CENTRAFRIQUE: DE LA GROGNE AU SEIN DE L’ARMÉE

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La marche à reculons de l’Armée centrafricaine n’est plus un jeu de mots. C’est une réalité mais vraiment dangereuse. Pour des raisons électoralistes et des ambitions égocentriques de certains dirigeants des Forces armées centrafricaines (FACA), l’Armée centrafricaine, qui faisait la gloire du pays, voire de la sous-région à l’époque de Jean-Bedel Bokassa, est en train de perdre pour de bon ses nobles repères. Elle peine à se remettre debout après sa débandade devant les ‘’guérilleros’’ de la Séléka et sombre tranquillement mais sûrement vers le gouffre de la déconfiture. Les promotions à tour de bras faites par Touadéra à des membres de la Grande muette, depuis son arrivée à la tête du pays, font jeter un discrédit considérable sur notre Armée.

Ces promotions dignes de la République de Gondouana ont créé des frustrations qui sont en train de jeter les bases d’un mécontentement général et généralisé à tous les niveaux de la hiérarchie militaire. Et pour cause !

1°) Les militaires qui franchissent véritablement les différentes étapes de formation dans le cursus militaire perdent leur reprise. Or selon le règlement, un officier peut prétendre au galon de Colonel si et seulement si ce dernier a été pendant quatre (4) ans Lieutenant-colonel avec des responsabilités déterminées, ou s’il est sorti d’une académie en tant que chef de Section, puis s’il est passé par le cours de Capitaine (CDU) après le cours d’état-major avant de finir à l’Ecole de guerre. Toutes ces étapes sont sanctionnées par des brevets qui sont payés. Un exemple pour étayer est celui de Commandant de la garnison de Bangui, l’ex-rebelle appelé pompeusement « patriote »  ou encore « libérateur » Ngaya, qui a arboré le galon de lieutenant-colonel, sans avoir aucun des brevets ou diplômes ci-haut cités. Il est élevé au grade de Colonel plein le 14 janvier dernier. Quel scandale !

Sinon, quel acte de bravoure cet officier a- t – il réalisé? Nos investigations au sein  de la Direction des ressources humaines (DRH) au ministère de la Défense nationale et de l’état-major de l’Armée nous ont présenté un « dossier plat ».

Alors que le règlement a prévu plusieurs types de récompenses pour des actes de bravoures, les responsables actuels des FACA ne voient que le galon (médaille par exemple). Selon le règlement, de tels officiers ne peuvent prétendre qu’au galon de capitaine pour aller à la retraite, ou au mieux, celui de commandant. C’est une honte inqualifiable pour le pays. Que va-t-on reprocher à ces séléka qui aubinent et portent élégamment et fièrement le galon de Colonel et de Général sans pour autant en avoir les qualifications requises? Un tel acte est-il digne d’un Etat qui cherche à « reconstruire son armée »?

2°) Un groupe d’officiers collecte de grades chaque année sans les avoir préalablement mérités. A moins d’un an, un colonel passe général de brigade puis général de division. En l’espace de 5 mois, un commandant est nommé lieutenant-colonel puis colonel plein. « Méritent-ils plus que les autres? », s’insurge-t-on au sein de l’armée.

3°) Que diront les FACA dont les frères d’armes ont perdu la vie et qui souffrent à Bria, Obo, Alindao, Bouar, Birao, etc.?

A un moment où le pays a besoin du sacrifice de ses fils et braves combattants, il y a une catégorie de militaires qui, soutenues par l’état-major, la présidence de la République, ou parce qu’ils sont des aides de camp  d’un ministre, du premier ministre, du président de l’Assemblée nationale, reçoivent chaque année des avancements en grades qu’ils ne méritent pas, ce qui crée des mécontentements chez ceux qui, majoritaires, travaillent dur et prennent le risque d’offrir leur chair aux cannons dans l’espoir d’être galonnés mais qui sont malheureusement oubliés. L’histoire ne nous en dit pas assez.

Un officier général digne de ce nom doit privilégier le bien-être psychologique de tout son personnel. Il doit être le garant de l’équité et doit servir d’exemple.

Ce paradis de réforme ne fait que trop durer, et la grogne actuelle au sein des FACA ne fera qu’augmenter les souffrances de la population qui n’en a plus besoin.

En démettant l’ancien chef d’état-major à cause de sa rigueur, lui qui ne passait pas par 2 chemins pour dire ses 4 vérités au chef suprême des Armées, une nouvelle équipe aurait mis en place une organisation digne de la mafia criminelle  pour ses propres intérêts égocentriques. Les militaires et gendarmes qui n’ont pas des parents ministres, qui ne sont pas de la bonne ethnie ou qui ne savent pas corrompre avec de l’argent ou des cousines, nièces ou filles trop belles, roupillent dans leurs grades et sont malmenés. Et comme l’Armée est la grande muette, nous osons croire que le CEMA actuel mesure la portée de ses actes. (L’histoire de ce pays nous en dit plus).

Cette volonté affirmée par FAT de mettre en place une armée de garnison au plus près de la population pour régler et juguler ainsi le problème de l’insécurité dans l’arrière-pays, ne peut se réaliser qu’avec un Haut commandement rempli d’hommes compétents, intègres, patriotes et républicains, qui ne voient pas que ses épaules ou celles de ses proches. Le favoritisme, le clientélisme, le paternalisme sont les maux qui ont entrainé notre armée à une démotivation face à la Séléka en 2013.

La capitale Bangui est surpeuplée de soldats. Environ 1800 formés sont encore ici à Bangui, et nous voyons mal ces officiers dont on augmente les grades chaque année conseiller une bonne planification et assurer la conduite des opérations sur le terrain en vue de défendre la population qui a besoin de son armée.

L’Inspecteur général (IGF) des FACA promu au grade de Général du corps d’armée le mérite. Mais il y a des doutes, en ce qui concerne la plupart de ceux élevés le 14 janvier à des grades supérieurs. En tant que garant de cette institution et sentinelle du statut militaire et du règlement de discipline générale des armées, l’IGF doit retrousser ses manches pour redresser cette armée. Sinon, son mutisme dénoterait sa complicité à conduire cette armée vers sa déconfiture planifiée ou l’hystérie collective  de ce galon anéantie à tel point d’annihiler tout  esprit de patriotisme qui aurait dû l’animer.

Le citoyen centrafricain lambda est inquiet en cette période électorale où les rumeurs ne cessent de tomber pour décourager les dignes fils du pays qui travaillent sans relâche pour relever le pays.

Après la grève des policiers, quelle sauce nous prépare encore la sécurité publique spécialiste de distribution de grades au ‘‘carnaval brésilien’’?

Les policiers et gendarmes sont curieux de découvrir cette mascarade comme celle réalisée l’année passée. Touadéra va-t-il donner le galon à son seul entourage en défaveur des vaillants fils du pays qui le méritent?

Attention Touadéra, l’incendie risque de sortir de l’eau ! Et avec quelle eau peut – on éteindre le feu quand il sort de l’eau ?

A bon entendeur, salut !

La Rédaction de letsunami.net

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