Centrafrique : et si M. Ndoba était un vrai « brouteur » ?

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Par note circulaire n°0732/2017/MFB/DIR.CAB du 9 août 2021, le ministre des finances et du budget Hervé Ndoba a bien voulu «…..inviter l’ensemble des personnels…. » du ministère des finances et du budget à faire parvenir leur « curriculum vitae actualisé, sincère et véritable », au bureau de son attaché de cabinet, au plus tard le lundi 23 août 2021. La fourniture de ce document vise à aider le nouveau chef du département à découvrir tous les talents qui s’y trouvent et demeurent inexploités. Une annonce qui a été favorablement accueillie par la majorité des fonctionnaires et agents de l’Etat relevant de ce prestigieux département dont les qualifications, les compétences, les solides expériences et la maîtrise réelle de la technicité ont toujours été sacrifiés sur l’autel des préjugés politiques, régionalistes, partisans, ethnicistes, tribalistes, claniques et favoritistes.

Cependant, comme nous l’avons annoncé dans notre article intitulé : « M. Ndoba, publiez votre CV comprenant votre cursus scolaire de la maternelle à l’université ! », publié le 13 août 2021, afin de rassurer tout ce beau monde de la justesse de cette démarche et éviter à l’opinion de se verser dans des interprétations trop subjectives, il est fort judicieux que M. Hervé Ndoba lui – même se fasse violence et se résolve à donner l’exemple, en publiant dans les meilleurs délais, sur la page Facebook du Ministère des Finances et du Budget, son propre « curriculum vitae actualisé, sincère et véritable ». « A tout Seigneur, tout honneur », n’est – ce pas ? Comprenant son cursus scolaire de la maternelle à l’université, la publication de son CV constituera le gage le plus sûr de sa sincérité, de son honnêteté, de sa limpide volonté et de sa totale détermination à aller résolument vers la recherche de l’excellence dans le choix des hommes et des femmes qui seront appelés à l’accompagner tout au long de sa gouvernance à la tête de ce ministère de prédilection. Par cet acte de lisibilité et de visibilité, non seulement il aura démontré son parfait engouement pour le respect des valeurs de la bonne gouvernance et de transparence qui fondent toute société démocratique et caractérisent la gestion des finances publiques, mais surtout suscitera chez tous les fonctionnaires et agents de l’état du ministère des finances et du budget un grand élan fédérateur autour de sa personne et de sa politique.

« Et cela est aujourd’hui d’autant plus vrai que son prédécesseur, trop imbu de sa petite personne, n’a jamais eu l’humble devoir d’aller au contact de ses proches collaborateurs. Ayant acheté son poste, il s’est évertué à gérer le ministère des finances et du budget comme une propriété exclusive, allant jusqu’à en confier la gestion à ses parents, amis, connaissances et maîtresses, abandonnant dans les couloirs ceux qui n’étaient pas les siens, et suspendant illégalement et arbitrairement de salaires ceux qui dénonçaient ses incohérences managériales. Les conséquences de sa mauvaise gouvernance, singulièrement caractérisée par des siphonnages des crédits de l’état ouverts dans les lois de finances de 2016 à 2021 et d’innombrables actes de détournements de fonds, sont désormais connues de tous. Elles ont été portées sur la place publique par le représentant résident de la BM Han Fraeters dans son Discours, le 4 août 2021, lors des travaux de l’Atelier de dissémination de la 4ème édition des Cahiers économiques », avait conclu l’article.

Seulement, plus d’une semaine plus tard, le ministre des finances et du budget n’a pas daigné répondre positivement à notre sollicitude. «  Grande honte à qui châtie autrui et soi – même à châtier oublie », n’est – ce pas ? Ou bien doit – on dire « Gnothi Seauton », cette expression grecque ancienne, signifiant : « Connais-toi toi-même » pour qualifier cette posture si inélégante ? Cela en a tout l’air, car avant de « regarder la paille dans l’œil de ton voisin, regarde la poutre dans le tien », dit un autre adage ; ce qui veut dire qu’on ne peut pas critiquer les autres sans être irréprochable soi-même. Et on ne peut pas demander de produire quelque chose que l’on ne peut pas produire. Saint Matthieu (chapitre XXIII, versets 2 et 3) a donc tout à fait raison : « Omnia ergo quaecumque dixeri vobis servate et facite : secundum opera vero eorum nolite facere ; dicunt enim et non faciunt » ; autrement dit, « Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront, mais ne faites pas ce qu’ils font, car ils disent ce qu’il faut faire et ne le font pas ». Cela est d’autant plus vrai qu’en demandant, non pas à « l’ensemble des personnels » comme il l’a écrit dans sa circulaire, mais plutôt au personnel du ministère des finances et du budget, M. Ndoba se devait de donner l’exemple, en publiant sur la page Facebook du ministère des finances et du budget son CV. En refusant de déférer à ce devoir, il a failli à l’obligation de transparence à laquelle est assujettie toute personne dépositaire de l’autorité publique.

Et c’est justement contre ce manquement grave que nous élevons la plus vive protestation, pour la simple raison que ceci témoigne « in hoc casu » de la volonté d’une autorité administrative et politique de ne pas être transparente dans ses faits et gestes, vis – à – vis de ses collaborateurs, du grand public et du citoyen centrafricain. Du latin «  trans » qui signifie au – delà, à travers et « parere », paraître, apparaître, se montrer, la transparence dans toute gouvernance n’est rien d’autre qu’une pratique sociale guidée par la sincérité et une parfaite accessibilité de l’information dans les domaines qui touchent à l’opinion publique. C’est aussi le souci de rendre compte d’une activité et de reconnaître ses erreurs. L’objectif premier de la transparence est d’établir une relation de confiance. Elle s’oppose à l’opacité, la tricherie, et à la manipulation de l’opinion. La transparence est l’une des principales exigences des citoyens à l’égard des responsables politiques et des acteurs économiques. Le défi pour ceux-ci est de trouver l’équilibre entre ce qui doit être dévoilé et ce qui ne doit ou ne peut l’être. Pour le citoyen, la difficulté est de savoir si l’information qu’il reçoit est réellement sincère et correspond à la réalité.

Aujourd’hui, M. Ndoba doit comprendre que le concept de transparence est devenu incontournable dans le domaine politique, social, économique et culturel (Libaert, 2003). Certains n’hésitent pas à parler de « société transparente » (Vattimo, 1989) pour décrire l’environnement médiatique des sociétés dans lesquelles nous vivons. Pensée comme une évolution positive, la transparence se fait principe et cristallise nombre de changements dans la relation du public aux médias, aux institutions et aux organisations. Des médias de masse aux médias informatisés, elle bouleverse également le fonctionnement de la sphère publique, notamment les conditions de la participation du public dans le cadre de ce qu’on qualifie de « démocratie électronique » (Wojcik, 2011). En effet, sa définition première en fait la « qualité d’une institution qui informe complètement sur son fonctionnement, ses pratiques », ainsi que la « qualité de ce qui est facilement compréhensible, intelligible » (http://www.cnrtl.fr/definition/transparence).

Tel que défini ci – dessus, non solum le refus délibéré du ministre des finances et du budget qui passe, par ses fonctions administratives et politiques, pour le premier fonctionnaire du ministère des finances et du budget, n’est pas de nature à inspirer confiance entre lui et ses futurs collaborateurs, et appelle à plus de méfiance entre eux, sed etiam il rappelle étrangement cette absence totale de transparence qui a caractérisé le passage très catastrophique d’un certain Henri Marie Dondra à la tête de ce département. En effet, après plus de cinq années passées au MFB, et au lendemain de sa nomination à la primature, les fonctionnaires et agents de l’Etat du ministère des finances et du budget n’ont retenu de l’ancien directeur général du Fagace dont on vantait l’excellence partout que l’image d’un tricheur empêtré dans une affaire de faux diplôme, celle d’un prétentieux qui ne maîtrise pas le langage très technique des budgétaires, celle d’un tribaliste et d’un pourfendeur des esprits éveillés et critiques,  celle d’un faussaire quand il avait pris sur lui la responsabilité directe d’augmenter le prix de délivrance de la carte nationale d’identité et des cartes de séjour, en flagrante violation des dispositions de la loi de finances 2020 et 2021, et celle d’un mauvais gestionnaire et d’un délinquant en col blanc qui s’est bien gardé, cinq années durant, de s’assujettir au principe de reddition des comptes budgétaires de 2016 à 2021.

Ainsi donc, à l’exemple de Henri Marie Dondra, M. Ndoba qui est directeur de NH Consulting, un cabinet de conseil sur le plan organisationnel, comptable et financier, juridique et fiscal, ne serait en réalité qu’un « brouteur », c’est – à – dire quelqu’un qui se nourrit sans effort, comme le disent les Ivoiriens. En effet, créé en 2008 à Abidjan en Côte d’Ivoire, et opérationnel depuis 2010 à travers des missions sur l’ensemble de la Sous-Région Ouest Africaine, selon ses propres annonces publicitaires, son cabinet qui n’est pas référencé à l’international, « offre officiellement à sa clientèle son expertise pugnace et son professionnalisme efficace grâce à la dynamique équipe pluridisciplinaire que compose son capital humain ». Contrairement aux apparences, Hervé Ndoba noue des relations très personnelles «  jampridem » avec un certain Pamphile Maléyombo, chef de cabinet particulier de l’Imposteur de Bangui, et, de ce fait, serait adjudicataire des marchés de fourniture de pagnes, de gadgets, et de kits pour le compte du MCU. En 2016, il avait été déjà présent, lors du sommet de Bruxelles.

Ces révélations sont assez suffisantes pour justifier sa cinglante et glaciale fin de non – recevoir réservée à notre sollicitude relative à la publication de son curriculum vitae sur la page officielle du ministère des finances et du budget. Elles lèvent un coin de voile certain sur les inaptitudes réelles de notre bonhomme à porter un boubou qui paraît vraisemblablement trop ample pour lui. De ces manquements graves aux prédispositions techniques, psychologiques et morales à l’exercice des fonctions à lui confiées, nous pouvons revenir sur l’usage par l’intéressé d’un timbre de 2017 pour en faire un support sur lequel il a été écrit sa fameuse circulaire du 9 août 2021, l’emploi de l’expression « …..inviter l’ensemble des personnels… », au lieu de dire « …..inviter le personnel…. », et l’utilisation inexacte de la formule de conclusion insistante «  attacher du prix à, prier de veiller à l’application ou je vous serais obligé de quelques fautes à ne pas commettre », par «…. J’attache un prix…. ». La dénonciation de ce charabia, par nous et certains internautes  dans certains de nos posts sur Facebook, qui témoigne de sa non – maîtrise du langage codifié de l’administration, nous a valu des remontrances fantaisistes, pleines de verbiages et d’affirmations gratuites et littéraires, de la part de ses communicants qui ignorent tout, eux aussi, des règles élémentaires d’organisation et de fonctionnement de toute administration digne de ce nom.

Par conséquent, comme à l’exemple de certains ministrons – arrivistes dont une certaine Sylvie Témon – Baïpo qui, emmurée dans sa tour d’ivoire de mépris et d’arrogance, a été lâchée par tous les diplomates chevronnés et les grands commis de l’état relevant du ministère des AE,  est contrainte de publier des communiques de presse dont les agencements des mots et des lettres laissent à désirer et ne cessent de couvrir la République de honte pestilentielle, le « brouteur » de Ndoba se serait bien passé de nos critiques purement citoyennes, s’il avait fait preuve de modestie, de pauvre en esprit et d’élégance morale. En confiant, par exemple, la rédaction de cette circulaire à son directeur de cabinet ou à la directrice des ressources humaines, il aurait évité, au regard du principe du respect scrupuleux de la hiérarchie, et conformément aux nobles valeurs de collaboration, d’intégrité, de neutralité, de loyauté et de probité qui caractérisent toute administration, d’être seul comptable de toutes ces attaques et de toutes ces humiliations. Et en agissant de la sorte, il aurait finalement appris que les fonctionnaires et agents de l’Etat sont régis par le statut général de la fonction, et que tout nouveau recrutement sur des postes non prévus par les plannings d’emplois doit préalablement faire l’objet d’un projet d’amendements à la loi. Il en est ainsi en ce qui concerne la nomination des hors – statuts à des fonctions techniques.

Toutes ces indélicatesses nous poussent tout simplement à nous poser citoyennement la question suivante : et si Ndoba était un vrai « brouteur » ?

La rédaction

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