Centrafrique : Déclaration de feu Maître Henri POUZERE, coordonnateur de l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) à l’occasion du DPI en 2008

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Déclaration de Maître Henri POUZERE, coordonnateur de l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) à l’occasion du DPI en 2008

 

Monsieur le Président du Dialogue Politique Inclusif,

Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations Internationales,

Mesdames, Messieurs les Représentants des Partis politiques,

Chers délégués aux assises du Dialogue Politique Inclusif,

Honorables Invités,

Mesdames et Messieurs,

L’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) qui est à l’origine de ces présentes assises vient ici par ma voix, remercier très sincèrement la communauté internationale avec à sa tête Son Excellence El Hadj Omar BONGO ODIMBA, Président de la République gabonaise et Président du Comité ad hoc dans l’espace CEMAC sur les questions centrafricaines, pour toutes les énergies qu’elle a réussi à mobiliser pour voler une fois de plus au secours du peuple centrafricain afin que ce Dialogue Politique Inclusif tant souhaité et tant entendu ait lieu.

Qu’il me soit également permis de remercier et de féliciter au nom de l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN), toutes celles et tous ceux qui, au sein du Comité d’organisation et au-delà, ont œuvré avec abnégation pour que cette Rencontre citoyenne soit, au niveau de ses travaux , une grande réussite, un juste motif d‘espérer à un retour à une Paix Durable dans la liberté, la dignité et le Progrès.

Mesdames et Messieurs,

Distingués Invités,

Chers compatriotes,

Permettez-moi tout d’abord d’affirmer devant cette auguste assemblée, que contrairement à une idée malheureusement répandue, le centrafricain n’est pas un ingénu sur cette planète terre. Le centrafricain est loin, très loin, d’être ce grand enfant en lieu et place duquel il faut penser.

Depuis fort longtemps en effet, le Centrafricain sait que les solutions qui conviennent aux multiples, interminables et récurrentes crises que son pays vit des dizaines et des dizaines d’années durant ne peut provenir que de la réflexion soutenue et de la volonté tenace des centrafricains eux-mêmes.

Depuis fort longtemps, les centrafricaines savent que le jour où ils auront décidé de prendre, en toute lucidité et en toute responsabilité des engagements forts qu’ ils jurent de respecter scrupuleusement dans la lettre et dans l’esprit, leur sort s’en ressentirait positivement, il changerait du tout au tout, radicalement

Si, après 50 ans d’âge (1958/2008), la République Centrafricaine apparaît dans la sous-région comme le prototype même des Etats qui refusent le progrès ;

Si après 50 d’âge la République Centrafricaine est au 173ème sur 177 pays dans le classement mondial de la pauvreté publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ;

Si après 50 ans d’ âge la République Centrafricaine est régulièrement citée parmi les « Etats faillis » ou les « Etats voyous » ;

Il faut avoir l’honnêteté et le courage politique de reconnaître ici et aujourd’hui, que des facteurs endogènes, c’est-à-dire des facteurs internes à nous-mêmes en sont les principales causes, que dis-je, les causes ‘’impulsives’’ et ‘’déterminantes’’.

Des dialogues sur dialogues, des séminaires de réflexion sur séminaires de réflexion, des conférences pour la paix ou la réconciliation nationale, des grands débats nationaux, des Etats généraux etc. Rien n‘y fit!

Tous les grands problèmes dont souffre la République Centrafricaine ont été X fois recensés et les solutions consignées sous forme de nombreuses ‘’recommandations‘’, ‘’résolutions’’ et autres ‘’décisions’’. Toutes ces recommandations toutes ces résolutions toutes ces décisions n’ont connu pour la plupart, aucun début d’exécution.

A partir d’un tel constat, il est aisé de comprendre le scepticisme de certains compatriotes, de certains médias et même du Général Président François BOZIZE YANGOUVOUNDA, qui pensent en chœur que ce Dialogue Politique Inclusif est un « Rendez-vous de trop » une ’’ Réunion de Bavardage‘’ (sic).

C’est pourquoi, il importe cette fois de créer l’événement du haut de la Tribune de ce Forum de tous les espoirs, en rompant radicalement avec les compromettantes pratiques des déclarations de bonnes intentions qui s’avèrent en définitive en plaidoyers implicites pour le maintien du statu quo ante, au grand dam hélas, du ‘’Petit Peuple’’ qui ne finit pas de faire son deuil et qui compte secrètement sur ses filles et ses fils ici rassemblés pour sécher ses larmes.

De ce point de vue, si ce Dialogue Politique Inclusif devait encore se transformer en un jeu de dupes, au cours duquel des déclarations solennelles doivent se faire entendre, en même temps que chacun se dit dans son for intérieur « Qu‘ il cause toujours« Après tout, qui va en tenir compte ?”, cette Grande Rencontre n’aura alors servi à rien, sauf à nous précipiter dans le vide et donner raison aux sceptiques. Heureusement, tout sera fait et tout sera entrepris pour qu’il n’en soit pas ainsi!

En effet, au nom de l’Union des Forces Vives de la Nation pour le Renouveau Démocratique, j’ai la faiblesse de penser que le jour est arrivé où les circonstances ne nous permettent plus de faire comme avant. Notre peuple est fatigué de ces crises sans fin, de cette misère sans fin, de ces espoirs perpétuellement déçus et de ces lendemains qui sont toujours pire que les veilles.

Depuis 1996, notre pays a noué avec les crises militaro-politiques à répétition qui perdurent jusqu’à ce jour. Toutes ces crises sont toujours nées du refus des dirigeants centrafricains d’accepter les contraintes qui accompagnent la gestion de la chose publique sous tous les cieux, dans une République dont l’unique BOUSSOLE est toujours, encore et partout la CONSTITUTION.

Lorsque la Constitution, c’est-à-dire la Loi Fondamentale d’un pays n’est pas respectée par ceux là-même qui déclarent en tirer la base légale de leur Pouvoir, la république fonctionne sans Loi et devient une vaste jungle où le plus fort s’impose en conquérant et en dominateur Évidemment, dans une telle République déréglée depuis le Sommet de l’Etat le Petit Peuple vit au quotidien les graves manquements. C’est en l’occurrence le cas patent de la République Centrafricaine sous le Général Président François BOZIZE YANGOUVOUNDA où

– ceux qui disposent de la force n’acceptent pas que les revenus tirés de l’exploitation des richesses du pays se gèrent dans la transparence et servent à faire vivre les populations.

– ceux qui ont la force s’octroient d’autorité, un droit de préemption nationale sur tout ce que le pays peut générer comme ressources.

– ceux qui disposent de la force n’acceptent pas que l’Armée soit et demeure une institution dont la mission est de protéger le citoyen et de défendre partout, envers et contre tout, le territoire national, sa population et ses biens.

– ceux qui ont la force s’emploient à faire de l’armée une unité de protection de leurs privilèges.

– ceux qui disposent de la force dressent les ethnies les unes contre les autres et organisent des milices armées sur des bases ethniques, (‘’Garde Républicaine‘’, ou ‘’Garde Présidentielle‘’, le tout dans une stratégie machiavélique de conservation coûte que coûte du pouvoir.

– ceux qui disposent de la force écrasent le peuple sous ses bottes, car le respect des droits de l’homme sonne à leurs oreilles comme de la subversion et comme un complot permanent, téléguidé de l’extérieur, comme de bien entendu.

Pourtant c’est curieusement toujours en accusant leurs prédécesseurs de ce non-respect de la Constitution, des droits de l’homme, bref de la torture du Peuple, que les faiseurs de coup d’Etat dans ce pays ont tenté de fonder la légitimité de leur action. Le dernier en date à avoir utilisé ces arguments est bien sûr le Général Président BOZIZE YANGOUVOUNDA.

Faut-il rappeler, Mesdames et Messieurs, Chers Compatriotes, que le Général François BOZIZE, Chef d’Etat Major des FACA à l’époque, est arrivé au pouvoir le 15 mars 2003 par un coup d’Etat à l’issue d’une rébellion armée qu’il a déclenchée, en prenant prétexte d’un différend entre lui et le Chef Suprême des Armées d’alors, Monsieur Anges Félix Patassé auquel il reprochait notamment la violation de la Constitution. Il est vrai que le ridicule ne tue pas!

Malgré le pillage et la destruction des biens publics et privés qui ont caractérisé cette rébellion conclue par ce coup d’Etat, tout le monde a en mémoire la liesse populaire qui a accompagné l’entrée triomphale du Général BOZIZE dans la ville de Bangui. Le centrafricain désespéré, s’était remis à espérer.

– Il a cru qu’enfin les recettes publiques allaient servir à combattre sa misère, et à lui assurer ses deux repas quotidiens.

– il a cru qu’enfin l’Armée allait redevenir républicaine, et que sa vie, celle de sa famille ainsi que ses biens seraient désormais protégés.

– il a cru qu’enfin il pouvait retrouver la confiance perdue en sa justice et que la constitution de son pays allait enfin être respecté.

– il a cru qu’enfin l’économie de son pays allait renaître, et que, pour une fois, depuis des décennies, il trouverait un environnement susceptible de lui permettre de vivre comme les autres êtres humains, en chair et en os.

– surtout, il s’est pris à croire que le bois, le diamant, l’or, l’uranium et toutes les autres richesses dont regorge ce pays allaient enfin profiter au peuple qui meurt de faim et de maladie.

Chers compatriotes,

Au lieu du paradis rêvé, c’est à la table de la désillusion que le centrafricain a été convié et servi. En effet, le ‘’libérateur’’ s’est transformé en ‘’geôlier’ pire, en ‘’anges exterminateur‘’. C’est un véritable cauchemar qui est venu s’installer dans le salon du centrafricain, dans sa chambre à coucher, dans son quartier, dans son village, sur ses routes où même pendant la colonisation la circulation des colonisés était plus libre. Sur l’ensemble du territoire national, la République est devenue une vaste prison où tout déplacement est un exercice périlleux. Aujourd’hui les centrafricains s’interrogent. Comment est-il possible que ce soit durant cette période où la communauté internationale a accordé d’immenses financements exceptionnels à la République Centrafricaine que la misère et l’insécurité aient paradoxalement atteint des proportions inouïes ? Comment expliquer que ce soit au moment-même où la communauté internationale s’est résolument engagée à appuyer tous les efforts de reconstruction de la République Centrafricaine que les Autorités Politiques aient décidé de se soustraire de la marche du progrès, en optant délibérément, fermement, obstinément pour la ‘’Mal gouvernance’’?

Ni l’accession au Pouvoir du Général François BOZIZE YANGOUVONDA installé à la Présidence de la République par la force d’une rébellion armée structurellement sans culture politique ni l’élection douteuse du Général Président en 2005 ne peuvent expliquer une telle situation désastreuse.

En effet dans l’une et l’autre situation, il a été constaté qu’une trêve politique et sociale a été observée par l’ensemble des forces vives de la Nation afin de donner une chance d’un retour à la paix et à la reprise de la vie normale.

Cette chance n’a pas été saisie par le Général Président et son Gouvernement. C’est donc dire et affirmer que le siège de la Mal Gouvernance est ailleurs. Peut-être faut-il le rechercher dans la ‘’Nature’’ même et la Valeur intrinsèque des Hommes du Pouvoirs depuis le 15 Mars 2003.

En tout cas, depuis le coup d’Etat militaire du 15 Mars 2003 et ses ‘’prolongements idéologiques’’ dans les élections générales de 2005, le Pays subit un dérèglement général de la vie constitutionnelle et institutionnelle. Aussi, profitant de cette Tribune qu’offre le Dialogue Politique Inclusif, le Centrafricain doit-il dire NON, trop c’est trop! A l’occasion de ce Dialogue Politique Inclusif il doit cesser de donner dans la résignation, dans l’improvisation, dans le tâtonnement, dans l’approximation, dans l’empirisme, dans l’amateurisme, dans la peur et puiser en son tréfonds les ressorts enfuis pour construire et organiser lui même son Destin. C’est à ce prix qu’il pourra relever les défis tous les défis à tous les niveaux et dans tous les secteurs de l’activité de la Nation dont le secteur Politique celui la qui commande à tous les autres. Au commencement était le Verbe en effet!

A propos de la Constitution et du fonctionnement des institutions qui en découlent sous le Regime du Général Président BOZIZE :

J’ai affirmé plus haut que la Constitution d’un pays est sa Loi Fondamentale, et que son respect est le thermomètre de la normalité de la vie de la République. Le problème cardinal de la République Centrafricaine est que la Constitution est violée de manière constante et répétée par le Président de la république lui-même, pourtant institué garant constitutionnel de cette même Constitution. L’autre problème tout aussi cardinal est le fait qu’il n’existe aucune possibilité constitutionnelle de sanctionner cette dérive totalitaire du Président de la République qui s‘est abstenu délibérément d‘installer la Haute Cour de Justice prévue à cet effet, comme une ‘’épée de Damoclès‘’.

S’étant mis à l’abri de toutes poursuites judiciaires aux fins de destitution pour violation de la Constitution, le Général Président ne se prive plus de traiter la Constitution comme un ‘’chiffon de papier’’ au point de se délecter de sa violation aux grés de ses intérêts personnels et de ses calculs politiciens.

Des violations de la Constitution, on en veut comme preuve, la violation des articles 22, 23, 25, 26, 78, 94, et 111 de la Constitution de 2004.

S’agissant de l’article 22 qui dispose : « Le Président de la République est le Chef de l’Etat, il incarne et symbolise l’unité nationale … Il veille à l’exécution des décisions de la justice ». Le Président de la République a violé ces dispositions en posant les actes suivants :

– il a pris ouvertement et publiquement partie pour le défunt Lieutenant YANGO-CAPITA contre le défunt Sergent-chef SANZE en janvier 2006. Ce dernier a été extrait des geôles de la gendarmerie nationale pour être sauvagement assassiné et émasculé. Aucune suite judiciaire n’ a été donnée à cette affaire jusqu’à ce jour où je vous parle ;

– il a ordonné à la Garde Présidentielle la destruction par incendie des maisons appartenant à des chrétiens de l’Eglise Kina (cf. son discours du 27 décembre 2006 lors de la clôture du forum sur la jeunesse) ;

– il a insulté publiquement les magistrats en les traitant de brigands, de « corrompus jusqu’à l’os » ;

– il a ordonné le maintien en prison pendant 15 jours de MAMADOU RAÏKINA et autres, pourtant acquittés par la Cour criminelle. Alors qu’il garant de l’application des décisions de Justice

S’agissant de l’article 23 qui dispose : « La fonction de Président de la République est incomparable avec l’exercice de tout autre fonction politique, de tout autre mandat électif, de toute autre activité lucrative, sous peine de destitution ».

Cette disposition a été allègrement violée par le Chef de l‘Etat. En effet, dès le 15 juin 2005, c’est-à-dire aux lendemains de sa prestation de serment le 11 juin, le Président de la République s’est auto nommé Ministre de la Défense Nationale, de la restructuration de l’armée, des Anciens Combattants et victimes de guerre. Sans craindre le ridicule et la suprême humiliation d’être sous le contrôle du Premier Ministre Chef du Gouvernement juridiquement habilité à ‘’juger’’ ses Ministres

S’agissant de l’article 25 qui dispose : « Lors de son entrée en fonction, débout, découvert, la main gauche posée sur la constitution et la main droite levée, le Président de la République prête le serment ci-après devant la cour Constitutionnelle siégeant en audience solennelle : « Je jure devant Dieu et devant la Nation d’observer scrupuleusement la Constitution, de garantir l’indépendance et la pérennité de la République, de sauvegarder l’intégrité du territoire, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge sans aucune considération d’ordre ethnique, régional ou confessionnel, de ne jamais exercer les pouvoirs qui me sont conférés par la Constitution à des fins personnelles et de n’être guidé en tout que par l’intérêt national et la dignité du peuple centrafricain ». Ce serment est constamment violé à tous les niveaux comme en témoignent les rapports accablants de Human Rights Watch, International Crisis Group, l’Union des Journalistes Centrafricains, et les autres organisations humanitaires.

En tout cas il ne fait de doute pour personne désormais que le Président de la République a trahi son Serment en pratiquant le tribalisme de manière outrancière et à la limite de la provocation (mbana na mbana) Tous les centrafricains savent en effet qu’aujourd’hui avec le Général Président François BOZIZE YANGOUVOUNDA, il faut être de son ethnie ou par défaut de sa région pour prétendre à des fonctions civiles ou militaires significatives.

La meilleure démonstration est dans le fait que plus du quart des membres du gouvernement, la totalité des directeurs de cabinet ministériels, la totalité des directeurs généraux des sociétés d’Etat, d’économie mixte et d’offices publics, les membres de la préfectorale, les responsables militaires et des services de sécurité, bref tous les responsables des « postes juteux » appartiennent entièrement à l’ethnie du Président.

Les postes à la Présidence de la république, dans certains des ministères bien connus, à la Banque centrale (BEAC à Bangui et à Yaoundé), à la CEMAC sont prioritairement réservés à la famille présidentielle.

Des groupes et autres cercles de réflexion des cadres de son ethnie se constituent au vu et au su de tous, avec pour objectif ‘’l’hégémonisme ethnique‘’, la perpétuation de l’ethnie au pouvoir, la promotion des cadres sur des bases de la ‘’préférence ethnique’’, autant de choses qui nient par elles mêmes, l’unité nationale pourtant au cœur du serment que le Général Président a prêté solennellement le 11 Juin 2005, devant Dieu et devant les Hommes.

En clair et tout bien considéré, à cause de son ‘’tribalisme militant’’ ‘’dominateur’’ et ‘’conquérant‘’, le Président François BOZIZE YANGOUVOUNDA n’est plus garant de l’unité et de la cohésion nationale.

S’agissant de l’article 26 : « Dans les trente (30) jours qui suivent la prestation de serment, le Président de la République, nouvellement élu, fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au greffe de la Cour Constitutionnelle qui la rend publique dans les huit (08) jours francs ».

Jusqu’aujourd’hui, le Président de la République n’a pas fait sa déclaration de patrimoine, violant ainsi cette disposition de la loi fondamentale conçue pour prévenir les enrichissements illicites, ou sans cause ou pour une fausse cause, les cas des corruptions notamment.

S’agissant de l’article 27 qui dispose: « La justice constitue un pouvoir indépendant du pouvoir législatif et exécutif… »

Le Président de la République foule allègrement aux pieds cette disposition, et livre ce qu’il faut appeler une véritable guerre des nerfs au pouvoir judiciaire centrafricain.

Il a d’abord déclenché cette guerre contre la Cour Constitutionnelle. Le crime de cette Cour est d’avoir dit le droit dans une affaire commerciale banale entre l’Etat centrafricain et la société Total. L’artillerie lourde est sortie des armureries de la République pour écraser cette ‘’mouche impertinente‘’, qui a osé statuer au déplaisir du Prince.

Que croyez-vous qu’il arriva à cette Cour? Elle fut encerclée par une garde dite républicaine, et interdite d’activité pour crime de lèse-majesté. Il a fallu d’intenses pressions intérieures et extérieures pour que ces très hauts magistrats retrouvent le chemin de leurs bureaux.

Le Général Président a continué cette guerre d’usure en déclenchant une véritable armada contre le Conseil Supérieur de la Magistrature. On a vu à cette occasion des Ministres de la République injurier des magistrats qui ont pourtant consacré toute leur vie à la justice de la République. Ces très grands hommes et femmes de la noblesse de robe ont été traités de tous les noms d’oiseaux et accusés de tous les crimes de la République.

Poursuivant l’escalade dans la répression et l’humiliation, le Général Président a osé l’inimaginable dans une République démocratique ‘’des normes‘’, la promulgation d’une loi manifestement hostile à la justice centrafricaine, malgré l’avis de non-conformité de la Cour Constitutionnelle. Cette guerre contre la justice, dernier rempart des libertés fondamentales du citoyen, ne peut s’expliquer que par une haine atavique que le Général Président nourrit vis à vis de la Loi qui bride les pulsions destructrices des forts face aux faibles et vis à vis de la démocratie civilisée qui, par souci de la nécessaire ‘’coexistence pacifique‘’, des populations balise les comportements tendanciellement agressifs au sein du Peuple des ‘’Petits’’ et des ‘’Grands‘’

Mesdames et Messieurs

Voilà exposé dans un condensé, néanmoins suffisamment lisible et édifiant, les éléments d’appréciation de la considération que, depuis le 11 Juin 2005 la Première Institution de la République, le Général Président Chef de l’Etat Chef de l’Exécutif a, vis à vis de la Constitution, cette branche sur laquelle il est pourtant qu’il n’hésite pas à couper . A vous de juger en ‘’toute souveraineté‘’, en votre âme et conscience et dans l’intérêt Supérieur de la Nation, de votre Nation, aujourd’hui déboussolée et sans ressorts

A propos de la Deuxieme Institution de la République: l’Assemblée Nationale

Une page spéciale devra être réservée maintenant au fonctionnement et au sort de la deuxième Institution de la République à savoir: l’Assemblée Nationale, le deuxième Pouvoir démocratique

Il sera rappelé pour mémoire que la Constitution du 24 décembre 2004 confère à l’Assemblée Nationale le statut de deuxième pouvoir, face à l’Exécutif tout puissant dont il importe de contrôler la très lourde tendance à tout dicter à tout le monde, en juge universel de ce qui est bon ou mauvais pour le Peuple. A la lecture de la Constitution l’Assemblée Nationale dispose d’un arsenal juridique convenable pour l’exercice efficace de son role démocratique de contre pouvoir, à savoir la motion de censure, la question orale avec ou sans débat, la question écrite, l’audition en commission, la commission d’enquête et de contrôle et l’interpellation.

Il se trouve hélas qu’aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes, l’Assemblée nationale a littéralement démissionné et n’est plus jamais que l’ombre d’elle même. Incolore, inodore et sans saveur, elle n‘est plus que de l‘eau. Et comme « l’eau est un liquide dangereux parce que les hommes s’y noient » l’Assemblée nationale centrafricaine noie la constitution, la Justice, la démocratie, le Peuple.

Tout se passe en effet comme si, au lendemain des élections des députés qui composent cette Assemblée nationale ils ont vite fait d’oublier qu’ils sont les mandataires du Peuple avec l’obligation non seulement de rendre compte à ce Peuple de ce qui se passe sur le Territoire national mais encore d’être constamment à l’écoute de ce Peuple pour porter leurs doléances éventuelles aux autorités de gestion de la République

Aujourd’hui l’Assemblée nationale n’a jamais rien vu ni jamais rien entendu :

– Qu’il s’agisse des événements dramatiques de Paoua, de Kabo, de Batagonfo, de Kaga-Bandoro, de Birao, de Ouadda, Ouadda-Djalé, et de Sam-Ouandja, c’est un silence radio : ces cris des femmes , des enfants et des hommes pourchassés et pris entre plusieurs feux croisés : aucune mission même de simple ‘’constat de routine’’ sur le terrain, aucun geste de solidarité ou même de compassion de la part de ceux-là même qui sont censés être des représentants du peuple centrafricains. Y a-t-il deux peuples centrafricains ? Y a t’il un bon peuple centrafricain et un mauvais peuple centrafricain selon les lignes de démarcation aux élections ?

– Qu’il s’agisse par ailleurs des scandales politico- financiers tels que le fameux Guichet Unique Unitec-Bénin, Lobaye Gold, URAMIN- RCA, De Beers, l’avion Hercules C130 acquis à coup de milliards de fonds publics aux Etats-Unis et qui n’a jamais volé,

– qu’il s’agisse des saisies illégales en ce mois d’octobre 2008 des diamants, de l’argent en liquide et des biens des collecteurs,

– qu’il s’agisse des permis miniers et forestiers distribués à des complices mafieux,

– qu’il s’agisse des détournements des derniers publics qui s’opèrent tous les jours au Trésor Public et dans plusieurs départements ministériels,

L’Assemblée Nationale n’a jamais levé le petit doigt n’a jamais rien vu, n’a jamais rien entendu.

A la vérité, tout compte fait et tout bien réfléchi l’Assemblée nationale s’était déjà mise hors circuit quand elle s’est faite complice des ‘’ordonnances lois’’ antisociales en 2006 et pire quand en Septembre 2008 elle a voté sur injonction ferme du Chef de l’Etat les lois les plus inqualifiables de la République à savoir ; la loi d’amnistie et la loi sur le Conseil Supérieur de la Magistrature. En agissant ainsi cette Assemblée nationale confirmait son alignement sans conditions et sans réserves aux désirs du Chef de l’Etat Chef de l’Exécutif; et cela dans la droite ligne de la Déclaration du Président de cette très respectable institution de la République: « Ne comptez pas sur moi pour faire ombrage à l’exécutif »

En parlant ainsi, soit dit en passant, cet homme respectable n’a certainement pas réalisé le très haut degré de sa trahison du Peuple tout comme il n’a pas réalisé la portée pernicieuse de ses propos sur sa progéniture.

En effet il est écrit que « celui qui mange des fruits verts, ses enfants auront mal aux dents »

En définitive, la grande leçon à tirer de cette débâcle politique c’est de se convaincre que « n’importe qui ne peut pas se lever un bon matin pour faire la Politique et réussir. En effet, ce domaine exige plus qu’ailleurs non seulement un « savoir » mais encore un « savoir faire », au double plan politique et technique cumulativement, le tout sans préjudice bien entendu, de la nécessaire sanction du temps.

Sur la délicate question de la gestion économique et financiere du pays :

J’ai affirmé au début de mon intervention que depuis mars 2003, la communauté internationale a répondu présente à l’appel du peuple centrafricain. Je la prie de trouver ici l’expression de la reconnaissance et des remerciements de l‘Union des Forces Vives de la Nation.

Là où le bât blesse, c’est la gestion de cette véritable manne, qu’aucun régime centrafricain ai- je dit n’en a connu en aussi peu de temps. La seule France, de 2003 à 2007, a financé la République Centrafricaine pour près de 190 millions d’euros soit 130 milliards de francs CFA.

Il faut y ajouter les concours exceptionnels de la BEAC, de la CEMAC, et les appuis des FMI, de la Banque Mondiale et de la BAD., sans compter l’endettement auprès des banques locales.

La question qui se pose est de avoir quelles en sont les retombées pour les centrafricains dans leur vie quotidienne ?

La pauvreté se généralise dans notre pays qui vient encore d’être classé 173ème sur 177 dans le tableau de la pauvreté mondiale dressée par le PNUD. Ce paradoxe centrafricain s’explique principalement par une mauvaise gouvernance caractérisée, généralisée, impunie récompensée.

La gestion de la chose publique se fait selon le bon vouloir du Prince qui décide de tout, dans un cercle familial restreint, donc dans une opacité totale.

Comment concevoir, Mesdames et Messieurs, que dans une République, l’octroi des permis miniers et forestiers se fasse à la discrétion absolue du Président de la République et du Ministre des Mines, parent par ailleurs?

Comment est-il être concevable et toléré, Mesdames et Messieurs, que dans une République des conventions puissent se signer avec des sociétés étrangères et porter sur des ressources naturelles nationales sans l’avis de l’assemblée nationale, ne serait-ce que pour la forme, por le principe, pour ce ue l’on sait de l’Assemblée

Comment est-il possible, Mesdames et Messieurs, que dans un pays organisé, démocratique et républicain, le Président de la République soit Président du Comité de Trésorerie, en lieu et place du Directeur Général du Trésor Public, alors qu’il y a un Premier Ministre et un Ministre des Finances, ordonnateur constitutionnel du budget de l’Etat ? Le drame de cette situation c’est que en le faisant, le Général Président devient d’office Comptable de fait et s’expose tout seul personnellement aux poursuites pénales éventuelles !

Un tel désordre, un tel laxisme dans la gestion des affaires de l’Etat, tiennent l’un et l’autre de la faiblesse structurelle des Institutions de l’Etat. Ni le Président de la République ni le Président de l’Assemblée Nationale ni le Chef de Gouvernement ne sont passés par la fourche caudines de la ‘’formation préalable’’ des « Hommes d’Etat » dans les organisations politiques créées pour.

En effet, quoi que l’on dise les ‘’Hommes d’Etat’’ les vrais Hommes d’Etat sont fabriqués et formatés pour. Ils ont de ce fait le sens de la rigueur qui se nourrit de la loi, cette loi qui balise et règle tout au nom de l’efficacité, au nom du gain de temps au nom du rendement au nom de la convivialité citoyenne.

C’est dire que quiconque voudrait faire de la Politique et s’aviserait à faire l’impasse sur la formation préalable qui permet de réaliser le sens et l’inéluctabilité de la loi irait droit dans le mur. C’est me semble t-il ce qui se passe aujourd’hui en Centrafrique où le Président de la République a décidé de s’affranchir de la Constitution, des Lois et Règlements et se retrouve avec tous les ennuis qui nous valent ce Dialogue Politique Inclusif Refondateur

Mesdames et Messieurs,

Vous conviendriez avec moi que ce présent dialogue était nécessaire à plus d’un titre :

Tout d’abord et avant tout, c’est la mise en œuvre de la première recommandation de la déclaration du Dialogue National de 2003 qui considère le dialogue comme mode

de règlement de tout différend ou conflit à tous les niveaux de la vie nationale…

Ensuite, ce Dialogue est aujourd’hui une nécessité. Il s’ agit avec ce Forum de résoudre le grand conflit armé que connaît notre pays LA Rpublique Centrafricaine et qui n’est pas près de se terminer, si nous ne prenons pas la juste mesure du danger et n’arrêtons pas ici au sein de cette Assise les ‘’décisions’’ qui s’imposent aux lieu et place de simples Recommandations platoniques dont l’ex’cution rese à la seule apprciation subjective des Autorités de l’Etat .

Nous devons donc prouver aux yeux de l’opinion nationale et internationale que nous politiques, avons enfin compris et sommes capables de décideret d’appliquer ce que nous décidons.

Chers compatriotes,

C’est l’opposition démocratique qui, à cors et à cris, a demandé et obtenu ce dialogue. Ce Forum est désormais notre Forum à tous, puis que tout le monde y a adhéré Que devons nous y faire ici et Maintenant à partir du bilan négatif du Régime BOZIZE, ce régime qui est apparu aujourd’hui comme un danger grave en lui même?

Que devons -nous décider du sort du Chef de l’Etat qui de toute évidence aujourd’hui est au cœur de l’insécurité des difficultés économiques et sociales, de la mal gouvernance?

Le préalable à régler pour donner la bonne réponse passe est dans la réponse sur la ‘’compétence’’ de ce Forum dont on dit ‘’trop vite’’ qu’il n’est pas un ‘’Tribunal’’ et que les délégués ne sont pas de ‘’juges’’

Pour mémoire il sera dit que ce Dialogue est fondamentalement Politique appelé à trouver des solutions politiques et non des solutions constitutionnelles (juridiques) à la rébellion armée qui n’est pas du tout, mais pas du tout un phénomène constitutionnel à traiter à partir des règles constitutionnelles.

A titre de rappel, lorsque le Général BOZIZE a fait son coup d’Etat dans la foulée d’une rébellion amée le Tribunal et les Juges de cette violation de la Constitution n’étaient pas le Tribunal ni les Juges prévus par la CONSTITUTION pour connaître de la légitimité de ce coup de force . Le jugement est sorti de la réaction du Grand Public qui s‘est institué en Tribunal et en Juges et a validé cette violation de la Constitution.

Et comme la Politique est aussi un « art de choisir le moindre mal » ce coup de force a été politiquement jugé ‘’patriotique’’ et ‘’juste’’ d’autant plus qu’ en droit, le viol ne vaut et ne se plaide avec succés que s’il y’ résistance

C’es dire qu’ici en l’absence de la Haute Cour de Justice prévue pour connaître des forfaits du Chef de l’Etat, il est politiquement possible de ne pas prendre prétexte de ce vide organisé pour laisser au Président de la République le temps de faire boire au Peuple, la ciguë jusqu’à la lie et d’empirer la durablement la situation

Quoi qu’il en soit, le seul fait qu’aujourd’hui

Premièrement, le Président ait perdu visiblement toute légitimité depuis qu’il a résolument tourné le dos au peuple qu’il a acculé à la mort par la faim par la maladie etc. conséquences immédiates de l’insécurité dont il n’a plus la maîtrise et que

Deuxièmement, il ait également perdu sa base légale qu’est la Constitution, cette Constitution qu’il traite de ‘’Chiffon de papier’’ il n’ a plus de protection

A partir de ces arguments, il n’y a plus aucun obstacle pour ce Forum à prendre ces responsabiliteé en demandan la DEMISSION du Président de la République Chej de l ’Etat.

Il doit démissionner parce qu’il a perdu toutes légitimité.

Et enfin, pour que l’Union des Forces Vives de la Nation continue ces travaux avec vous, les préalables suivants doivent être acceptés :

Premier préalable :

Le Président BOZIZE doit expliquer ici les raisons de sa rébellion en 2002 et 2003, et les engagements pris dans ce cadre au nom du peuple centrafricain, auprès d’individus, de groupes d’individus ou d’Etats tiers. Ensuite le Président BOZIZE et les mouvements armés doivent s’expliquer clairement ici et maintenant devant la nation sur les différents qui les opposent depuis le coup d’Etat du 15 mars contre le Président PATASSE.

En effet le Peuple qui est la premiere victime de ces aventures fatals veut savoir il veut tout savoir pour tirer les leçons par lui même

Deuxième préalable :

Considérant l’absence de volonté politique qui a toujours caractérisé un Président après un dialogue comme celui-ci, nous devons rendre immédiatement exécutoires les clauses de l’accord politique issu de ce Dialogue Politique Inclusif.

Troisième préalable :

Considérant que nous ne souffrons pas d’absence d’idées mais de déficit d’hommes et de mécanisme structurel dans la gestion et le contrôle de la chose de l’Etat, nous devons nous accorder dès maintenant pour mettre en place ici et maintenant un gouvernement de transition politique avec un premier ministre issu de l’opposition démocratique, doté de tous les pouvoirs à lui donner afin de restaurer la primauté de la Constitution et de l’Etat de droit, redresser la gestion du pays et préparer dans la transparence les élections à venir afin de redonner confiance aux citoyens.

Quatrième préalable :

Considérant que notre Assemblée Nationale a failli sur tous les plans, un contrat de législature entre le gouvernement de transition et l’Assemblée nationale doit être conclu afin de permettre au gouvernement de transition de légiférer par ordonnance jusqu’aux élections.

Distingués Invités,

Chers Délégués,

Ce dialogue ne dure que 15 jours, les recommandations du Dialogue National sont là et le Comité Préparatoire du Dialogue Politique Inclusif a déjà produit un travail. Nous devons donc aller à l’essentiel et débattre ces préalables dès maintenant, avant d’aller aux travaux en commission. Si nous ne faisons pas, nous démontrerons aux yeux de tous que nous nous sommes réunis une fois de plus pour tromper le peuple. Alors l’opposition démocratique en tirera toutes les conséquences.

Chers Compatriotes,

Arrivant au terme de mon intervention, qu’il me soit permis, au nom de l’UFVN, de remercier la communauté internationale, particulièrement les Nations Unies, l’Union européenne (UE), le Gouvernement français, la CEEAC, la CEMAC, la CENSAD pour le soutien qu’ils ont apporté à l’organisation de ce dialogue dont la mise en œuvre de l’Accord Politique permettra, j’en suis convaincu, de sortir la RCA de cette crise profonde.

Je salue et adresse tous mes encouragements à tous les Délégués qu’ils soient de la majorité, de l’opposition démocratique, de l’opposition armée, de la société civile et des confessions religieuses pour les grandes décisions qu’ils auront à prendre.

Je formule chers frères et sœurs, en votre nom et celui de la délégation de l’UFVN, les sincères vœux de réussite et de succès à nos travaux.

Je vous remercie.

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