Centrafrique : « Du limogeage de la présidente de la CC » : les Etats – Unis auraient dû se taire ou doivent revoir leur copie !

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Centrafrique : « Du limogeage de la présidente de la CC » : les Etats – Unis auraient dû se taire ou doivent revoir leur copie !

Dans la Déclaration de presse du Département d’Etat du 28 octobre 2022, « les Etats – Unis notent avec une profonde préoccupation une série d’actions récentes concernant des membres de la Cour constitutionnelle de la République centrafricaine, en particulier la destitution, le 25 octobre, du président de la Cour constitutionnelle Danièle Darlan. L’indépendance judiciaire est un principe central de la démocratie. Nous appelons les autorités centrafricaines à assurer la sécurité et l’indépendance de la cour constitutionnelle. Les Etats – Unis réitèrent leur engagement à continuer à travailler aux côtés des autorités et du peuple centrafricain pour promouvoir la paix, la prospérité, et nos principes démocratiques communs ».

Si la publication et le partage de cette Déclaration ont suscité de vives réactions, diversement appréciées sur les réseaux sociaux, il est à noter qu’une large majorité du public centrafricain, s’attendait, quant à elle, selon des informations proches des partis politiques, des groupes armés et de nombreuses associations de la société civile, à une posture plus ferme et plus robuste que cette sortie médiatique lapidaire de la part du Département d’Etat. En réponse à l’extrême gravité de l’acte intentionnellement commis, celui de tordre le cou à la loi dans le seul but de réaliser un coup d’état constitutionnel, tous souhaitaient ardemment une vive et rigoureuse condamnation de la part des Etats – Unis et la suspension de toute leur coopération avec l’Imposteur de Bangui et tous ceux qui sont contre la paix et la démocratie en République centrafricaine. Malheureusement, tel n’a pas été le cas, et leur réaction est plus appréciée comme un vrai appel de pied au régime de Bangui qu’une épée de Damoclès suspendant sur sa tête.

En effet, depuis la destitution illégale de Danielle Darlan, présidente de la cour constitutionnelle, l’ordre républicain est rompu en République centrafricaine. La conséquence immédiate est qu’en dehors du cadre de la loi, c’est désormais l’anarchie qui s’est installée en Centrafrique avec le décret présidentiel scélérat du 25 octobre dernier. Par conséquent, il est inutile de revenir sur les causes de ce grave recul démocratique, lorsque l’acte fatal posé par le président Touadéra rappelle le commencement d’une des plus féroces dictatures que notre pays a connue sous le règne du feu Empereur Bokassa 1er. Cependant, ce chaos expressément voulu par  celui qui a été déclaré élu par l’ANE dès le 1er tour des élections du 27 décembre 2020 par seulement 17% du corps électoral, et qui constitue désormais une solide entrave à toute dynamique de paix, de justice et de réconciliation dans ce pays, ne semble pas émouvoir les principaux pays partenaires du Centrafrique. La timide réaction, du 28 octobre 2022, des Etats – Unis sur le limogeage de la présidente de la CC Mme Danièle Darlan, en est la plus parfaite illustration.

Non seulement les partis politiques de l’opposition réunis au sein du Bloc Républicain pour La Défense de la Constitution « BRDC » ont exprimé leur profond désaccord à la série des décrets pris par l’Imposteur de Bangui, et ont dénoncé la volonté manifeste du pouvoir de Bangui d’assoir une dictature et une présidence à vie de Mr Touadéra, mais surtout ils ont annoncé leur détermination à combattre cette dérive autocratique et œuvrer au rétablissement de l’ordre républicain dans un état de droit. C’est donc fort étonnant et même très révoltant que les pays partenaires de la RCA au premier rang desquels l’Ue, les Etats – Unis, la France, l’Onu, ainsi que l’Union africaine, la Ceeac, la Gircl et la Cemac, semblent ne pas vouloir tirer toutes les conséquences de cette situation qui porte gravement atteinte aux fondements de toute démocratie et qui n’est pas de nature à créer des conditions a minima pour l’élaboration et la mise en œuvre de toute politique de coopération digne de ce nom.

Fort de ce qui précède, l’état de droit ayant disparu avec la neutralisation de la cour constitutionnelle, on ne saurait justifier une quelconque poursuite ou un maintien de la coopération bilatérale et multilatérale avec le pouvoir de Bangui. Les pays partenaires ci – dessus mentionnés, au même titre que les organisations internationales et d’intégration régionale et sous – régionale devraient déjà rappeler leurs ambassadeurs en signe de vives protestations et de réprobations à ce coup d’état constitutionnel perpétré par l’Imposteur de Bangui. Le respect des principes démocratiques et de l’état de droit restant la condition essentielle à toute politique de coopération entre les Etats civilisés, « in hoc casu », c’est – à – dire en ce qui concerne exclusivement la République centrafricaine, leur stricte observation devrait être non négociable et s’imposer à tous. A défaut d’être respectueux de ces valeurs, les Etats – Unis auraient dû tout simplement se taire ou doivent dans les meilleurs délais revoir leur copie.

Car, l’on ne saurait « dénoncer », plus encore se « préoccuper profondément » de cette dérive autocratique d’une part, et « réitérer tout engagement à soutenir et à continuer à travailler aux côtés des autorités et du peuple centrafricain pour promouvoir la paix, la prospérité, et nos principes démocratiques communs », d’autre part. Une telle posture diplomatique affichée par Mme Ned PRICE, porte-parole du département d’Etat américain est non seulement incompréhensible mais encore mérite une clarification nette de la Maison Blanche à maintenir son soutien ou pas à l’imposteur de Bangui et à son régime désormais plongé en pleine dictature.

C’est une question de cohérence et de crédibilité dans la poursuite d’une coopération qui se veut efficace au service des peuples et non pour soutenir un Imposteur et un régime totalement aux antipodes des aspirations de leur peuple.

Jean – Paul Naïba

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