le gouvernement.

Ce n’est pas de la blague. Ce qui se passe en RCA est une forme de complot contre la nation, contre la République, contre le peuple. Nommer ministres des gens qui ont tout à apprendre à commencer par le français parlé, la rédaction administrative, l’annotation des documents (correspondances, dossiers, projets d’activités, demandes d’audiences…), les règles de bienséance, les règles protocolaires voire l’habillement, c’est salir la RCA. C’est présenter aux yeux du monde l’image d’une République qui est encore en arrière; c’est donner raison aux grands idéologues et théoriciens négrophobes racistes comme Joseph de Gobineau, Lévy-Bruhl, Hegel et autres, pour qui le continent africain ne regorge que le noir, l’arriération intellectuelle, morale, humaine.

Et finalement, le PM sortant Simplice-Mathieu Sarandji vient de démontrer qu’il demeure le plus fort du système, qu’il est toujours aux commandes. Car sur les 34 anciens membres de son gouvernement, 21 sont restés à leurs postes, soit 62% de l’effectif. Il s’agit des ministres Félix Moloua, Henri-Marie Dondra, Mme Marie-Noëlle Koyara, Flavien Mbata, Léopold Mboli-Fatrane, Mme Virginie Mbaïkoua, Mme Sylvie Baïpo-Témon, Ange-Maxime Kazagui, Henri Wanzet-Linguissara, Honoré Féïzouré, Justin Gourna-Nzacko, Abakar Noure Moukadas, Jean-Christophe Nguinza, Mme Aline-Gisèle Pana, Jean-Jacques Sanzé, Pierre Somsè,  Thierry Kamach,  Mme Eugénie Ngbondo, Mme Ginette Amara, Régis Noël Dounda, Chancel Sékodé Deugbailly.

Faut-il souligner que le nouveau PM allait faire partir plus de la moitié des précités pour satisfaire une exigence populaire voire de certains partenaires internationaux. Mais la témérité de Sarandji l’a arrêté net. Et le Secrétaire exécutif national du MCU ne s’est pas arrêté là. Il est allé loin pour faire entrer trois autres hiérarques du MCU (dont 1 de la «branche militaire occulte» comme qui dirait) dans le gouvernement Ngrébada. Il s’agit notamment de :

-Mme Gina Lawson Roosalem, 2è Rapporteur Général Adjoint  du Bureau Exécutif du MCU, qu’il a fait nommer ministre de l’Urbanisme, de la ville et de l’habitat;

M. Maxime Balalu, Secrétaire National chargé des Affaires Politiques du MCU, son ancien Directeur de cabinet adjoint à la Primature, qu’il a fait nommer ministre Secrétaire général du gouvernement;

-Colonel Bienvenu Selesson, ancien Conseiller DDRR à la présidence de la République, Coordonnateur général de l’Unité d’exécution du Programme national DDRR, qu’il a fait nommer ministre délégué auprès du ministre chargé du DDRR, pour le mettre à l’abri de la colère de certains employés et partenaires de l’UEPNDDRR relativement à des questions de gouvernance.

       Les autres dirigeants (Membres du Bureau Exécutif et Secrétaires Nationaux) et cadres du MCU reconduits dans le gouvernement sont les suivants (par ordre hiérarchique):

-Henri-Marie Dondra, 1er Secrétaire Exécutif National  Adjoint du Bureau exécutif du MCU, 2è personnalité du parti;

-Félix Moloua, Conseiller Politique chargé des Relations avec les autres Partis politiques et les Organisations non-gouvernementales au Bureau exécutif du MCU, 4è personnalité du parti;

-Aboubakar Noure Moukadas, 1er Rapporteur Général Adjoint du Bureau exécutif du MCU, 7è personnalité du parti;

-Mme Virginie Mbaïkoua, Secrétaire Nationale chargée de la Mobilisation Féminine au MCU.

Membres fondateurs et/ou cadres

Léopold Mboli-Fatrane;

-Honoré Féïzouré;

-Mme Sylvie Baïpo-Témon;

-Justin Gourna-Nzacko;

-Henri Wanzet-Linguissara; 

-Jean-Christophe Nguinza;

-Mme Ginette Amara.

       Au vu de cette situation, la question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir: pourquoi avoir limogé Sarandji si ce sont ses hommes qui sont légion dans le gouvernement?

Les 10 départs signalés sont ceux respectivement de:

-M. Herbert Gotran Djono-Ahaba, du ministère du développement  de l’Energie et des ressources hydrauliques;

Lambert Moukove-Lissane, des Eaux, forêts, chasse et pêche;

Yérima Youssoufa Mandjo, de l’Elevage et de la santé animale;

Gaby-Franky Lefa, de l’Urbanisme, la ville et l’habitat;

Bertrand Touaboy, des PME, artisanat et secteur informel;

Ahmed Senoussi, des Travaux publics et de l’entretien routier;

Jean-Louis Opalègna, de la Fonction publique;

Blaise Nabia Aroun, de la Modernisation du travail et innovation du service public;

-Dr Jean-Alexandre Dédé, du Secrétariat général du gouvernement;

Jacob Mokpem Bionly, des Arts, culture et tourisme.

       Enfin, les nouvelles entrées sont celles de:

-M. Guismaïla HAMZA, au ministère du développement  de l’Energie et des ressources hydrauliques;

Augustin Yangana-Yahoté, député de la 2è circonscription du 4è arrondissement de Bangui, président du groupe parlementaire UNDP, au ministère de l’Administration du territoire, de la décentralisation et du développement local (où il avait été accusé de vente de postes de préfet et sous-préfet du temps où il occupait le poste de DIRCAB audit ministère);

Arnauld Djoubaye Abazène, magistrat, parent de Michel Djotodia, au ministère des Transports et de l’aviation civile, poste qu’il avait déjà occupé sous la transition;

Maxime Mokom, de l’aile Anti-balaka qui porte son nom, khartoumien, au ministère chargé du Désarmement, démobilisation, réinsertion et rapatriement;

Hugues Tcheumeny, ancien DG du Fonds routier sous la transition, du parti de Mboli-Goumba, au ministère du Commerce et de l’industrie;

Ahmit Idriss, ancien chef de cabinet, du parti de Ngon-Baba, au ministère des Eaux, forêts, chasse et pêche;

Souleymane Daouda, bras droit d’Ali Darassa de l’UPC, khartoumien, au ministère de l’Elevage et de la santé animale;

-Mme Mireille Sanghamy, du parti de Dologuélé, au ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’artisanat et du secteur informel;

Moustapha Mocktar, du FPRC, au ministère des Travaux publics et de l’entretien routier;

Bertin Béa, patron du parti KNK, au ministère de la Fonction publique;

Gina Lawson Roosalem, du parti MCU, au ministère de l’Urbanisme, de la ville et de l’habitat;

Adama Chaïbou, aide-boucher et vendeur de michoui/chuiya à Sibut, bras droit de Mahamat Al-Khatim du MPC, au ministère de la Modernisation du travail et de l’innovation du service public;

Maxime Balalu, au ministère chargé du Secrétariat général du gouvernement;

Dieudonné Ndomaté, anti-balaka aile Ngaïssona, khartoumien, au ministère des Arts, de la culture et du tourisme;

-Colonel Bienvenu Selesson, de l’UEPNDDRR, comme adjoint de Maxime Mokom. Un Officier supérieur de la Gendarmerie, une armée d’élite, nommé adjoint d’un milicien qui n’a jamais fait l’école des officiers !!! On aurait tout vu dans ce pays.

       Mais qu’en est-il de l’identité réelle de nos ministres et ministrons? Qui sont-ils?

       Par Jean-Bedel Dinga-Kpilè

Source: MEDIAS+ N°2092 du Lundi 04 mars 2019

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