Centrafrique : finalement d’où viennent – ils ?

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Finalement d’où viennent – ils ? Où vont – ils ? Combien sont – ils ? Et Quels sont leurs objectifs ? Telles sont de pertinentes questions qui taraudent, ces derniers temps, l’esprit des habitants de certaines régions de la République centrafricaine ou tout simplement de ce qu’il en reste. De vives inquiétudes qui leur donnent de l’insomnie et  ne cessent de les plonger  dans une peur bleue du lendemain, sans savoir à quel saint se vouer et qui peut voler à leur secours.

Dans une dépêche de la Radio de Bozoum dénommée « La Voix de Koyalé » publiée le 17 février 2020, il a été rapporté à notre rédaction que « plusieurs groupes armés sont signalés ces derniers jours sur tous les axes environnants le chef – lieu de la préfecture de l’Ouham – Pendé en allant vers Bangui, Bouar, Bossangoa, Paoua et Bocaranga. On ignore pour l’heure les causes de leur présence dans la localité. La population interpelle le gouvernement de se pencher rapidement sur la situation et l’exhorte de déployer une section des FACA sur place. Les Forces de Sécurité Intérieures à Bozoum, chef-lieu de la préfecture de l’Ouham Péndé sont en sous-effectif et manquent de moyens logistiques ».

Ces informations n’ont fait que confirmer certaines indiscrétions parvenues, à maintes reprises, à notre rédaction, selon lesquelles les localités jadis occupées par les éléments des 3R du demi – frère du président Touadéra, à savoir le mercenaire peuhl d’origine camerounaise, Abbas Siddiki, ministre – conseiller à la primature en charge de la sécurité dans toute la région de l’ouest, évacué sanitairement dans la capitale centrafricaine,  et pris en charge sur les frais de la princesse, ont été assiégées par de nouveaux groupes armés. Leur présence dans toute la zone de l’Ouham – Pendé a été signalée, peu après les opérations lancées par la Minusca contre les éléments des 3R, suite au massacre de plus d’une cinquantaine de villageois, par eux perpétré à Lémouna, Koundjili, Djoum – Djoum et à Bohong, le 28 mai 2019.

Alors que certaines sources affirment et soutiennent que ce sont ces hommes qui ont empêché le président du MLPC Martin Ziguélé et toute la délégation qui l’accompagnait de continuer leur route vers la sous – préfecture de Ngaoundaye, les victimes de ce qui ressemblait fort étrangement, ce lundi 10 février 2020, aux environs de 14 heures, au village Bourdoul, situé à une dizaine de kilomètres de Bocaranga, à un guet – apens, ont plutôt souligné elles – mêmes que leurs agresseurs étaient bel et bien des hommes lourdement armés et formellement identifiés comme appartenant au groupe du mercenaire camerounais et collaborateur direct du premier ministre Ngrébada. Des informations qui ont été sans fioritures confirmées, il y a quelques jours par des sources policières,  au lendemain du séjour du ministre de la sécurité publique et de l’intérieur le général Wanzet – Linguissara, dans la région, au cours duquel il a eu des entretiens avec le chef d’état – major des 3R, un certain Sywo.

Aussi contradictoires et incertaines puissent paraître ces fracassantes révélations sur l’identité réelle de ces groupes armés et leur appartenance politique, il n’en demeure pas moins cependant certain que la majeure partie du territoire national, en sus des zones occupées depuis lors par les différents signataires de l’Accord de Paix de Khartoum du 6 février 2019, est aujourd’hui, et ce, au moment où nous mettons sous presse, littéralement  assiégée par des hommes lourdement armés. Tandis que certains s’expriment dans des langues étrangères, d’autres, par contre majoritaires, parlent couramment le Sango et des dialectes locales qui leur permettent d’échanger avec les populations. Agressifs pour certains, coopératifs et respectueux pour d’autres, ils achètent pourtant leurs alimentations et cohabitent avec leurs hôtes quelques jours, avant de demander et obtenir leur route. Pis, en partant, ils ont même l’outrecuidance de demander aux autorités locales de bien vouloir avoir diligence de signaler leur passage à leurs supérieurs hiérarchiques les plus immédiats.

Un habitant de la ville de Carnot, joint par l’un de nos reporters, sous couvert d’anonymat, a confirmé ces mouvements des troupes et ces bruits de bottes à notre rédaction, en ces termes : « Tout dernièrement, la ville de  Carnot est encerclée par des hommes armés non identifiés, d’après l’information que j’ai eue. Leurs cibles, ce sont les villes de Carnot, Berbérati et ensuite Béloko. L’axe Baoro-Carnot est sous le contrôle de ces groupes qui sortent de temps en temps et qui ont dépouillé certains commerçants et passagers empruntant cette voie de tous leurs biens, il y a seulement quelques jours. Ils sont différents de ceux qui se sont installés à Topia dans la sous – préfecture de Gadzi, mais lourdement armés. Ils sont mélangés avec les Gbaya-Kara dans un petit village appelé Gamba à 16 km de Carnot sur l’axe Mboula-Yanguere même jusqu’à Siplaque. Ils sont, somme toute, partout…» Et des sources militaires contactées à ce sujet de conclure :  «…Même derrière la commune de Nandobo, dans un petit village appelé « Saguamine », ils sont présents. Ce sont des éléments du FDPC du général Abdoulaye MISKINE dont la présence est constatée depuis un certain temps. Leur objectif, c’est Beloko…»

Fort de tout ce qui précède, finalement d’où viennent – ils tous ces hommes dont on dit qu’ils sont lourdement armés et dont la majorité serait de nationalité centrafricaine et la minorité des sujets étrangers ? Combien sont – ils exactement en termes d’effectifs ? Et quelle est leur appartenance politique ? Selon nos investigations et recoupements, c’est une nouvelle rebéllion, constituée de tous les déçus des 14 groupes armés signataires de l’Accord de Paix de Khartoum, dont le rang a été gonflée par des orpailleurs tchadiens, chassés du nord de ce pays frère, suite à la dernière offensive menée contre leurs différentes positions et dont le lot des troupes a été dispersé par l’intervention aérienne des soldats français de l’opération Barkhane. Le haut commandement de ce mouvement qui compte plus de 3.000 hommes, est placé sous l’autorité d’une minorité de centrafricains, déterminée à en finir avec l’abdication du président Touadéra, sa haute trahison et ses actes avérés de compromissions avec les mercenaires étrangers.

Comme nous pouvons tout naturellement l’observer à l’œil nu, du fait de la politique de main tendue du mathématicien de Boy – Rabé à tous les liquidateurs de la République et à tous les égorgeurs du peuple centrafricain, la République centrafricaine a cessé définitivement, depuis le 30 mars 2016, d’être un havre de paix qu’elle était naguère  et n’existe plus en tant qu’Etat dans les limites de ses frontières naturelles et  héritées de la colonisation. Elle est devenue un véritable no man’s land où tous les symboles de l’Etat ont disparu et où accourent tous les jours des mercenaires chassés de leur pays et en mal du territoire, des trafiquants d’armes, de diamants, d’or et de bétails, en quête des zones minières et de verts pâturages, et pourquoi pas des Jihadistes à la recherche d’une terre d’accueil et de prédilection où prospérer en toute sécurité.

Affaire à suivre…. !

Jean – Paul Naïba

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