Centrafrique : comment Faustin-Archange Touadéra a repris la main

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Centrafrique : comment Faustin-Archange Touadéra a repris la main

En quelques jours, le chef de l’État a écarté deux obstacles qui se dressaient sur la route de la réforme constitutionnelle qu’il compte mettre en place prochainement. Voici de quelle façon il s’y est pris.

Malmené ces dernières semaines par les oppositions plus ou moins ouvertes de Danièle Darlan et de Simplice Mathieu Sarandji (SMS), Faustin-Archange Touadéra (FAT) avait décidé de prendre lui-même le dossier en main. Ce 29 octobre, à l’hôtel Ombella Palace de Bangui, le président centrafricain était donc présent en personne à l’ouverture de la session extraordinaire du conseil politique national du Mouvement cœurs unis (MCU), son parti.

L’objectif Sarandji

Officiellement, la formation au pouvoir se réunissait pour deux jours a« n de discuter stratégie politiques dans l’optique des futures échéances électorales, notamment les scrutins municipaux prévus au début de 2023. Mais l’objectif du chef de l’État était en réalité plus simple : mettre en scène publiquement une réconciliation avec le secrétaire général du MCU et président de l’Assemblée nationale, Simplice Mathieu Sarandji.

Depuis plusieurs mois, SMS s’oppose en coulisses au projet de réforme constitutionnelle voulue par Faustin-Archange Touadéra, lequel a prévu de faire supprimer la limitation du nombre de mandats et de s’offrir la possibilité de se présenter à nouveau en 2026. S’appuyant sur une majorité divisée ainsi que sur l’opposition – et visant lui-même la prochaine présidentielle –, SMS avait en effet entrepris de construire un front de défense de la loi fondamentale.

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Selon nos sources, la relation entre le président de l’Assemblée nationale (et ex-Premier ministre) et le chef de l’État n’a cessé de se détériorer ces derniers mois, au point que les deux hommes, naguère complices, n’échangeaient plus. Mais l’apparition sur la place publique de ce bras de fer fratricide au MCU a fini par pousser à bout Faustin-Archange Touadéra, qui a choisi la manière forte.

Le message Darlan

Le président centrafricain a d’abord décidé de s’attaquer à une autre opposante à ses projets : Danièle Darlan, qu’il a fait remplacer en quelques jours à la tête de la Cour constitutionnelle, en utilisant le prétexte d’une mise à la retraite. Après avoir tenté de conserver sa place, la juriste a finalement rendu les armes à la fin d’octobre, laissant le champ libre à son remplacement. Son intérim est pour le moment assuré par le vice-président de l’institution, Jean-Pierre Waboé, considéré comme plus proche de FAT. Selon nos sources, Danièle Darlan a subi ces derniers jours des pressions de la part de personnalités proches du président, qui lui ont fait comprendre qu’elle n’avait aucun intérêt à s’entêter dans la voie de l’opposition. Surtout, Faustin-Archange Touadéra espérait se servir de « l’affaire Darlan » comme d’un message de fermeté à destination de Simplice Mathieu Sarandji.

« Dès que FAT a signé le décret sur la mise à la retraite de Darlan, SMS a compris que la partie était finie. Le président lui a fait comprendre que personne n’était intouchable », confie un proche du gouvernement. Le secrétaire général du MCU a alors pris la décision de convoquer le conseil national du parti le 29 octobre. Et il y a aussitôt affirmé devant une salle comble son soutien à la réforme constitutionnelle et sa fidélité sans faille au chef de l’État.

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« SMS a sauvé sa tête », conclut notre source. Selon nos informations, la rupture entre les deux hommes n’en est cependant pas moins durable. Dans l’optique du futur référendum constitutionnel et des élections municipales, c’est Évariste Ngamana, homme de confiance de FAT et vice-président de l’Assemblée nationale, qui devrait présider aux destinées du MCU et se charger de la mobilisation, au côté de l’argentier du parti, Sani Yalo.

Jeune Afrique

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