Centrafrique : « Covid – 19 »: Hommage à une Grande Dame, Monique Mageot

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HOMMAGE À UNE GRANDE DAME : MONIQUE MAGEOT

Monique Mageot est décédée. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe au sein de la communauté centrafricaine de l’hexagone, puis comme une traînée de poudre, s’est répandue au rythme effréné de cette pandémie du covid-19 qui tue impitoyablement à grande échelle. Oui notre sœur, mère et digne fille du Centrafrique nous a quittés ce 29 mars, victime du coronavirus à l’âge de 73 ans. (Une date qui coïncide avec la disparition tragique du père fondateur de la Nation Barthélémy Boganda, il y a 61 ans).
Ce malheur imprévisible plonge les parents, amis et connaissances dans la consternation d’autant plus qu’on a vu Monique en début du mois à l’anniversaire des 100 ans de la mère Piroua. Elle débordait de santé et de joie de vivre ; elle occupait une place d’or dans les cœurs de ses compatriotes, notamment celles et ceux de la génération post-indépendance.
Monique Mageot est née à Libengue, province de l’Equateur en RDC. Fille de Joseph Mageot (demi-frère de l’ancien basketteur Dr Gérard Kimoto), et de Renée Mageot née Perriere que les proches appelaient affectueusement « Maternelle ». C’est elle qui a appris à ses filles Monique, Paulette et Josette, encore élèves au lycée Marie-Jeanne Caron, à jouer au basket-ball. Ainsi Monique a évolué dans le club Hit -Trésor et a obtenu la médaille de bronze avec la sélection féminine des Fauves du Bas-Oubangui au championnat d’Afrique de Conakry en 1966. C’était l’époque où le basket centrafricain était au zénith sous l’impulsion d’un génie, François Pehoua alias Boston.
A signaler que le père Joseph Mageot est issu d’une famille portugaise , Saraiva dont le patriarche s’est établi pendant la période coloniale au Congo-belge d’abord puis en Oubangui-Chari où il a rencontré sa femme originaire de la Basse-Kotto avec qui il a eu des enfants.
Après des études supérieures en France, Monique Mageot est nommée professeur d’éducation physique au lycée Marie-Jeanne Caron à Bangui. En ce temps, le pays était au rendez-vous de toutes les manifestations sportives et culturelles de haut niveau. Et pour cause, le président Jean-Bedel Bokassa fidèle à sa philosophie stratégique de développement, l’Opération Bokassa, avait voulu faire de Bangui la Coquette, Ville de pari, le miroir de l’Afrique centrale. L’objectif recherché étant de hisser son pays sur l’échiquier international. Dans la foulée le Tropical Fiesta de Charlie Perriere effectue une tournée en Roumanie, tandis que Makembe de Georges Ferreira se rend à Ajaccio et quelque temps plus tard Bokassa invite les majorettes de L’ile de la Beauté au défilé du 1er décembre à Bangui. Ce fut un triomphe. Fort de cette expérience, Monique Mageot reprendra l’encadrement des majorettes sous le régime du président André Kolingba. Pour cela, des jeunes filles de 10 à 18 ans sont sélectionnées dans les différents établissements scolaires de la capitale selon des critères très stricts : Pas de taches sur la peau, belle prestance physique, pas de rondeurs… Les répétitions s’effectuaient à l’intérieur et à l’extérieur du stade de Basket Martin Ngoko au grand bonheur des habitants environnants. La discipline était de rigueur d’autant plus que la formatrice était une femme de poigne. « Oh ! Tantine Monique nous grondait lorsque les mouvements d’ensemble n’étaient pas bien exécutés » se souvient avec une pointe de nostalgie Annick M, l’une des majorettes de l’époque aujourd’hui quinquagénaire. Et puis, les uniformes (jupettes, gants, chaussures bottes, chapeau-képi avec diadème et plume, canne de tambour-majorettes, etc) étaient choisies sur mesure et achetées en France. Monique faisait spécialement le déplacement pour cela.
Les majorettes étaient l’attraction du défilé civil du 1er décembre sur l’imposant avenue des Martyrs. Devant la tribune officielle, le spectacle était époustouflant. Elles présentaient au bonheur du grand public et des officiels différentes figures de leur savoir-faire ce au rythme de la fanfare de la police municipale ou parfois sur la musique de l’orchestre Musiki : « Rouler mama denda nga ma…Rouler – Changer mama denda nga ma…changer -Tamboula mama denda nga mo…so gne ». Une belle époque qui restera dans les mémoires. Malheureusement le déclenchement des mutineries dans les années 96 a contraint Monique Mageot à prendre le chemin de l’exil en France où elle a demeuré jusqu’à sa mort, laissant derrière elle trois filles, Angela, Salomé et Alaina et six petits enfants. Rappelons qu’elle était l’ainée d’une fratrie de 23 enfants.
Manoël Mageot, le 3 ème de la famille après Monique et Paulette, vient aussi de nous quitter des suites du Covid-19. Une véritable tragédie… Elle était ma cousine et lui, mon cousin.

FYZ

Lu Pour Vous

La rédaction

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