Centrafrique : Désiré Zinga Kolingba Bilal une interpellation de trop et inutile

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DES PRATIQUES AUTORITAIRES INQUIÉTANTES

Lors de son investiture, le président Faustin-Archange Touadera avait solennellement déclaré rompre avec un passé calamiteux en matière de gouvernance. Les Centrafricains avaient applaudi la nouvelle ère qui commençait.

Malheureusement, l’espoir de voir la République Centrafricaine être gouvernée autrement est aujourd’hui écorné par l’arrestation maladroite de Désiré Zinga Kolingba Bilal, président du parti Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC). Même s’il n’a été que momentanément retenu, il n’en demeure pas moins que cette cabale est déplorable et terriblement compromettant pour le président Touadera.

Le leader du RDC a été arrêté, mercredi 19 septembre, pendant un meeting qu’il présidait dans le 4ème arrondissement de Bangui. Pour justifier son arrestation, les autorités l’ont accusé d’avoir organisé un rassemblement clandestin.

Le RDC est un grand parti politique qui a pignon sur rue et qui n’est pas interdit. Jusqu’à aujourd’hui, le parti de Désiré Zanga Kolingba Bilal a organisé des meetings qui se sont toujours déroulés sans incident notoire. Pourquoi, subitement, est-il inquiété par les forces de sécurité ? Zanga Kolingba est un soutien du président Touadera. On murmure même qu’il serait probablement le futur remplaçant du Premier ministre Sarandji. De là à penser qu’il pourrait s’agir d’une cabale montée par ce dernier…On est enclin à se poser la question.

UNE ENTORSE A LA DÉMOCRATIE

Arrêter le leader d’un grand parti politique, même brièvement, et l’interroger comme un vulgaire délinquant, quels qu’en soient les motifs, est une atteinte caractérisée à la démocratie et une violation de la Constitution centrafricaine. Rappelons que celle-ci garantit la liberté d’expression et de pensée, ainsi que la liberté de se réunir, qui est une des expressions de la démocratie. Cette dérive autoritaire s’est déjà produite le 11 juin 2018, avec l’arrestation d’un autre leader politique, Joseph Bendounga, au cours d’un rassemblement de protestation.

Il est difficile d’imaginer que le président Touadera se livre à des dénis de démocratie, eu égard à ses déclarations sur la rupture avec le passé pendant son investiture. En revanche, l’auteur de cette forfaiture peut très bien être un membre du gouvernement. Dans ce cas, il faudrait le désavouer publiquement et le sanctionner.

C’est, en partie, ce genre de comportement dictatorial qui a mené le pays là où nous sommes. La démocratie ne doit pas souffrir de tels errements. Ce n’est pas en s’attaquant aux opposants que l’on mettra fin aux violences qui plongent la République Centrafricaine dans cette longue et dure nuit qui ne cesse de compromettre le développement du pays.

Si c’est le conseiller russe qui pousse le président Touadera dans la voie de l’autoritarisme, en prenant exemple sur Vladimir Poutine à Moscou, il fait fausse route. Il ne faut pas faire croire au président Touadera qu’embastiller les opposants politiques ou les faire taire garantit une réélection.

Car qu’est-ce qui suscite l’adhésion du peuple, sinon le strict respect des libertés publiques et une bonne gouvernance ? Un gouvernement doit être au service du citoyen. Il doit garantir et faire respecter les libertés publiques, protectrices de la démocratie. L’état du pays, avec sa litanie de violences incontrôlables, n’autorise pas le gouvernement à malmener la démocratie.

Or, c’est bien elle, et elle seule, qui favorise et maintient l’unité d’une Nation face aux périls.

 

 

JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI
ANI

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