Centrafrique : « Covid – 19 » : Ce Monsieur est – il vraiment sérieux ?

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Par un communiqué de la présidence de la République n°249 du 24 mars 2020, le directeur de cabinet du président Faustin Archange Touadéra, conformément aux instructions reçues, a convié solennellement les membres du comité chargé de la gestion de l’épidémie du Covid – 19 à une réunion le mercredi 25 mars 2020 à 14 heures au palais de la Renaissance. Outre le premier ministre Firmin Ngrébada et une bonne partie des membres de son gouvernement, il a été signalé à cette importante rencontre la présence de tous les représentants des organisations internationales et financières et des institutions spécialisées du système des nations unies, et des ambassadeurs.

Tant techniquement difficile à expliquer, en terme de riposte nationale, que manifestement trop pléthorique et budgétivore que se révèle la composition de ce fameux comité de crise dont la mise en place était pourtant attendue le vendredi 20 mars 2020, selon l’annonce faite à la nation tout entière la veille, soit quatre jours exactement après l’annonce officielle du 1er cas de contamination au Covid – 19 sur le territoire national, et dont l’on ignore tout des différents textes fondateurs portant modalités de désignation de ses membres, son organisation et son fonctionnement, comme l’exigent les lois et règlements de la République, l’opinion nationale et internationale ne peut que s’interroger tout légitimement et tout naturellement sur l’utilité et la raison d’être d’une telle initiative.

En effet, une simple lecture du communiqué sus- mentionné par tout observateur averti de la vie politique centrafricaine, depuis mars 2016 à ce jour, suffit à laisser transparaître au grand jour, sans risque de nous tromper, le sentiment d’avoir affaire, s’agissant évidemment de ce comité de crise, plus à un conseil des ministres extraordinaire, étendu aux partenaires traditionnels de la République centrafricaine qu’à une structure véritablement nationale, c’est – à – dire composée des représentants de toutes les forces vives de la nation, unies autour d’un projet commun, celui d’une réponse centrafricaine, conçu, porté par des experts locaux et reposant essentiellement d’abord sur des ressources propres, et déterminées à faire courageusement face à ce virus extrêmement dangereux et mortel, en tenant compte des particularités caractérisant notre mode de vie socio – économique.

Comme dans tous les pays du monde confrontés actuellement à cette terrible maladie, contre laquelle l’on assiste à une prise en charge locale par la création d’agences nationales, bénéficiant de l’expertise avérée d’un conseil technique et scientifique, doté d’importants moyens financiers, c’est d’un tel projet dont le peuple centrafricain a grandement besoin au jour d’aujourd’hui, et non d’un « Machin » sans aucune assise nationale et dont le but viserait à utiliser le malheur à venir de nos populations, du fait de cette épidémie, pour extorquer de l’argent aux bailleurs de fonds et autres amis de la République centrafricaine. Telle est fort malheureusement la triste vérité  à déverser à la face du Gangster de l’association des malfaiteurs au pouvoir, depuis mars 2016, qui veut se saisir de cette occasion pour reprendre pied dans le concert des nations et se refaire une bonne santé financière afin de mieux préparer sa réélection par des fraudes massives en 2020 – 2021.

Cette inquiétude qui passe par  la non – appropriation de la gravité du danger que représentent indubitablement cette épidémie et ses conséquences immédiates sur la vie de nos populations tant à Bangui qu’à l’intérieur, dans un pays où le système sanitaire est inexistant et dépourvu de tout, et par  l’inexistence d’un projet de riposte à l’échelon national est révélée et confirmée au grand public quelques heures plutôt avant la tenue de la réunion de la présidence. En effet, afin de faire des propositions de mesures concrètes  à soumettre à l’examen du comité technique, le premier ministre Firmin Ngrébada a présidé une réunion le mardi 24 mars 2020 dans la salle de cinéma de la présidence de la République. Mais, au lieu de s’appesantir sur ce que nous avons développé un peu plus loin, à savoir l’élaboration d’un plan national de lutte contre le Covid – 19, avec la participation des experts locaux, l’ordre des médecins, les syndicats, le patronat, les confessions religieuses et les partis politiques, sur financement de l’Etat, ce dernier et ses ministres – conseillers se sont tout simplement bornés à ébaucher une liste de mesures d’hygiène élémentaire.

Ainsi donc, comme à leur habitude et tout comme ils l’ont fait depuis leur accession au pouvoir, Ngrébada et Touadéra semblent avoir démissionné totalement de leurs responsabilités face à cette crise sanitaire qui va arriver  et veulent confier la gestion de cette terrible épidémie à la communauté internationale. Fidèles à leur choix de gouvernance, il reviendra aux différents partenaires de la République centrafricaine, dont les représentants seront présents à cette grande rencontre, de trouver la riposte centrafricaine en faisant recours à l’expertise de l’OMS et de l’Institut Pasteur de Bangui, par exemple, alors que cette responsabilité leur incombe au premier plan, en réactivant le Laboratoire National, en faisant appel à tous les différents corps de la santé publique admis à la retraite, et en sollicitant dans le cadre de la coopération bilatérale de l’aide médicale à la Chine, la Corée du Sud et au Cuba.

Pis, alors que les informations en notre possession font état de ce que le 1er cas de contamination au coronavirus a été révélé, le 14 février 2020, et que tout naturellement en réponse des mesures drastiques devraient être prises, aucune disposition relative à la fermeture de l’aéroport et des écoles, d’une part, et à la suspension des lieux de cultes et l’interdiction des places mortuaires, d’autre part,  n’a été prise plusieurs jours plus tard. Comme si de rien n’était Touadéra, quoique testé positif au coronavirus, continue de vaquer à ses occupations quotidiennes, exposant ses proches et ses collaborateurs à de grands risques de contamination. Il en est de même pour un bon nombre des membres de son gouvernement y compris le ministre de la santé et de la population Dr Pierre Somsè et de ses ministres – conseillers, sans oublier son premier ministre. Quelle irresponsabilité et quel sadisme !

Le summum de l’invraisemblable, de l’insouciance et du cynisme a été franchi hier, lorsque dans la salle de cinéma de la présidence de la République, sans le respect élémentaire de la nation de distanciation, il a tenu une réunion avec les représentants de toutes les confessions religieuses, assis les uns à côté des autres. Ce Monsieur est – il vraiment sérieux ? Sait – il seulement que l’Onu a demandé le réaménagement des modalités de travail de tout son personnel ? Au nom de ces instructions, et respectueux des consignes relatives à la notion de distanciation sociale, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu Mankeur Ndiaye et tous les responsables des différentes agences spécialisées du système des nations unies, conviés ce jour, ne vont – ils pas tout simplement jouer aux abonnés absents ? Et comment peut – il faire convoquer à une telle rencontre des diplomates par un communiqué de la présidence de la République ? N’est – il pas aussi informé que le nouveau directeur de l’Institut Pasteur de Bangui ne pourra pas prendre part à cette réunion du fait de son confinement ?Enfin,  jusques à quand continuera – t – il de refuser de comprendre qu’au – delà de l’épidémie qu’il a développée partout dans le monde, le Coronavirus a semé dans l’humanité les graines d’ une nouvelle culture, celle du repli sur soi – même et celle de la solitude ? L’heure n’est – elle pas donc arrivée, pour lui, d’appeler à l’unité nationale contre cette maladie, en sa qualité de garant de la République et de chef suprême des armées ?

Jean – Paul Naïba

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