CENTRAFRIQUE: DIVORCE CONSOMMÉ ENTRE LE MINISTRE CHARGÉ DE L’INSÉCURITÉ PUBLIQUE ET LES CADRES ET AGENTS DE LA POLICE CENTRAFRICAINE

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« On ne dirige pas un département avec du mensonge », a lâché avec un ton grave le colonel Bienvenu Zoukoé, ci-devant Directeur général de la police centrafricaine sur les ondes des radios de la place le mercredi 17 avril dernier, dans une cinglante réponse et un démenti mémorable aux propos du général Henri Wanzé Linguissara, ministre de l’Intérieur chargé de la sécurité publique, parlant des sujets camerounais auteurs de faux et usage de faux aggravés dans la confection et la signature des passeports nationaux.
DE QUOI S’AGIT-IL AU JUSTE?
En début de semaine, la police centrafricaine a réussi l’exploit de démanteler le réseau desfabricants de passeports nationaux non authentiques. La police criminelle notamment l’OCRB était sur le dossier qui relève du pénal (affaire criminelle) lorsque, contre toute attente, le ministre Henri Wanzé Linguissara est entré en scène pour déposséder la police du dossier qu’il va confier à la gendarmerie, son corps d’origine. Cela, bien évidemment, n’a pas arrangé les policiers. Mais le général-ministre Linguissara ne s’est pas arrêté là.
Le membre du gouvernement est allé loin pour remettre en cause la prouesse et la qualité du travail faite par les policiers en affirmant qu’il y’aurait un « piège »(sic) dans tout le travail fait par la police depuis l’investigation, l’opération de démantèlement du réseau et de l’arrestation des faussaires, jusqu’au démarrage de la procédure judiciaire et notamment l’audition des délinquants présumés.
D’après nos enquêtes, le ministre Wanzé Linguissara aurait dépossédé la police de ce dossier pour protéger un des délinquants présumés qui serait son beau-frère. C’est ce qui se raconte dans les milieux de la police, lequel corps est en boule depuis les déclarations inquisitoriales du ministre contre la police qui n’a pourtant fait que son travail et qui, au lieu d’être félicitée par le premier responsable de la sécurité publique, est plutôt récompensée en monnaie de singe à travers les propos désobligeants du généralissime Linguissara.
RÉPONSE DU BERGER Á LA BERGÈRE
Les policiers se sont concertés pour exprimer leur vive indignation face aux propos tendancieux et inutilement provocateurs du ministre de la Sécurité publique qu’il traite de tous les noms d’oiseau. C’est à l’unanimité que les policiers ont demandé à leur DG de répondre par le même canal au ministre Wanzé Linguissara pour le démentir. C’est fort de ce soutien que le DG de la police a fait une intervention à la manière d’un syndicaliste victime de l’arbitraire des dirigeants, non seulement pour démentir son ministre et critiquer ses propos, mais aussi pour démontrer que ledit ministre n’est pas à la hauteur de sa mission car il avait été à l’origine des événements dramatiques des 9 et 10 janvier 2019 qui avaient mis en danger la vie des membres du gouvernement et des populations venus pour la Journée mondiale de l’alimentation (JMA).
Une manière donc de dire que le général-ministre Linguissara n’avait aucunement la maîtrise de la situation au point de se permettre de mentir à ces chefs hiérarchiques que sont le Premier ministre et le chef de l’Etat, à ses collègues membres du gouvernement, aux députés, aux diplomates accrédités en Centrafrique et à toute la population centrafricaine, en disant que toutes les conditions sécuritaires, matérielles, logistiques et morales étaient réunies pour la célébration en différé de la JMA à Bambari.
Le DG de la police vient ainsi de casser l’œuf en disant à haute et intelligible voix ce que le peuple pense tout bas et ce que les courageux médias nationaux ont toujours dit: «L’irresponsabilité notoire du ministre Wanzé Linguissara qui a exposé la vie de tous ceux qui étaient présents à Bambari pour la JMA ».
Dans les pays où les deux têtes de l’exécutif se respectent, Wanzé Linguissara aurait dû sans tarder, après l’échec de la JMA, être limogé de son poste pour incapacité notoire et prévarication.
Il aurait même dû être mis en examen pour intelligence présumée avec les malfaiteurs terroristes, mercenaires et rebelles. Surtout qu’il a été sur le terrain à Bambari et ses environs, et donc a pu vérifier la situation réelle avant de revenir à Bangui faire ces déclarations faussement rassurantes.
DÉSAMOUR, MÉFIANCE ET DÉFIANCE
Avec ce jeu d’accusations mutuelles entre le ministre de l’Intérieur et ses subordonnés de la police par médias interposés, on peut affirmer sans courir le risque de se tromper que le divorce est définitivement consommé entre les policiers et leur ministre. Ce qui n’est d’ailleurs pas surprenant car les policiers ont toujours contesté depuis la période de Mme Catherine Samba-Panza sous la transition, leur gestion par monsieur Henri-Wanzé Linguissara qui, à n’en point douter, semble leur avoir gardé dent. A preuve: les cadres et agents de la police sont promus à des grades supérieurs depuis plus d’un an mais le ministre Henri Wanzé Linguissara refuserait de leur faire porter les galons et leur faire bénéficier des salaires inhérents aux nouveaux grades qu’ils détiennent. Le Lieutenant de police par exemple nommé Capitaine continue de percevoir le maigre salaire de lieutenant depuis plus d’un an et il ne sait pas quand est-ce qu’il va commencer à percevoir son salaire de grade de capitaine qu’il a mérité par ailleurs et obtenu par décret présidentiel. «Et comment porter et se promener avec le galon de capitaine alors qu’on ne touche que le salaire de lieutenant? Linguissara doit partir», lâche avec colère un des gradés de la police en colère.
La balle est désormais dans le camp du président Touadéra pour trancher et mettre ainsi fin à ce désordre. Sinon…, suivez mon regard.
Affaire à suivre.
Par Damoclès Diriwo
Source: MEDIAS+

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