CENTRAFRIQUE-ÉLECTIONS 2020-2021: DES MORTS ATTENDUS DANS LES BUREAUX DE VOTE !

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Leurs noms figurent déjà sur les listes électorales, alors même que ceux-ci sont décédés depuis belle lurette. Et je me permets d’avertir: on a déjà préparé un nombre important de décédés dans le cas de ce processus dans plusieurs localités de la République centrafricaine. Par « on », je veux nommer les fraudeurs professionnels dont la plupart appartient au parti Knk de François Bozizé, mais aussi des agents électoraux dont le recrutement est en préparation au niveau de certains démembrements de l’Autorité nationale des élections (A.N.E). Terrible !
L’ANE est déjà pointée du doigt à Berbérati, chef-lieu de la préfecture de la Mambéré-Kadéï et les sous-préfectures sœurs de Carnot et Gamboula, mais aussi à Paoua et Bossemptélé dans l’Ouham-Pendé, M’Baïki et Boda dans la Lobaye, Bouar, Baoro et Baboua dans la Nana-Mambéré, Yaloké et Damara dans l’Ombella-M’Poko, comme sur toute l’étendue du territoire national.
Il n’y a pas longtemps, l’institution en charge de la préparation et de l’organisation des élections en République centrafricaine a été accusée par la presse et des partis politiques aussi bien de l’opposition notamment la COD-2020 que de la majorité présidentielle en l’occurrence les partis MLPC et PNCN, de favoriser la fraude électorale au profit du parti au pouvoir, le MCU, en manœuvrant pour que le parti au pouvoir soit le seul à avoir voix au chapitre en étant majoritaire dans les démembrements de l’ANE, à travers l’action des préfets, sous-préfets et maires récemment nommés, comme si ces derniers étaient en mission commandée.
Le mercredi 03 juin dernier à Boy-Rabé, un des membres de l’ANE venu de l’arrière-pays pour «apprendre les stratégies de fraude et recevoir les instructions de son parti » selon ses propres termes, n’a pas caché l’une des missions qu’il « doit » exécuter avec ses complices bientôt pendant l’enregistrement des électeurs, je le cite: « faire inscrire les noms des personnes décédées sur les listes électorales » (sic). Il l’a dit sans sourciller dans un lieu public où tout le monde n’est pas forcément de son bord politique.
Tristes et dangereuses révélations qui ont fait réagir un acteur de la Société civile en ces termes: « C’est une fraude ça, parce que nous savons que les gens vont venir voter à la place de ces morts, et il n’y a que le KNK qui est assez puissant pour rendre possible ce genre de manœuvre comme il l’a démontré par le passé ! Et comme le MCU est rempli des mêmes personnages qui avaient battu le record mondial de fraude électorale parce que militants et cadres du parti KNK par le passé, la compétition en fraude électorale sera rude entre ces deux partis ».
«Comment comprendre que des noms de morts vont figurer encore sur des listes électorales alors qu’il est question du toilettage du fichier électoral ?», se plaint Narcisse Takadi, un militant du parti PCUD de Patrice-Edouard Ngaïssona.
Un responsable de l’A.N.E que nous avons contacté et qui a requis le strict anonymat estime quant à lui que « l’ANE n’est pas un magicien pour savoir qui est décédé ou pas, ou qui a changé de ville ou pas. Si on ne nous signale pas, comment saurons-nous? Il faudra penser à l’informatisation de tous les actes civils et à l’inter-connectivité des villes du pays pour espérer faire un sans-faute. Mais cela ne peut pas influencer sur les résultats puisque les morts ne votent pas», rassure-t-il.
Par le passé et surtout pendant les élections de 2010-2011, on avait vu les noms des morts parmi les électeurs. Malheureusement, ni la Commission électorale indépendante (CEI) ni la Cour constitutionnelle pourtant informées et saisies à l’époque avec des preuves à l’appui, n’avaient daigné retirer les noms de ces cadavres des listes électorales.
Si ces informations s’avèrent et puisqu’en RCA il n’y a jamais 2 sans 3, il ne fait l’ombre d’aucun doute que pour les prochaines élections, c’est en tout cas des milliers de morts qui iront élire le prochain président de la République et les députés centrafricains.
L’un des modes opératoires de la fraude électorale est aussi celui d’encre indélébile. En 2005 comme en 2011 et en 2015, on avait remarqué à une grande échelle que l’encre n’est indélébile que de nom, elle pouvait s’effacer au moindre frottement.
Aussi, par endroit, beaucoup de gens qui s’étaient rendus dans des bureaux de vote pour les législatives et la présidentielle n’avaient pas retrouvé leurs noms sur les listes électorales et ont été interdits de voter, ce, en dépit du fait qu’ils avaient en main leurs cartes d’électeurs, donc régulièrement enregistrés. Cette situation est embarrassante.
On avait aussi remarqué l’absence des éléments des forces de l’ordre sur les lieux de certains bureaux de vote, alors que ceux-ci avaient pris d’assaut très tôt certains bureaux de vote.
Le plus grave encore est que plusieurs bureaux de vote pourtant situés au centre urbain, ont été laissés à la disposition des seuls scrutateurs du parti au pouvoir (cas en 2011) ou parfois au seul parti influent. Pas de scrutateurs des partis d’opposition !
Et pourtant, les candidats et les partis politiques qui étaient passés pendant la campagne électorale avaient promis envoyer des scrutateurs dans tous les bureaux de vote.
Pour certains observateurs de la vie politique centrafricaine, les situations ci-haut énumérées laissent plusieurs opportunités au parti au pouvoir. C’est le moment pour que tous les partis et associations politiques, les associations et ONG de la société civile, les électeurs eux-mêmes en tant que citoyens responsables, prennent conscience de ces dangers et se déterminent pour veiller sur leurs votes, pour que les résultats ne soient pas tronqués et que le pourcentage obtenu par chaque candidat vainqueur soit réel et ne fasse pas l’objet de contestations qui risqueraient d’entraîner des conséquences dramatiques.
A bon entendeur, salut !
Par Pygmalion Ramsès Wakambissa
Source: MEDIAS+

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La rédaction

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