Centrafrique : gestion de l’Etat, principes de gouvernement

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GESTION DE L’ÉTAT
PRINCIPES DE GOUVERNEMENT
Et le chef de l’État a fini par feuler sur les actes de prévarications et d’indélicatesse dans une administration qui ne connaît pas en son sein la loi.
Nous devrions d’apprendre à nous appliquer une gestion basée sur le principe de gouvernement, visant à créer un véritable État. C’est-à-dire, qu’il s’agit avec les représentants du peuple, de décider de la nature et de l’étendue des fonctions qu’ils jugent à propos de constituer « les services publics ».
Notre État actuel est conçu pour répondre aux intérêts des individus et bluffer les intérêts des populations. Il est atypique. Plusieurs fonctions publiques et politiques ne pèsent que pour un(1) milligramme d’activité et sont très coûteux à l’État. Un tel État où les gens ne travaillent pas, ne peut que sombrer dans des actes d’indélicatesse et de prévarication dont le Chef d’État indigné s’en est plaint dans son discours de fin d’année. Un État tentaculaire et pantouflard.
Il faut faire un toilettage de l’Administration jusqu’ aboutir aux fonctions avérées de porter le défi de fournir à l’État un service. La plupart des postes de travail public sont des check-points de racket des fournisseurs et il ne pourrait en être autrement pour l’argent de l’État. L’argent qui rentre ou qui sort n’a plus le même montant à la destination. Si le service-rendu, est démontré rapide, c’est que le corrompu a été corrompu. La corruption est une pénitence pour le pays tout entier. Elle est, en effet, l’épine dorsale de notre insécurité intérieure.
Il faut des services publics à valeur ajoutée et à juste prix qui répondent à nos besoins. Des services publics qui poursuivent des objectifs de rentabilité publique. Par principe toutes les fonctions de l’État devraient être en concurrence appréciés et approuvés par les représentants du peuple sur des critères : de contenu de mission, de volume d’activités et d’objectif de rentabilité publique.
L’Exécutif ne devrait plus à sa seule guise créer des services et des emplois de l’État. Le Législatif devrait émettre ses avis sur la taille de l’État à créer pour assurer la république.
L’Exécutif n’est pas supérieur au Législatif. Les deux (2) pouvoirs sont conjoints en démocratie.
Le législatif a un pouvoir réel de conseil et de recadrage des actions de l’État et ceci dans l’intérêt général des populations qu’il représente.
Par principe l’État doit équilibrer ses comptes de charges et de revenus pour une meilleure performance de la gestion publique.
L’épaisseur de l’État se traduit dans les dépenses de fonctionnement. L’épaisseur de l’État traduit également l’oisiveté de la fonction publique. Il nous faut moins d’État pour plus d’investissements. Les fonctions politiques avec les titres ampoulés et gonflés sont des plus nombreuses et des plus budgétivores.
L’État n’a jamais couvert les charges inhérentes à la défense, à l’éducation, à la santé, etc… sur son vaste territoire de 623983 Km2.
L’État développe lui même une culture de consommation improductive justifiée par les paiements des salaires, au détriment de la production de l’économie qui libère l’énergie sociale.
Le principe de gouvernement a l’avantage d’apporter la transparence, l’objectivité est basée sur la réalisation d’un programme clair d’investissements publics et la réduction du fonctionnement de l’État.
Un programme économique et social structuré qui permet la participation de tous : les associations, les partis politiques, la population, l’assemblée et le gouvernement.
Parce qu’ils sont les acteurs potentiels du pouvoir dont l’État doit s’en servir pour mener sa mission. Il faut savoir les rassembler, les mettre en groupe de projet qui constitue un stock d’informations et de connaissances nécessaires sur les problèmes de l’État qu’on veut traiter et, partant de là, possède un potentiel imaginatif et associatif bien supérieur à celui d’individus isolés. Et Les membres doivent s’entendre et se comprendre ; ils sont motivés au regard seul des problèmes de l’État à résoudre.
Tout projet consomme beaucoup d’énergie et il faut savoir la renouveler; ainsi l’engagement des membres et de leur choix dans le projet est important afin d’éviter tout défaut psychologique d’incapacité et d’inaction.
La gouvernance est une des causes de nos difficultés, mais ce qui est à évoquer à ce sujet c’est les qualités du caractère des managers qui nous gèrent.
La gouvernance est une politique, c’est-à-dire une action, un ensemble de décisions que l’on prend, de choses que l’on fait, de risques que l’on assume et, le tout avec l’appui des populations dans une cohérence d’objectifs managériaux.
Le management n’est pas un truc, il faut avoir des qualités de chef. C’est la qualité du manager qui fera la différence. L’histoire des peuples comme des entreprises témoigne de façon irrécusable de l’influence du chef quant au destin d’une nation.
C’est les qualités du chef, sa façon d’être, ou de faire, sa vision des objectifs et, sa seule présence, jouent un rôle considérable sur l’efficacité de ses collaborateurs car il est différent d’eux parce qu’il sait qu’il est responsable infiniment en cas d’échec.
Tout le mal de notre pays vient de l’État et de ses dirigeants venant tous du seul bord, le secteur public et non du monde de l’économie; de son incompétence chronique liée à des traits culturels caractérisés par une inconscience à toute épreuve, une naïveté, et des dirigeants n’ayant aucun sens des principes de développement, aucune rigueur et ni volonté de puissance. Des dirigeants qui vivent dans une convivialité déréglée et le refus à tout conflit.
Un État traditionnel comme le nôtre, quand une remise en cause de ce qui existe est toujours mal vue et comprise comme un défi aux réalisations et leurs auteurs, imprécision des objectifs de gouvernement, absence de sanctions objectives, le mythe du chef et de ses courtisans, le trafic d’influence, le népotisme accru, l’omniprésence de la mentalité communautaire qui entraîne des obligations (allégeance, protection, redistribution) sont des facteurs paralysants.
Un État des dettes et des aides. Un État des fêtes et des joyeusetés autour du chef. Toutes ces caractéristiques font de notre État, un État attardé, primitif, isolé et ignorant de tout concept de modernité.
Il s’agit là d’une question d’état d’esprit qu’il faut révolutionner : penser et agir autrement pour apporter la gouvernance.
L’échec nutritif de nos gouvernements a conduit à l’échec destructif des agents de l’État et par la suite à l’effondrement de l’État.
Cette crise est la conséquence imparable des mauvaises gouvernances. A nous maintenant, de nous opposer à ‘‘l’androïde’’ de la mauvaise gouvernance.
Quand les promotions à des postes de responsabilités portent souvent sur des personnes irrésolues, des sublimées qui ne correspondent pas à leurs postes et qui ne portent pas le défi de fournir à l’État un service.
Nous devons avoir un état d’esprit qui doit s’adapter aux principes et aux caractères rigoureux du progrès.
En fait, l’on se pose tous cette question, qu’est ce qui fait qu’une organisation ou un individu réussisse une action, une mission, quel est le processus qui permette de connaître la réussite.
Si réussir est le but de toute organisation, il doit exister une énergie ou une force permettant de canaliser cette réussite. D’où vient cette énergie et comment se transforme-t-elle en succès.
L’énergie humaine joue un rôle prépondérant dans le développement de tout individu ou d’une organisation en occurrence. Il faut savoir convertir cette énergie en une atmosphère intense. La source de cette énergie et le mécanisme qui la transforme en force motrice est à l’origine du succès.
Mais qui est à l’origine de cette transformation ? C’est la personnalité de l’organisation. Donc, c’est la personnalité elle-même de l’ÉTAT qui devait être à l’origine de la transformation.
La personnalité comprend tout ce que représente l’ÉTAT, c’est-à-dire l’ensemble vivant et intégré de ses éléments constitutifs de notre société à savoir : les moyens matériels et financiers, les compétences des hommes, les associations, les partis politiques, les syndicats, la population et l’extérieur. L’ensemble de tous ces éléments cités est source d’énergie inépuisable et exploitable. Donc la personnalité de l’ÉTAT c’est l’ensemble vivant de tous ces éléments intégrés qui la constituent. Si l’État ne dégage pas de personnalité suffisante vis à vis de sa population et de l’extérieur, il ne saura s’affirmer, il perd son pouvoir.
Donc le Gouvernement, l’Assemblée nationale, les Associations, etc.., ne doivent pas être politiquement détachés, distants, cloisonnés et isolés car ces éléments dont la mise en mouvement peut créer la grande énergie dont l’ÉTAT aura besoin pour la réussite de sa mission.
Avoir à l’esprit que réussir a besoin d’énergie. L’énergie est à la base de la réussite et de toute activité humaine.
Les acteurs doivent être unis et mobilisés dans un esprit discipliné pour mener conjointement la mission. Les acteurs sont de même nature et non différente. Ils doivent être ouverts à l’un à l’autre, à l’esprit d’entreprise, pas d’ambition personnelle autre que celle de réussir ensemble. Pas de maladresse, pas d’orgueil, pas de rancune et pas de trahison. Tout le monde doit être unis dans la mission, un challenge et un défi que la nation leur reconnaîtra, s’ils réussissent.
Mais une autre question de fond nous préoccupe cependant, notre pauvreté à soutenir un état de développement. Les activités qu’exercent les centrafricains n’ont pas de portée économique pour soutenir un État. Ces activités sont considérées comme des activités de subsistance et de lutte contre la pauvreté, elles sont affranchies de toute contrainte fiscale légale. Ces activités pourtant dynamiques et pleines de souplesse ont plutôt créé une économie de subsistance rigide au détriment de l’économie de développement.
C’est parce que ceux qui gouvernent n’ont jamais eu à l’idée de travailler pour la création d’un État ; ils se sont contentés de la gestion administrative du fonctionnariat au lieu d’ouvrir des horizons aux populations. L’État adore le fonctionnariat mais pour quel résultat ?
Mais comment faire exister l’État ? C’est l’effort constant des membres de la société pour vivre et se développer aux dépens des uns et des autres qui fait exister un État. Et c’est dans les efforts des membres de la société que l’État doit s’incruster pour puiser son énergie.
Seulement, la pauvreté en Centrafrique est-elle qu’elle transcende l’infortune personnelle et l’incapacité des centrafricains à se prendre en charge et à améliorer leurs conditions de vie, et les limites personnelles de ceux-ci. La pauvreté chez nous tend à désigner une situation globalisant à la fois la faiblesse physique, morale et intellectuelle. C’est le sous-développement social.
Les indicateurs macroéconomiques (PIB) sont des indicateurs qui ne portent pas sur l’évaluation de l’impact social, ils ne collent pas à la réalité de la vie des centrafricains vivant de la pauvreté depuis déjà un demi siècle.
La pauvreté, cet ennemi qui vit en nous. Cet ennemi qui contrecarre toutes nos bonnes volontés. Elle est comme un virus dans notre corps. La pauvreté est notre faiblesse. Elle nous a réduit à l’état de chosification. La pauvreté nous expose à toutes les vices : la corruption, l’indélicatesse, la manipulation, la soumission, la traîtrise et la paresse. Le pauvre produit moins où presque pas. Le pauvre ne pense qu’à demander. La pauvreté a atteint notre propension marginale à penser. Elle nous dépossède de nos facultés à penser et réduit notre jugement.
La pauvreté est la cause de l’effondrement du sens de la responsabilité dans notre pays. Cette pauvreté devenue morale, est dans notre subconscient. Mais comment combattre la pauvreté : c’est par le travail et il n’y a pas autre chose à faire ; un travail acharné qui génère de revenus permanents.
Il faut exercer notre esprit à la créativité. Il nous faut créer des activités plus ou moins formelles tous azimuts générateurs de revenus pour résorber le problème de la précarité dans notre pays, source de pauvreté. La pauvreté, elle affecte la large couche sociale. Le chômage et les sous-emplois au sens de travail rémunéré ont pris des proportions chroniques et alarmantes en créant des inégalités sociales très profondes dans la population. Les 80% de notre population vivent dans la précarité.
Cette pauvreté a poussé la population vers le secteur informel, basé sur des organisations familiales, il permet aux familles de vivre et à ses membres de s’occuper.
La terre et sa forêt est le seul secteur qui occupe et fait vivre les ¾ de la population, estimée à près de 3 millions d’individus. Les produits agricoles sont destinés et limités à la consommation familiale. L’État est privé des recettes fiscales indispensables aux investissements publics pour créer un «effet d’encombrement» avec les investissements encore modestes du secteur privé, lui aussi resté nain, et qui a du mal à se développer.
A la faiblesse de l’économie, il faut ajouter le manque de capacité humaine, matérielle et institutionnelle, l’inertie des administrations, le manque de main d’œuvre qualifiée possédant un bon niveau d’éducation nécessaire au travail, l’étroitesse du marché intérieur, la faible monétarisation de l’économie, le très faible pouvoir d’achat, tous ces effets conjugués font de l’économie de notre pays une économie de subsistance et donc d’un État pauvre.
Il va de soit que notre État n’est pas pris en charge par les activités qu’exercent ses populations, conséquence, l’État ne peut compter sur des fonds propres, du moins. L’État doit créer de l’économie, la condition de la renaissance. Si non sa présence sera toujours inefficace sur tout le territoire et manquera à sa mission d’institution suprême. Il y a quoi protéger la moindre ressource financière de l’État.
Le Chef de l’État doit être habité par une très grande énergie personnelle et de volonté. Mais pour sortir de la situation actuelle il nous faut inventer une grosse activité nationale transversale pouvant relancer l’économie en dépit de l’insécurité et de toutes choses.
Seul, le travail libère et responsabilise l’homme, lui donne de l’envie d’avoir une vie de famille. L’homme a toujours travaillé fort pour assurer la vie de sa famille. Sans le travail, le retour à la paix sera très rebutant. Aujourd’hui, la paix est à l’image d’un grain de sable noir tombé dans une sauce gluante et chaude.
Robert ENZA.

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