Centrafrique, ce que les évêques ont dit

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Mgr Nestor Désiré Nongo Aziagbia, évêque de Bossangoa et Président de la Conférence Centrafricaine .

L’Eglise Famille de Dieu qui est en Centrafrique est dans ses 125 ans d’évangélisation. Une occasion pour les évêques de ce pays de faire le bilan et de lancer un message aux fidèles et aux hommes de bonne volonté.

Réunis du 5 au 12 janvier 2020 pour leur session ordinaire, les évêques de Centrafrique ont publié un message à l’Eglise Famille de Dieu et aux hommes et aux femmes de bonne volonté. « De toutes les nations, faites des disciples… »(Mt 28, 19), tel est l’intitulé du message des évêques centrafricains. Ils font ainsi allusion à l’œuvre évangélisatrice commencé par les premiers missionnaires, en jetant un « regard sur la vie missionnaire de l’Eglise » et en livrant « un message d’espérance, de paix et d’éveiller de conscience.

Exhortations et recommandations

Les Pères de l’Eglise de Centrafrique rendent dans un premier temps hommage à tous les missionnaires, religieux et religieuses, laïcs « dont le témoignage de foi et de dévouement a été et reste un modèle dans l’édification des communautés ecclésiales ». Ils tracent ensuite leurs engagements qui impliquent la justice, les droits de l’homme, l’amélioration des conditions de vie des populations et dans le règlement non-violent des conflits, surtout aux pires moments de notre histoire. Ils reconnaissent, dans ce cadre, que le conflit armé qui y sévit dans leur pays, avec toutes ses conséquences dramatiques « fait paraitre des contre-témoignages dans notre vie ». Les évêques de la Conférence épiscopale centrafricaine font alors une série d’exhortations aux agents pastoraux, aux communautés chrétiennes, aux jeunes, au gouvernement, aux leaders politiques, aux groupes armés, aux victimes e violences injustifiées, à la communauté internationale, aux hommes et femmes de bonne volonté.

Rappelons que le 21 juin 2109, lors de leur rencontre en la cathédrale Saint-Antoine-de-Padoue de Bossangoa, les évêques centrafricains, en rapport avec la célébration des 125 d’évangélisation de leur pays, avaient  rappelé que l’Eglise reste un ‘signe’ et un ‘moyen d’unité et de reconstruction’ et qu’elle se demande comment peut-elle ‘aider ceux qui ont perdu le sens de l’humanité et qui sacrifient facilement la vie humaine aux idoles de l’avoir, du pouvoir et de l’orgueil, à avoir des sentiments humains et à construire des relations fraternelles avec les autres’.  Leur dernier message est sans doute la continuité de leur préoccupation pour une évangélisation en profondeur.

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Intégralité du message des évêques de Centrafrique

MESSAGE DES EVEQUES DE CENTRAFRIQUE À L’EGLISE FAMILLE DE DIEU AUX HOMMES ET AUX FEMMES DE BONNE VOLONTE

« DE TOUTES LES NATIONS, FAITES DES DISCIPLES…» (Mt 28,19)

1. Chers frères et sœurs et vous tous hommes et femmes de bonne volonté, que le Seigneur vous bénisse et vous garde. Qu’il fasse briller sur vous son visage et qu’il vous apporte la paix (cf. Nb 6,22-27).

2. Nous, évêques de Centrafrique, réunis en session ordinaire du 06 au 12 janvier 2020, dans le contexte de la célébration des 125 ans d’évangélisation en Centrafrique, sommes fidèles au rappel du mandat missionnaire fait par le pape François pour le mois missionnaire extraordinaire d’octobre 2019 : « Baptisés et envoyés, l’Eglise du Christ en mission dans le monde ». Conscients de notre responsabilité pastorale à la lumière de la crise sociopolitique en République Centrafricaine, nous voudrions porter un regard sur la vie missionnaire de l’Eglise et livrer un message d’espérance, de paix et d’éveil de conscience.

I – REGARD SUR L’ÉVANGELISATION EN CENTRAFRIQUE

3. Après 125 ans d’évangélisation, nous rendons grâce à Dieu pour son œuvre de salut dans la vie du peuple centrafricain à travers l’engagement des hommes et des femmes de foi. Nous rendons hommage à tous les missionnaires, religieux et religieuses, laïcs, dont le témoignage de foi et de dévouement a été et reste encore un modèle dans l’édification des communautés ecclésiales. Aussi, nous nous inclinons devant la mémoire de ceux et celles qui ont suivi le Christ au calvaire et ont porté en leur corps ses souffrances, comme martyrs. Que le grain de blé, qu’ils sont devenus, porte de bons fruits en abondance pour la plus grande gloire de Dieu et le salut de notre peuple.

4. Aujourd’hui, c’est nous que Jésus appelle à participer à son autorité (cf. Mt 28,18-20), à sa prédication (cf. Mt 4,17 ; 10,7), à sa puissance d’amour (Mc 3,14-15), à son ouverture à toutes les nations (cf. Lc 24,47-49), à la vie éternelle (cf. Mt 9,13 ; 11,29 ; Jn 6,68). En tant que disciples, nous sommes soumis à l’autorité du Christ et nous ne pouvons pas nous « soustraire au devoir suprême » d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut à tous les peuples sans discrimination (Redemptoris Missio, 2). Cette annonce permet de faire connaitre le Dieu de Jésus Christ qui est AMOUR et de libérer l’homme de l’idolâtrie mensongère qui pervertit, le conduit au désespoir et l’amène souvent à troquer la vérité de Dieu contre le mensonge, à adorer et servir la créature de préférence au Créateur (cf. Rm 1,25).

5. Le Concile Vatican II nous rappelle le caractère missionnaire de l’Eglise en ces termes : « Dans son pèlerinage, l’Eglise est, par nature, missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint Esprit selon le dessein de Dieu le Père » (Ad Gentes, n°2). Par conséquent, quand nous choisissons de suivre le Christ comme notre unique Sauveur, nous nous engageons à être ses vrais témoins dans la vie quotidienne. C’est ce que rappelait le Pape saint Jean Paul II dans son homélie lors de sa visite apostolique en Centrafrique en 1985 : « Les chrétiens doivent être au premier rang de ceux qui éduquent au sens du bien commun, par-delà les intérêts particuliers, et qui y coopèrent eux-mêmes. Ils auront à cœur d’acquérir une vraie compétence, d’accomplir consciencieusement le travail de leur profession, et, s’ils ont part à des charges publiques, de s’en acquitter pour servir tous les compatriotes, surtout les plus démunis, sans accepter le favoritisme, l’intolérance entre groupes ethniques, la corruption…» (Jean Paul II, Homélie pendant la Messe à Bangui, 14/08/1985). Sommes-nous vraiment aujourd’hui au premier rang de ceux qui construisent ou de ceux qui détruisent, de ceux qui rassemblent ou de ceux qui divisent, de ceux qui sèment l’amour ou de ceux qui attisent la haine ?

II – NOS ENGAGEMENTS

6. Chers frères et sœurs, comme vous le savez, nos célébrations liturgiques dynamiques et joyeuses rassemblent de nombreux fidèles qui sont actifs dans les communautés ecclésiales de base, les mouvements, les fraternités, les groupes et qui animent la vie de nos paroisses manifestant ainsi notre manière d’être en Eglise aujourd’hui. Nous bénissons le Seigneur pour son Esprit qui guide l’Eglise en Centrafrique dans ses engagements pour la justice, les droits de l’homme, l’amélioration des conditions de vie des populations et dans le règlement nonviolent des conflits surtout aux pires moments de notre histoire.

7. Toutefois, nul n’ignore que beaucoup reste à faire pour le relèvement effectif de notre pays. Le conflit armé qui y sévit avec toutes ses conséquences dramatiques fait paraître des contre-témoignages dans notre vie. Certains chrétiens séparent leur vie professionnelle de leur vie de foi. D’autres mélangent des pratiques magico-fétichistes avec les célébrations sacramentelles. D’autres encore se laissent attirer par des sectes et des sociétés secrètes (francmaçonnerie, Rose croix…). Enfin, certains délaissent les grandes valeurs d’unité, dignité, travail, respect, solidarité, honnêteté au profit du gain facile et des intérêts personnels.

8. Où en sommes-nous dans le contrat social qui nous lie en tant que fils et filles de la République Centrafricaine ? Des engagements ont été pris pour la justice, en insistant sur l’impunité et la tolérance zéro (cf. Forum de Bangui en 2015). Des mécanismes judiciaires ont été mis en place. À quand l’effectivité de la Cour Pénale Spéciale (CPS) et de la Commission Vérité, Justice, Réconciliation et Réparation (CVJRR) en vue de la justice, de la réparation en faveur des victimes et d’une réconciliation durable ? Par ailleurs, nous nous interrogeons sur l’effectivité de l’autorité de l’Etat déployée à l’intérieur du pays. Des services sensibles tels que l’éducation, la santé, les structures de développement agropastorales, les infrastructures routières manquent cruellement. Même si l’année académique s’est mise en marche, la baisse de niveau scolaire est inquiétante. Comment peut-on se complaire avec la « politique de maîtres parents » ou le choix d’une éducation au rabais ? Et pourtant, on entend dire qu’il y a des financements octroyés pour le relèvement socio-économique de notre pays (RCPCA). A quoi servent tous ces fonds ? Et qui en profite ?

9. En ce début d’année électorale, les préoccupations de nos concitoyens sont réelles. Même si des efforts sont déployés pour réduire la violence, nous vivons dans un contexte d’insécurité, de peur et d’angoisse. En dépit des tentatives de désarmement, beaucoup d’armes lourdes et légères circulent encore dans le pays au vu et au su de tous. Les récents événements dramatiques d’Alindao, Km 5 à Bangui, Birao, Amdafock montrent que les entrepreneurs de la guerre n’ont pas encore dit leur dernier mot. Finalement, à qui profite le business de la guerre qui est florissant en Centrafrique ?

10. Nous apprécions les efforts du Gouvernement pour la restructuration des Forces de Sécurité Intérieure (FSI) et des Forces Armées Centrafricaines (FACA). Mais comme la solution au conflit armé en Centrafrique n’est pas seulement militaire, nous nous interrogeons : à quand la formation de qualité et l’intégration massive d’instituteurs, de professeurs, d’infirmiers et de médecins ? Face à ces contrastes et ces grands chantiers, chers frères et sœurs, comment allons-nous retrouver notre identité de fils et filles de Dieu et renouveler notre engagement à assainir l’environnement spirituel, social et politique de notre pays ?

III – EXHORTATIONS

Aux Agents pastoraux

11. Vous êtes avant tout des animateurs et acteurs de la vie spirituelle de l’Eglise. Nous vous exhortons à la fidélité aux grâces baptismales et aux enseignements chrétiens : plus concrètement, n’utilisez pas le nom de Dieu pour servir vos intérêts personnels le plus souvent liés à l’argent. Soyons tous des hommes et des femmes de prière afin de garder nos lampes allumées pour dissiper les ténèbres qui nous entourent. Ayons le courage évangélique et les vertus héroïques qui permettent de prendre des décisions et de poser des actes en faveur du bien même au risque de notre vie. Engageons-nous à protéger les enfants et les personnes vulnérables avec amour. Que nos paroles et nos actions donnent plus de saveur à notre société et fassent grandir le peuple de Dieu. Aux communautés chrétiennes

12. Le disciple de Jésus répond à un appel eschatologique, c’est-à-dire une invitation à participer au service du Règne de Dieu (cf. Mc 1,15). Le «règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Apprenez à travailler pour le bien commun. Faites valoir vos compétences dans les différents domaines de la vie et de manière particulière dans la gestion des biens temporels.

13. Soyez de vrais disciples du Christ. Ne vous laissez ni attirer, ni manipuler par ceux qui prétendent être les nouveaux sauveurs ou des libérateurs du peuple centrafricain. Certains sont des vendeurs d’illusions et ne font que de fausses promesses de prospérité, mais en réalité ils cherchent leurs intérêts égoïstes. Chers frères et sœurs, soyons vigilants en faisant preuve de discernement et de fidélité au Christ pour ne pas adopter des modes de vie contraires à l’éthique chrétienne. Nous vous encourageons à exercer vos devoirs citoyens en allant voter lors des prochaines échéances électorales, en luttant contre le favoritisme, le tribalisme, l’intolérance entre les groupes ethniques et politiques, la corruption et l’esprit de manipulation politicienne.

Aux jeunes

14. La jeunesse semble aujourd’hui être mise au ban de grandes décisions de la vie sociopolitique voire ecclésiale. Elle se sent étouffée et semble être en perte de repères. C’est pourquoi nous lançons cet appel aux jeunes : Vous n’êtes pas seulement des bénéficiaires passifs de grands décideurs et leaders, mais vous êtes le présent et l’avenir du pays et donc acteurs de l’histoire. Vous êtes appelés à écrire une histoire constructive. Soyez conscients de votre rôle capital dans l’histoire de votre pays et de l’humanité. Ne vous laissez ni décourager par la situation du pays ni désorienter par les démons de la haine et les entrepreneurs de la violence et de la destruction. Continuez de combattre le mal par le bien selon la Parole de Dieu (Cf. Rm 12,21).

Au Gouvernement

15. Conscients que la plupart d’entre vous confessent la foi en Jésus-Christ ou encore en un unique Dieu-Créateur, nous nous faisons l’obligation de vous rappeler vos devoirs régaliens qui peuvent être conçus comme une « mission » à accomplir pour le peuple. Vu l’ampleur des défis qui s’imposent à vous de manière inéluctable en ce début d’année :

– Les élections législatives et présidentielles qui se pointent à l’horizon ;

– Les intentions manifestes de certains chefs de groupes armés à boycotter l’Accord politique pour la Paix et la Réconciliation en République centrafricaine ;

– L’existence des substitutions administratives par les groupes armés à l’intérieur du pays ;

– Le regain de violences dans certaines localités ;

– Les mouvements de déplacements internes ou bien des réfugiés et la cohabitation intercommunautaire encore difficile dans certaines localités ;

– Le retour effectif ou l’intention de retour de certains hommes politiques en exil ;

– La difficulté du déploiement de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire et de son efficience ;

– La difficile collaboration avec l’opposition politique ;

– L’approche du temps de la transhumance ;

Recommandons :

– De respecter le cadre constitutionnel des élections ;

– D’organiser dans le délai constitutionnel des élections libres et transparentes répondant aux exigences démocratiques d’un Etat de Droit ;

– De revenir à la table de discussions avec les groupes armés pour trouver des solutions consensuelles et pacifiques à vos différends ou malentendus ;

– De mettre en œuvre sans délai des mécanismes de sécurisation de la population civile, de faciliter les mouvements de retour des populations déplacées ou réfugiées, en rendant opérationnelles les Forces Armées Centrafricaines déployées à l’intérieur du pays ;

– De gérer avec sagesse le retour des hommes politiques ;

– De redynamiser un cadre de concertation et collaboration responsable avec les forces vives de la nation et les partis politiques dans un esprit de patriotisme ;

– De tout mettre en œuvre pour que les services décentralisés de l’Etat sortent de la figuration passive et soient effectifs à l’intérieur du pays ;

– De promouvoir la bonne gouvernance et une gestion saine des ressources naturelles au profit de la population ;

– De bien préparer, encadrer et sécuriser la transhumance pour éviter la destruction des champs, le vol de bétail et des pertes en vies humaines.

Aux leaders politiques

16. Nul ne doute de votre rôle comme animateurs et acteurs de la vie politique. L’heure est aux débats des idées et propositions concrètes et constructives. Ne soyez pas esclaves de vos intérêts privés et convictions politiques au point de vous radicaliser. Faites preuve d’un esprit de flexibilité politique et de concessions éclairées dans l’intérêt du peuple.

Aux groupes armés

17. Certains d’entre vous se sont inscrits dans l’esprit et le respect de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République Centrafricaine : démantèlement des barrières, libération des édifices administratifs… Par contre, d’autres continuent de recruter, de conquérir de nouveaux espaces, d’exploiter abusivement et illégalement les ressources naturelles, de tenir des barrières. Nous rappelons que l’avenir de ce pays ne se situe pas au bout du canon. Il y a un temps pour tout, « un temps pour la guerre, un temps pour la paix » (Eccl 3,8) ! La cohérence et le respect des engagements sincères pour la cessation de toute hostilité nous permettront d’écrire ensemble une histoire d’un Centrafrique prospère par la voie de la paix et du dialogue.

Aux victimes de violences injustifiées

18. Nous vous renouvelons notre proximité et compassion et rappelons notre détermination à être à vos côtés par nos prières. Nous espérons que justice vous sera rendue.

A la communauté internationale

19. Nous saluons les efforts déployés jusqu’alors pour la consolidation de la paix, la restauration de la sécurité et la cohabitation pacifique entre les communautés. Nous vous exhortons à travailler davantage pour la mise en œuvre effective de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République Centrafricaine. Dans le respect de la neutralité et de l’impartialité, nous vous encourageons à créer les conditions favorables à l’organisation des prochaines échéances électorales dans un climat de calme et de transparence.

Aux hommes et aux femmes de bonne volonté

20. Travaillez à la sauvegarde et au respect de la création. Nous vous exhortons à promouvoir la cohésion sociale dans le respect de la diversité culturelle et confessionnelle.

A tous nos concitoyens et à toute la nation

21. Nous adressons nos vœux de paix, de réconciliation, de communion fraternelle et d’acceptation mutuelle des différences pour construire une paix durable en Centrafrique.

22. Que la Vierge Marie, Reine de la paix, par son intercession, soutienne nos engagements pour la paix.

Donné en la Cathédrale Notre Dame de l’Immaculée Conception

Bangui, 12 janvier 2020

Mgr Nestor-Désiré NONGO AZIAGBIA

Evêque de Bossangoa

Président de la CECA

Mgr Bertrand-Guy-Richard APPORA NGALANIBE

Evêque de Bambari

Vice-Président de la CECA

Dieudonné Card. NZAPALAINGA

Archevêque de Bangui

Mgr Guerrino PERIN

Evêque de Mbaïki

Mgr Cyr-Nestor YAPAUPA

Evêque d’Alindao

Mgr Dennis Kofi AGBENYADZI

Evêque de Berbérati

Mgr Tadeusz KUSY

Evêque de Kaga-Bandoro

Mgr Miroslaw GUCWA

Evêque de Bouar

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