Centrafrique : « Dialogue Politique Républicain »: la COSCIPAC interpelle la Conférence des chefs d’Etat de la CIRCL

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LETTRE OUVERTE A LA CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT DE LA CIRGL

Excellences, Messieurs les Présidents,
En vous faisant ses compliments pour votre heureuse initiative de la tenue d’un Sommet
Extraordinaire le 16 septembre 2021 en Angola, la Coordination des Organisations de la
Société Civile pour la Paix en Centrafrique, (COSCIPAC), la « voix des sans voix », dans ses
contributions pour la bonne marche de la démocratie et la bonne gouvernance publique en
République Centrafricaine, compte apporter sa modeste contribution, quant aux orientations que voudront bien suivre, les grands hommes d’Etats que vous êtes, épris de justice, de paix et de la volonté d’assister le peuple frère centrafricain pour sortir du chaos politique dans lequel se trouve la nation.

Tout d’abord, la COSCIPAC espère que vous accorderez une attention particulière aux cris
de détresse qu’elle lance à votre endroit afin de considérer les nombreuses attentes du peuple centrafricain, longtemps méprisé et dont les droits ont toujours été foulés aux pieds par le régime « Autocratique » de votre homologue le Président Faustin Archange TOUADERA. En outre nous espérons, que votre apport pourra infléchir, dans le sens des orientations périlleuses vers lesquelles tendent les résolutions que prône le Chef d’Etat Centrafricain dans la gestion de cette crise, qui n’est pas seulement sécuritaire, mais qui trouve ses racines dans une autre crise plus profonde à savoir celle de la mauvaise gestion des choses publiques et l’absence totale d’une véritable politique sociale et diplomatique adéquate.

En effet, le caractère autocratique, doublé d’un comportement de va-t’en guerre du pouvoir
en place, ne favorisent aucunement une résolution pacifique de la crise en cours. Pourtant le peuple qui a tant souffert des affres de la division voudrait, en son for intérieur, qu’un dialogue sincère, honnête et véritablement inclusif, avec la participation de toutes les voix
divergentes ayant entrainé la situation chaotique actuelle, sous la supervision d’un
médiateur neutre, ait lieu où les uns et les autres pourront partager leurs points de vue
divergentes, mais qui se joignent tous, sur l’épineux problèmes du bien-être de tous les citoyens, pour permettre de trouver, ensemble, une sortie honorable pour tous, sans frustrer l’autre ; et pouvoir ainsi faire tabula rasa de tous les désordres et de permettre à chaque centrafricain de jouer de sa partition pour un meilleur devenir de la République Centrafricaine.

De fait, le président TOUADERA prône et compte organiser un dialogue qu’il qualifie de
« Républicain ». Mais qu’entend-il par « Dialogue Républicain » alors que ceux qui sont à l’origine de ces crises et qui, d’une certaine manière l’alimentent, ne s’assoient pas avec lui, pour trouver un compromis en vue d’arrêter les hostilités dont seul, le peuple en est victime. Pourquoi le peuple, dans sa large majorité, réclame un « Dialogue Inclusif » avec ceux qui ont pris les armes ? Le peuple pense qu’on ne peut dialoguer qu’avec ses ennemies pour comprendre leurs mobiles et finir par en faire ses amis. Mais, lorsque qu’on se réunit seulement avec ses amis, parents, fanatiques et courtisans qui partagent les mêmes aspirations que soi, c’est pour tenir une causerie et non confronter les points de vue ou affronter les vrais problèmes pour avoir des idées claires sur des manquements ou erreurs à éviter ou à corriger.

Pour illustrer cette intervention, nous vous dressons, sommairement, le tableau noir qui
décrit la vie des centrafricains dont nous sommes les portes voix. En fait pour que la chose soit bien comprise, la COSCIPAC a relevé au cours du précédent et au début du second mandat du président TOUADERA, des actes graves, ignobles et inoubliables qui déconstruisent les Forces de défense et de Sécurité Intérieure. Ses plus proches collaborateurs, partenaires privilégiés au détriment des FACA, ses compagnons de business sur le dos du peuple centrafricain dont certains incorporés dans l’Armée associés aux mercenaires Russes de Wagner, violent les hommes tout comme les filles et femmes partout où ils passent, détruisent, pillent les biens publics et privés et tuent le peuple à tout temps, ce peuple qu’il avait pourtant juré deux fois sur la Constitution de protéger. Ses partenaires sont en train de commettre de graves exactions et se comportent en force envahisseur. Puis que qui ne dit mot consent, son silence sur ces faits engage sa responsabilité et débouche inéluctablement sur sa culpabilité.

En somme de la prise du pouvoir du président TOUADERA à nos jours, le peuple
centrafricain a connu toutes sortes d’exactions graves, commises par les Groupes Armés et les Mercenaires de la Wagner au service du pouvoir en place (tueries de masse, viols, tortures, enlèvements et exécutions sommaires, vols des biens appartenant aux populations, déplacements
forcés, etc…).

Premièrement, les Forces de défense et de Sécurité Intérieure ont connu et vécu toutes sortes de souffrances, négligence et humiliations, jamais vécu depuis sa création encore moins dans aucun pays au monde. A titre d’illustration, leur quotidien est caractérisé par les enlèvements, esclavage, tortures, tueries, arrestations arbitraires et tribalistes, PJA insignifiant, valorisation et bon traitement des mercenaires Russes (Wagner) et groupes armés alliés du gouvernement au détriment des FACA etc. La promotion en grade des proches-parents, groupes armés non formés, famille politique du MCU à qui il vient d’offrir des grades importants sans aucune formation requise au sein des Forces de défense et de Sécurité Intérieure.

Deuxièmement, il a préféré incorporer au sein des Forces de défense et de Sécurité Intérieure, les rebelles, mercenaires étrangers et autres nébuleuses maffieuses au détriment de la Jeunesse Centrafricaine et en violation de la Loi de programmation militaire de la République Centrafricaine. Ce qui a entrainé une prédominance des rebelles alliés du
gouvernement dans les Forces de défense et de Sécurité Intérieure.

Troisièmement, le tribalisme, le népotisme, le favoritisme, le clientélisme, l’impunité,
l’injustice sont devenus les seuls critères de gestion de l’Etat instauré dans
l’administration publique, surtout au sein des Forces de défense et de Sécurité Intérieure, ce qui a eu pour conséquence le dysfonctionnement total de l’appareil de l’Etat.

Quatrièmement, au niveau idéologique et politique, nous avons assisté à l’émergence
d’une nouvelle classe de dirigeants, composée et caractérisée par un groupement d’amis et
proche-parents de moindre niveau d’instruction et de formation académique manquant de
visions politiques pour le pays, véreux, avides d’argents et de gains faciles, aventuriers
politiques forgés de toute pièce, de véritables « bras cassés » hissé à l’arène politique.
Moins instruits, ils érigent et pratiquent à la place du « Real Politique » la démagogie, la
gabegie, la corruption et la délation. Pour l’exercice de la démocratie et la culture politique,
ils n’ont comme idées que le dénigrement des adversaires politiques, les leaders des
Organisations de la Société civile, voire les représentations étrangères accréditées en RCA.
Les incitations à la haine et à la violence planifiées et diligentées contre leurs adversaires
politiques et certains responsables de la Société Civile qui veillent à la bonne marche de la
démocratie et défendent les intérêts du peuple, car partageant la souffrance de ce peuple.
Outre la pression exercée sur les médias, l’exécutif utilise des subterfuges malsains pour
écarter leurs adversaires et opposants de la scène politique et autour d’eux, de peur que
des vérités soient dites.

Sur le plan social, le paroxysme a été atteint. La misère du centrafricain est devenue plus
que catastrophique. Malgré les multiples aides et assistances apportées par la Communauté internationale par le passé, le centrafricain n’arrive plus à supporter le cout de la vie. Le panier de la ménagère est plus que vide. Le traitement des fonctionnaires de l’Etat ne leur permet plus de vivre honorablement. Les activités commerciales et agro-pastorales sont au rouge (la RCA est un pays à vocation agro-pastorale). Les écoles connaissent un dysfonctionnement jamais connu. Il n’existe pas non plus d’infrastructures routières dignes de ce nom et pire reste la dégradation des voies routières non bitumées dans la capitale où l’interpellation des membres du Gouvernement a toujours été d’affirmer que « ce n’est pas aujourd’hui que les routes sont dégradées ! », fin de citation. L’eau et l’électricité étant devenues des biens de luxe pour les Centrafricains. Par ailleurs, la santé a connu de véritable problème de formation des médecins, d’aide et de suivi des malades.

Au plan de la liberté d’expression, celle-ci est confisquée par le pouvoir « Autocratique de
TOUADERA ».

En effet, étant un pouvoir autocratique, le pouvoir de TOUADERA n’accepte pas de contradiction, ni de critique et encore moins de prise de position contraire à sa volonté. Ainsi, la liberté de la presse n’existe plus. Il suffit d’écrire un article ou de publier une information dénonçant les dérives du pouvoir en place ou d’un dignitaire du régime et on est automatiquement poursuivi pour atteinte à la sureté de l’Etat ou un autre délit qui va faire de vous un paria. L’Organisation de la Société Civile qui ne se met pas au service de TOUADERA, et qui reste fidèle à sa conviction ; qui n’est pas de servir celui qui fait l’histoire mais au service de celui qui subit l’oppression, est automatiquement traitée de tous les noms et placée dans la liste des ennemies, donc écartée de toute activité requérant sa participation. Quel régime injuste ! Sans doute, que la délégation officielle qui se rendra à cette rencontre, vous dressera un tableau élogieux et merveilleux des prouesses réalisées par le président TOUADERA, mais ne vous y tromper pas, ce sera une mise en scène bien organisée par ce pouvoir.

C’est pourquoi, la COSCIPAC, « Voix des Sans Voix », aurait aimé prendre part à cette
rencontre pour exposer un autre point de vue et présenter le souci réel du peuple centrafricain par rapport à la direction qu’elle voudrait voir son pays prendre, en commençant par la forme et le fond du Dialogue à venir. En confrontant des points de vue différents, la Conférence des Chefs d’Etats pourra ainsi mieux orienter ses réflexions et pour mieux aiguiller la compréhension d’un des leurs afin qu’ils ne commettent pas une erreur fatale à la Démocratie et au Droit du peuple, souverain, à vivre dans un Etat de paix ou il est fait bon vivre ; pour la stabilité et la paix dans la Région des Grands Lacs et le continent Africain. Car, nous vivons dans un village régional; et, les effets d’un acte peuvent éteindre au-delà de nos frontières.

En conclusion, la COSCIPAC espère que les Chefs d’Etats, soucieux du bien-être des
populations respectives et appelés à garantir la paix, la sécurité et la stabilité pour un
développement harmonieux par l’accroissement des infrastructures, prendront en considération le cri de cœur et de pleurs lancés par le peuple centrafricain et assumerons les bonnes mesures politique afin d’aider les centrafricains à aller vers un « véritable Dialogue Inclusif », seul moyen permettant à ces derniers de trouver des voies de résolution à ces crises interminables car le peuple a tant souffert de l’hypocrisie de ces hommes. Ainsi la COSCIPAC réaffirme-t-elle son soutien et encourage les chefs d’Etat à œuvrer toujours dans la recherche de la résolution pacifique des conflits en RCA en cours.

Fait à Bangui, le 09 Septembre 202

Pour la COSCIPAC

Le Coordonnateur National

Petit Delphin Kotto

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