Centrafrique / France : l’ex-militaire français Juan Rémy Quignolot évacué

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Alerte publiée le 20/05/23 à 8 h 56 – Selon les informations d’Africa Intelligence, l’ex-militaire français Juan Rémy Quignolot arrêté en mai 2021      par les  autorités centrafricaines, a été évacué jeudi 18 mai vers Libreville et doit rejoindre la France ce jour. Depuis le mois de mars, son cas était l’objet d’intenses tractations secrètes entre Paris et Bangui. Des discussions facilitées par les services de renseignement gabonais.

Arrêté en mai 2021 et poursuivi par la justice centrafricaine depuis deux ans, le Français Juan     Rémy     Quignolot, dont la santé s’est considérablement dégradée, a été évacué vers Libreville dans la plus grande discrétion le 18 mai, selon les informations d’Africa Intelligence.

Accueilli par les services de l’ambassade de France dans la capitale gabonaise, il doit s’envoler pour Paris dans la soirée du 20 mai, via le vol d‘Air France AF 977. Son sort était, depuis ces derniers jours, l’objet de négociations entre Paris et Bangui. Une première tentative d’évacuation sanitaire avait avorté le 6 mai. Un avion spécialement dépêché devait se poser à l’aéroport de Bangui M’Poko, pour récupérer l’ancien légionnaire, en liberté provisoire depuis la  n du mois de septembre 2022, mais toujours accusé « d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État », « complot » et « espionnage ».

Malgré l’accord du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra en personne, le jet ne s’est  nalement jamais posé. L’opération avait été bloquée par le puissant ministre de la justice centrafricain, Arnaud Djoubaye Abazène. Au mois de décembre, une autre tentative d’évacuation avait dû être reportée face au refus de l’intéressé de se présenter à son procès. La libération de Juan Rémy Quignolot vient couronner plusieurs semaines de discrètes négociations entre Paris et Bangui. Des discussions facilitées par les services du président gabonais Ali Bongo, sollicité par Paris.

Les renseignements gabonais en première ligne

Côté gabonais, le dossier a été suivi par les services de renseignement de la police, plus particulièrement par le général Bernard Gnamankala, à la tête de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI, ex Cedoc). Ce dernier est en contact régulier avec un conseiller du président centrafricain d’origine gabonaise, Prince Borel Yaounga Yiko. En poste depuis 2021, il est le principal le go-between entre le Palais de la Renaissance et le Palais du bord de mer.

Comme l’a révélé le journal français L’Opinion, les deux hommes s’étaient longuement entretenu le 2 mars à Libreville en marge du One Forest Summit, en présence de Franck Paris, conseiller Afrique d’Emmanuel Macron, et le numéro deux du National Intelligence and Security Services (NISS) rwandais, le colonel Jean-Paul Nyirubutama. Une réunion durant laquelle le cas de Quignolot avait été directement évoqué.

Lors du sommet, le chef de l’Etat français avait par ailleurs discuté, pour la première fois depuis 2021, avec son homologue centrafricain Faustin Archange Touadéra. Depuis deux ans, la relation entre Paris et Bangui est totalement gelée sur fond d’in uence croissante du groupe paramilitaire russe Wagner (AI du 05/05/21).

Prélude à une décrispation ?

L’arrestation de Juan Rémy Quignolot en mai 2021 s’était inscrite dans ce climat de montée des tensions entre les deux capitales. Sans l’affirmer publiquement, Paris a ainsi toujours vu derrière l’opération l’ombre de la nébuleuse paramilitaire russe.

Le ministre centrafricain de la justice Arnaud Djoubaye Abazène, qui suit de près le cas de l’ex-militaire français, entretient par ailleurs des liens étroits avec le groupe Wagner. Originaire de la Vakaga, région septentrionale située aux frontières soudanaise et tchadienne, il était encore à Saint-Pétersbourg le 12 mai dernier a n de signer un mémorandum d’accord en matière de justice. Il s’est opposé jusqu’à la dernière minute au transfert de Juan Rémy Quignolot.

La libération de ce dernier constitue un premier geste de la part de Faustin Archange Touadéra à l’endroit de Paris. Il pourrait être le prélude à une encore très hypothétique relance du dialogue avec la France. En privé, le président centrafricain a fait part à plusieurs reprises de son souhait de renouer avec l’Elysée et a nommé à la tête de l’ambassade de la République centrafricaine à Paris l’un de ses plus proches amis : l’ancien garde des Sceaux Flavien Mbata.

Depuis cet hiver, la diplomatie américaine tente par ailleurs d’entamer un dialogue direct avec Bangui a n de contrer l’in uence du groupe Wagner (AI du 06/03/23). Elle s’est notamment mobilisée pour transférer l’ex-président centrafricain François Bozizé du Tchad voisin à la Guinée-Bissau. Fin avril, le Fonds monétaire international (FMI) a de son côté annoncé le décaissement d’une facilité élargie de crédit de 191 millions de dollars. Une aide précieuse alors que les  finances du pays sont exsangues.

Africa Intelligence

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