Centrafrique : comment Faustin-Archange Touadéra veut s’offrir un troisième mandat

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POLITIQUE

Centrafrique : comment Faustin-Archange Touadéra veut s’offrir un troisième mandat

Ce 26 mai, un projet de modification de la Constitution a été présenté aux patrons des groupes parlementaires de la majorité. Il permettrait au chef de l’État centrafricain de briguer un nouveau mandat. Coulisses d’une stratégie élaborée au palais présidentiel.

Le projet n’a, à vrai dire, surpris personne. Le 26 mai, lors d’une conférence de presse à laquelle étaient également conviés les représentants des groupes parlementaires de la majorité présidentielle, le député Brice Kévin Kakpayen a officialisé un projet de modification de la Constitution. Ce membre du Mouvement cœurs unis (parti de Faustin-Archange Touadéra, au pouvoir), également président de la Commission institution
et démocratie à l’Assemblée nationale, a détaillé plusieurs propositions, parmi lesquelles figurent la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels et la nomination d’un vice-président.

Les « faucons » de FAT en première ligne

Le projet, qui doit permettre à Faustin-Archange Touadéra (FAT) de se représenter en 2026, est en gestation depuis plusieurs semaines au palais présidentiel. Selon nos informations, il y a été inspiré par les plus fidèles collaborateurs de FAT : Sani Yalo et Fidèle Gouandjika, tous deux ministres-conseillers, Donatien Maleyombo, son chef de cabinet, et Jean-Claude Rameaux-Bireau, le ministre de la Défense.

Ces hommes, qui sont parmi les plus fervents partisans d’un troisième mandat de FAT, ont bénéficié d’un allié de poids en la personne d’Évariste Ngamana, vice-président de l’Assemblée nationale et porte-parole du MCU.

Sarandji en disgrâce ?

Interlocuteur privilégié des Russes et des membres du groupe Wagner tout comme Rameaux-Bireau et Gouandjika, Ngamana est chargé de promouvoir le projet auprès des parlementaires. Selon nos informations, il lui revient également de contrer l’influence de l’ancien Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji (SMS), actuel président de l’Assemblée et patron du MCU. Ce dernier, qui espère se présenter lui-même en 2026, sait pertinemment qu’une modification de la Constitution favorable à FAT contrecarrerait ses propres plans. En privé, il dit n’y être guère favorable, à l’instar de ses successeurs Firmin Ngrebada et Henri-Marie Dondra, non moins ambitieux que lui.

Après avoir manœuvré pour écarter Dondra de la primature et s’imposer comme le dauphin de Touadéra, Sarandji voit peu à peu les portes se fermer devant lui. S’il se garde bien de déclarer officiellement son opposition, ses relations avec le chef de l’État se sont détériorées. Pour mieux surveiller ses faits et gestes, Touadéra a placé auprès de lui Évariste Ngamana comme numéro deux, aussi bien au sein du parti qu’à l’Assemblée nationale. Le chef de l’État s’est particulièrement impliqué, y compris financièrement, lors de l’élection de Ngamana au bureau de l’Assemblée.

Objectif : écarter Dologuélé

Au-delà de leur propre camp, FAT et ses « faucons » sont également déterminés à réfréner les prétentions de certains poids lourds de l’opposition. Le projet de modification de la Constitution, déjà transmis à l’Assemblée, précise par exemple que les candidats à la
présidentielle ne devront « jouir que de la seule nationalité centrafricaine ».

Selon nos sources, cette disposition a été avant tout pensée pour écarter de la course Anicet-Georges Dologuélé, principal adversaire de FAT lors des deux dernières élections et qui possède la nationalité française. L’opposant Crépin Mboli-Goumba est quant à lui également citoyen américain.
Alors que la Russie verrait d’un bon œil son allié Touadéra faire un nouveau mandat, la France, elle, a déjà fait connaître son opposition à ce projet.

Jeune Afrique

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