Centrafrique : « Covid – 19 »: Situation alarmante

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COVID-19 : SITUATION ALARMANTE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Le 22 mai dernier, le blogueur centrafricain bien connu, Rodrigue Prudence Mayte, recevait comme invité sur sa chaine YouTube « Kerembessitude », Anicet Georges Dologuélé, Président de l’URCA et Président en exercice de la coalition de l’Opposition centrafricaine, la COD-2020. L’un des sujets abordés a été la gestion de la pandémie à Coronavirus par le Gouvernement centrafricain. L’homme politique, tout en rappelant la nécessité d’une solidarité nationale autour de ce grand problème de santé publique, a tenu à exprimer de très vives inquiétudes quant à la gestion de cette crise par le Gouvernement centrafricain. C’est ainsi qu’il a sonné l’alerte, face à un certain nombre de faits et de situations qui n’ont malheureusement pas été démentis par la réalité sur le terrain, loin de là.
Aujourd’hui, la situation est particulièrement préoccupante comme on peut le constater dans le tableau sombre ci-après décrit :
• La population centrafricaine demeure encore largement inconsciente quant à la réalité et à la gravité du COVID-19 dans notre pays, malgré les actions multiformes de sensibilisation auxquelles la quasi-totalité des formations politiques a largement participé dans un élan de solidarité nationale, aux côtés des associations de la société civile et des pouvoirs publics. Les populations continuent d’aller aux mariages, de s’entasser dans les transports en commun et dans les places mortuaires sans aucune précaution, comme si elles n’étaient pas concernées par cette pandémie.
• Les décisions prises par le Gouvernement pour imposer certaines mesures barrières sont violées par les membres du Gouvernement eux-mêmes et les leaders du parti au Pouvoir ; on ferme les bars et on les ré ouvre quelques jours après ; on suspend les mariages et on en reprend les célébrations parce que les cérémonies rapportent de l’argent, on organise des meetings MCU avec des centaines de participants, etc.
• Notre pays a reçu beaucoup d’aides financières et en nature. Le montant total de ces aides avait déjà atteint la somme de 10 millions de $, alors qu’il n’y avait pas encore 100 cas positifs. Le Gouvernement disposait donc de suffisamment de moyens pour acquérir le nombre requis de tests nécessaires pour quelques mois, ainsi que les stocks des médicaments qui ont fait leurs preuves par ailleurs, les stocks de masques, de gants et d’autres équipements destinés aux équipes médicales. Il disposait de suffisamment de temps et de moyens pour mieux organiser les tests de dépistage à nos frontières terrestres, principalement celles avec le Cameroun.
• Au lieu de cela, nous constatons que l’épidémie a déjà complètement échappé au contrôle des pouvoirs publics. Quand des tests sont réalisés sur les personnes jugées suspectes, leurs résultats ne sont connus qu’après une attente moyenne de 3 semaines, là où chez nos voisins ils sont disponibles en moins de 24 heures. Ceux des testés qui étaient déjà positifs, comme les autres, sont entre temps abandonnés à eux-mêmes. Et comme ils habitent dans des quartiers populeux et vivent dans la grande promiscuité propre à notre culture, ils contaminent sans le vouloir (parce que sans le savoir) plusieurs personnes dans leur entourage et au quotidien. Ils constituent de ce fait autant de clusters qui échappent désormais à tout contrôle. C’est ainsi que, en considérant les résultats des quelques tests réalisés, notre pays est passé de 12 cas positifs à plus de 1000 cas en seulement un mois, ce qui constitue une augmentation pour le moins vertigineuse. De l’aveu même du Ministre de la Santé, 57 % de personnes testées disparaitraient dans la nature sans laisser de traces, poursuivant ainsi l’œuvre inconsciente de contamination de masse.
• La plupart des malades se plaignent d’être abandonnés à eux-mêmes, sans conseils, sans médicament et sans même une ordonnance. Il est demandé à chacun de « se débrouiller » par ses propres moyens pour se soigner. Les seules visites qu’ils reçoivent, c’est pour des prises de température dont on se demande à quoi elles servent si elles ne sont pas exploitées. Les fameuses unités dédiées au COVID-19 qui sont annoncés avoir été aménagées à l’Hôpital de l’Amitié et à l’Hôpital Général sont quasiment fictives. Certains pourraient se demander où sont passées toutes les ressources financières décaissées par la Communauté internationale et les entreprises nationales. La réponse est évidente : il est de notoriété publique que cet argent est, comme tout le reste, détourné au plus haut sommet de l’Etat. Chacun sait que c’est dans ce domaine que notre Professeur national excelle, avec le cynisme qu’on lui connaît. Le Ministre de la Santé semble être dépassé par les évènements. Certains le disent dégoûté et au bord de la démission, parce que l’argent destiné à sauver les Centrafricains va dans les poches de certains de ses collègues. Pourquoi ne démissionne-t-il pas ? Qu’il le veuille ou pas, il est le premier responsable de ce désastre organisé.
• Le Président Touadera aurait menacé d’embastiller quiconque annoncerait des morts du COVID-19 sans son autorisation. On se retrouve ainsi dans cette situation ridicule où notre pays annonce officiellement 1 seul décès alors que tout le monde sait qu’il y en a déjà eu plus d’une dizaine. La RCA a également bloqué son compteur du nombre de guéris, ce qui veut dire qu’il y a des malades qui le demeureraient depuis plus d’un mois. Aurions-nous favorisé une nouvelle mutation du COVID-19 qui frapperait plus longtemps qu’ailleurs ?
• Aujourd’hui, le mélange d’incompétence, d’irresponsabilité, d’appétit vorace d’argent et de cynisme de Touadera commence à faire des victimes au plus haut sommet de l’Etat. C’est ainsi qu’on signale le décès d’un de ses plus proches conseillers et par ailleurs bel oncle. On signale également l’entrée dans la maladie d’un certain nombre de personnalités, dont au moins 7 ministres ainsi que leurs plus proches collaborateurs. On signale pour la première fois des formes graves de la maladie, y compris chez des grands professionnels de la santé. Toutes ces personnalités, malgré leur importance dans la marche du pays, semblent être abandonnées à elles-mêmes
• Mais le plus grave dans la situation que nous vivons, c’est qu’il n’y aurait plus aucune capacité de test, puisque les réactifs sont épuisés et qu’aucune disposition n’a été prise pour en acquérir un stock suffisant. Touadera « bouffe » l’argent destiné à ces réactifs mais ne bougera pas tant qu’ils n’auront pas été offerts gratuitement, comme ils le sont depuis le début de la crise.
• On signale également, mais ce n’est pas nouveau, que les hôpitaux ne disposent d’aucune capacité en oxygène pour faire face aux détresses respiratoires.

Devant une telle négligence criminelle, un seul problème préoccupe Touadéra : Comment utiliser ce désastre organisé pour réussir à modifier la Constitution et demeurer éternellement au pouvoir ?
Monsieur le Président, pourquoi tant de méchanceté ? Ne voyez-vous pas comment se battent vos collègues d’Afrique pour contenir la maladie ? Un peu d’humanité pour votre peuple, pour vos collaborateurs, pour vos ministres !
Nous invitons le corps médical à ne plus rester passif et résigné face à cette organisation criminelle dont il sera le premier à faire les frais, étant au contact des malades sans aucune protection et sans aucun moyen d’action.
Nous invitons nos compatriotes à beaucoup de discipline, mais également à beaucoup de vigilance. Le COVID-19 tue, mais notre Gouvernement a l’obligation d’aider à sauver des vies.

Source : URCA

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