Centrafrique : Faustin Archange Touadéra,  un échec total cautionné par la communauté internationale

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Aura – t – il  fallu attendre toutes ces années, presque cinq bonnes années, pour se rendre compte de l’incurie du pouvoir de Bangui face, d’abord, au désastre annoncé,  ensuite, à la descente aux enfers du peuple centrafricain qui a commencé dès le 30 mars 2016, et enfin à un jeu cynique de la communauté internationale qui entend avant tout préserver ses propres intérêts ? NON, nul n’est besoin d’attendre car on le savait déjà dès le lendemain de l’investiture du président élu des pauvres qui n’a pas tardé à tourner le dos à ces bien misérables populations, pour devenir leurs propres bourreaux ; hélas !

Cependant, les lanceurs d’alerte de plus en plus nombreux n’ont pas failli à leurs missions d’information et de sensibilisation, d’analyse et de prescription de tout type de thérapies susceptibles d’éclairer la lanterne du Gangster de Bangui ainsi que de sa bande d’incapables aventuriers installés aux commandes de la gestion de l’Etat, par effraction depuis le 30 mars 2016 ; plus encore, ceux-ci n’ont pas hésité à pointer les tergiversations, les indécisions, les complicités, et autres mesquineries de certains de nos pseudo-partenaires traditionnels, tels que le G5+,  la CEEAC, l’Union africaine, la Minusca, la Cemac, et bien d’autres amis encore de la République centrafricaine. Hélas enfin !

Au crépuscule mélancolique d’un règne sans partage, excusez de peu puisqu’il y a eu bel et bien partage de pouvoir avec ses propres copains, un clan extrêmement petit et réduit dans l’espace et le temps, le mathématicien de Boy-Rabé prépare sa valise. Tout naturellement, et dans toute démocratie normale,  il ne devra d’ailleurs préparer ses baluchons qu’au moment où  il aura décidé  de  rendre compte de son exercice chaotique du pouvoir dont les « pauvres » lui avaient confié les clés afin que lui et ses affidés, nationaux et internationaux, puissent allègrement en profiter.

Finalement, réduite à la case de départ, la jeune démocratie centrafricaine difficilement acquise en 1993, se cherche encore et il faudra bien de ressources, d’engagements réels,  du sang neuf et mobilisateur et d’énergies nouvelles pour trouver le Chemin de la reconstruction, de l’unité et du renouveau patriotique. Pour cela, il est nécessaire, obligatoire et plus que vital  alors de préparer la guerre, et la guerre au sens antique du terme selon l’adage latin  signifie « si vis pacem para bellum », c’est-à-dire  en traduction ad litteram  « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Malheureusement notre Gangster de Bangui n’a pas su ou n’a pas été en mesure délibérément  de préparer cette guerre alors que la Constitution de notre pays sur laquelle il a prêté serment devant Dieu et  les hommes lui confère les pouvoirs y relatifs, à savoir défendre l’intégrité du territoire national, assurer la protection des biens et des personnes et veiller à la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat.

Non, M. le président Touadéra, « on ne dialogue pas avec les terroristes » et, voyez-vous, sous d’autres cieux et dans tous les Etats du monde, on les « traite » tout simplement en invoquant la légitime défense. Oui, la légitime défense car vous en êtes le dépositaire des pouvoirs constitutionnels, dès le prononcé de votre serment,  de protéger et défendre les centrafricains face à la barbarie des mercenaires de l’UPC, de 3R , du MPC, et autres rebelles que vous avez choisis comme partenaires de votre paix et pour la gestion de votre pouvoir, selon les dernières sorties médiatiques de votre ministron de premier ministre. Des mercenaires qui sévissent, s’attaquent aux symboles de l’Etat que sont les édifices publics et l’armée nationale, tuent, incendient des villages et greniers, volent, violent, rackettent, contraignent nos populations entières à de permanents déplacements, contrôlent des zones minières qu’ils exploitent à leur guise. Des mercenaires qui sont nommés, en flagrante violation des dispositions de l’article 28 de la constitution,  à des hautes fonctions de l’Etat et rémunérés mensuellement par le contribuable centrafricain. Le seul fait que leurs décrets de nomination ne sont pas encore abrogés, témoignent de votre partenariat et de votre collusion avec les bourreaux de tout un peuple.

Ainsi, malgré les appuis multiformes dont il a pu bénéficier, tout d’abord de l’effort des centrafricains et centrafricaines à s’investir dans le travail pour créer de la richesse – à croire les fameux taux de croissance de 5% insolents de notre économie nationale annoncés depuis cinq ans et sortis du chapeau d’un certain Henri Marie Dondra qui ignore tout de ce qui se passe techniquement dans son ministère – et ensuite  de la solidaire générosité d’une communauté internationale, particulièrement celle des Etats-amis et frères de la sous-région d’Afrique centrale, Touadéra et sa bande de ripoux n’ont pu rien faire pour sortir la République centrafricaine d’une longue crise, certes complexe mais dont ils ont eu largement les moyens et les solutions d’y mettre fin. Cependant, cet échec est aussi celui de la communauté internationale dans son ensemble.

Il suffit pour cela de voir le profil et comportement de certains de nos partenaires et autres facilitateurs dans la résolution de cette crise pour comprendre le double jeu et le cynisme qui les caractérisent. En effet, c’est avec mesure et toute considération observée pour les institutions qu’ils représentent qu’il faut néanmoins citer ici des individus du genre Adolphe Nahayo de la CEEAC, Gbaguidi de la Minusca et bien d’autres, dont la mission en RCA ne finira jamais et qui sont désormais installés tels des vaillants ambassadeurs inamovibles de leur institution accrédités auprès du président Touadera pour lui prodiguer des bons et loyaux services au résultat quasi-nul au bout du compte.

En somme, des relations entre eux et nos dirigeants et non entre eux et le peuple centrafricain. Pis, au-delà du fameux accord de Khartoum pour lequel les facilitateurs et garants peinent à assumer toute leur responsabilité au regard de l’application de son article 35, le dernier huit-clos entre le gouvernement représenté par le premier ministre Firmin Ngrébada lui-même, Ali Darass de l’UPC, Adolphe Nahayo de la CEEAC et  Marthias Bertino Matondo de l’UA, témoigne à suffisance de cet échec cuisant d’une diplomatie de circonstance à bout de souffle, alors que l’opposition démocratique dans son ensemble réclame à cor et à cri et dans l’indifférence totale la convocation d’une large concertation des forces vives de la nation pour amorcer une solution inclusive à la crise électorale désormais inévitable. Autre détail non moins significatif, l’Union européenne, incarnée par sa Cheffe de délégation, Mme Samuela Isopi et principal pourvoyeur de fonds pour le financement du cycle électoral, s’enferme dans un autisme arrogant, refusant même de rencontrer les représentants de l’opposition démocratique ainsi que la société civile et continue de s’afficher « sans réserve » auprès du président Touadéra, considéré désormais comme un « ami ».

Ceci étant dit, revenant à cet individu du nom de Nahayo, pour mémoire, il suffit de rappeler que cet ambassadeur haut représentant de la CEEAC, en mission en Centrafrique depuis bientôt sept ans au titre de l’agenda PAIX et SECURITE sur financement de l’Union européenne, grâce aux ressources du 10ème FED régional (2008-2013), aura battu tous les records de longévité diplomatique, sans réelle avancée sur cette thématique, en ce qui concerne la RCA. Idem pour son collègue Gbaguidi, conseiller aux affaires politiques de la Minusca, dont la mission s’est confondue en facilitateur dans des montages d’affaires et autres businesses  en Afrique de l’Ouest et dans son pays d’origine pour le compte de Touadéra. Ceux-ci pourront encore rester et espèrent rester pour longtemps en Centrafrique sans réellement apporter les appuis substantiels à la résolution de la crise ; leur compétence et efficacité n’étant malheureusement pas avérées, ils feront tout pour se recycler et se maintenir en fonction avec la complicité du Gangster de Bangui.

Au même moment, cette communauté internationale, bien consciente et convaincue de la nécessité d’une large concertation et d’un dialogue franc et inclusif, d’une part, et du danger inéluctable que court la marche forcée de Touadéra vers des élections dans un contexte de tripatouillages et de défaillances sécuritaires, techniques, organisationnelles et financières de l’ANE, d’autre part, refuse de prendre position, en tirant toutes les conséquences de droit comme de fait, pour un report du calendrier. C’est à dire que les valeurs des droits de l’homme, de l’Etat de droit, de justice et de liberté d’expression, chères aux contribuables européens sont soigneusement rangés dans les placards, au profit de relations marchandes et intéressées entre des individus.

C’est, donc,  un remake de 2015, et quand bien même le contexte s’est dramatiquement aggravé, cette communauté internationale nous vend la tenue de ces élections à bonnes dates  comme étant la solution miracle de sortie de crise, alors qu’elle sait pertinemment qu’une élection n’est jamais synonyme de démocratie, que l’élection dépend de qui elle est organisée et dans quelles conditions. Or, le véritable enjeu pour certains de nos partenaires, plus encore ceux qui financent le processus électoral – et c’est ce que nos dirigeants ne comprennent pas– réside plus dans leur désir de redorer le blason de leur ministère diplomatique en Centrafrique par une meilleure cotation interne en mettant à leur actif personnel l’appui à la tenue d’une certaine élection plutôt que d’accompagner la consolidation d’un état de droit et l’appui à la reconstruction d’une nation en perdition où les règles du jeu démocratique sont dictées par le pouvoir, où l’opposition démocratique est manipulée, ligotée et muselée, où les opposants sont traqués ou contraints à l’exil pour des chefs d’accusation fallacieux, et où le bon fonctionnement des contre – pouvoirs n’est qu’un leurre. Si les centrafricains savent reconnaitre et apprécier les bienfaits d’une diplomatie agissante, ils n’ignorent pas  aussi évaluer la performances d’un partenariat qui se veut avant tout efficace et efficient pour l’émancipation des peuples aux noms desquels les relations internationales devront se nouer ou se délier, le cas échéant ; cela s’appelle du gagnant-gagnant (win-win en anglais).

Enfin, l’œuvre de reconstruction qui se pointe à l’horizon et qui appelle tous les fils et filles de Centrafrique épris de paix, d’unité, de sécurité et de développement, signifie avant tout que ceux-là même qui ont conduit le pays dans un gouffre, par l’association de malfaiteurs au pouvoir depuis mars 2016, par un pacte contre nature avec des mercenaires venus de divers horizons et la complicité d’une certaine communauté internationale dont le rôle néfaste serait établi, auront à rendre compte devant l’histoire. « La RCA n’est pas un terrain de jeu », disait Jean-Yves Le Drian ; de ce fait, les centrafricains l’ont d’ores et déjà bien compris  et ils demandent à tous les amis et partenaires pour la renaissance de la Centrafrique de se garder de toute subversion ou manœuvre qui ne saurait être de nature à honorer une confiance mutuelle comme socle de tout partenariat, de veiller, garantir, préserver et respecter avant tout les idéaux qui fondent l’ESPOIR d’un avenir radieux et harmonieux pour tous.

Par conséquent, comme ce président et sa bande d’incapables, cautionnés et soutenus par une certaine communauté internationale dont le visage est désormais connu, ont installé ce pays dans un triangle dramatique, il ne peut que s’imposer dès à présent  à tous  les centrafricains de se mobiliser dans un élan de rassemblement pour trouver le Chemin d’en sortir. Car, l’échec total de Touadéra depuis cinq est une obstination dans l’erreur, mais il n’est pas une fatalité pour la République et le peuple centrafricain.

La rédaction

 

 

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