Centrafrique : « Explosion d’une chaudière à la société Palme d’Or à Lessé » : le siphonnage de l’aide financière internationale par la « Ndrangtha locale libanaise »

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Le mercredi 22 mars 2024, l’une des chaudières de la Société Palme d’Or, située à 122 km de Bangui, dans la commune de Lessé dans la préfecture de la Lobaye, et spécialisée dans la production de l’huile de palme, a explosé ,suite à des défaillances techniques.

Le bilan est lourd : trois personnes décédées, une vingtaine de blessés par l’effet de la chaleur ayant provoqué des brûlures et d’importants dégâts matériels. Si la direction générale a réagi par un communiqué de presse, publié 48 heures plus tard, pour expliquer les circonstances dans lesquelles l’accident est intervenu, ni le gouvernement ni le procureur général Joseph Ouakara n’ont daigné prendre la parole pour exprimer des compassions à l’endroit des victimes et ordonner l’ouverture d’une enquête judiciaire afin de situer les responsabilités, d’identifier les auteurs de ce crime et de les traduire en justice.

Ce silence manifeste non seulement est sujet à caution, mais surtout peut être interprété comme un acte d’accointance avérée entre le gouvernement, les institutions judiciaires nationales et la Société Palme d’Or. Du coup, l’explosion de l’une des chaudières n’est pas un acte isolé, mais est constitutif d’un acte collectif, du fait de la non – dotation de la société d’une chaudière neuve, et en considération de ce que la majorité des fonds mobilisés pour sa création ont fait l’objet d’un détournement systématique et collectif. D’où le qualificatif de « crime organisé » que nous avons bien voulu affecter à l’accident du mercredi 22 mars 2024 !

En effet, comme nous l’avons affirmé et soutenu dans nos précédents articles, ce qui s’est passé à Lessé, n’est ni un incident, ni un accident. Il est un crime, c’est – à – dire une infraction très grave, un homicide et plus encore un meurtre. Car, la chaudière à gaz  est un appareil particulièrement complexe qu’il convient d’installer avec prudence. Mal posée, de mauvaise qualité, mal entretenue, elle peut engendrer des problèmes graves de risques de sécurité pour l’usine ou la société, d’une part, et pour tous les ouvriers qui y travaillent, d’autre part. C’est pourquoi les règles et les normes d’installation se sont multipliées au fil des années afin d’encadrer les travaux sur le plan technique.

De ce fait, Monsieur Read Hariri et les responsables politiques, administratifs et techniques de la direction générale de la société Palme d’Or ne peuvent pas ignorer ces normes techniques internationales de précaution, de sécurité et de création d’un environnement adéquat, indispensables au bon fonctionnement de cette société. C’est à cet effet, selon une étude technique de faisabilité ayant pris en compte les règles et les normes d’installation relatives à la chaudière à gaz, que d’importants appuis financiers dont le montant s’élève à plus de 9 milliards de Fcfa avaient été sollicités et mobilisés. Malheureusement, au regard de la tragédie du 22 mars 2024, nous sommes obligés de constater que la majorité des fonds décaissés ont été détournées de leurs destinations initiales et utilisées à des fins politiques.

Par conséquent, non seulement, nous sommes là devant un acte de crime de détournement des deniers publics, mais surtout en face d’un crime organisé, à savoir « une structure humaine relativement stable de plusieurs personnes respectant les ordres d’un chef ou d’un comité de direction pour faire des profits par des méthodes illégales et dans tous les domaines ». En l’espèce, afin de disposer de l’argent pour assouvir leurs desseins machiavéliques, politiques, personnels et catégoriels, ils ont prétexté vouloir créer une société spécialisée dans la production de l’huile de palme.

Selon l’étude de faisabilité, la production d’huile devrait approcher 5700 tonnes en 2020 et atteindre plus de 9000 tonnes/an à partir de 2023. Le projet emploiera à terme près de 500 ouvriers pour la plantation, 60 pour l’usine et une quinzaine de cadres et agents de maîtrise. Seront construits : un village pour la main d’œuvre et une zone résidentielle pour les cadres, ainsi que des bâtiments sociaux dont un centre médical et une école de 6 classes. Les investissements s’élèvent à près de 11 milliards de FCFA, dont 4,4 pour la plantation, 4 pour l’huilerie, 1,6 pour le matériel roulant et 600 millions pour les bâtiments. Le besoin de financement ressort à près de 9,8 milliards de FCFA d’ici à 2017. Le compte d’exploitation devient bénéficiaire en 2019 et dégage un bénéfice net de plus de 2 milliards de FCFA à compter de 2021. Le taux de rentabilité interne du projet ressort à 13,5%.

Mais, à l’arrivée, au lieu d’une société de palmeraie digne de ce nom à l’exemple  de celle du Cameroun dénommée « Socapalm », nous avons eu droit à une société qui n’existe que de nom, en dépit d’importants moyens financiers sollicités et obtenus, dont l’installation technique viole délibérément la réglementation environnementale requise en la matière, qui fonctionne avec une vieille chaudière dont les défaillances techniques avaient déjà été relevées par les experts du ministère de l’agriculture, dont les ouvriers ne portent ni casques, ni chaussures de sécurité, ni équipements vestimentaires adéquats, exposés à des gros risques d’explosion, de brûlures et de décès. C’est qui est effectivement arrivé, dans l’indifférence totale du gouvernement et du procureur général Joseph Ouakara. Que voulez-vous ? Dans la mafia, conformément à la loi de l’omerta, n’est – il pas interdit de trahir les secrets de l’organisation ou de dénoncer ses partenaires ? Si cette règle, liée à l’honneur, est trahie, la personne n’est – elle pas immédiatement condamnée à mort ?

Fort de tout ce qui précède, et devant le silence coupable et irresponsable des uns et des autres,  suite à l’explosion de l’une des chaudières de la société Palme d’Or avec toutes les conséquences dramatiques et criminelles qui s’en sont suivies, nous pouvons naturellement affirmer et soutenir que nous sommes là en présence d’une autre « Ndrangheta », l’une des organisations criminelles italiennes, les plus importantes et les plus puissantes au monde. En effet, tout comme la « Ndrangheta » dont l’expansion insidieuse de la criminalité de type mafieux représente une menace urgente pour la paix et la sécurité internationales, la société Palme d’Or n’est que la partie visible de la « Ndrangheta Centrafricaine » dont les ramifications infiltrent les milieux politiques et économiques, menacent la sécurité des Centrafricaines et des Centrafricains, et pratiquent la corruption à grande échelle dans notre pays, à travers la présence de la pègre locale libanaise.

Au – delà du crime organisé de Lessé, la « Ndrangheta Centrafricaine » est impliquée dans de nombreuses activités criminelles allant du trafic de stupéfiants et du blanchiment d’argent à l’extorsion des aides financières internationales et à la manipulation de marchés publics, en passant par la méconnaissance de la législation du travail et des droits des travailleurs. Ces énormes profits illicites sont d’abord partagés avec les décideurs politiques, puis réinvestis dans des entreprises ayant pignon sur rue, ce qui renforce le pouvoir et l’influence de l’organisation et pollue l’économie légale.

« La fraude est vieille comme le monde. Mais de nos jours les plus grands fraudeurs sont les Arabes, et parmi les Arabes ce sont les Libanais. «  Citant une étude d’un économiste libanais, le président ivoirien, M. Félix Houphouët-Boigny, avait fait cette réponse lors de sa conférence de presse, le 5 mars 1990 à Abidjan.  » C’est une mauvaise école pour les Ivoiriens, mais il faut dire que les élèves ont souvent dépassé les maîtres « , avait ajouté le chef de l’Etat.

Jean – Paul Naïba

 

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