Centrafrique : Ce que le Président Touadera a dit à Doha au nom de la RCA n’engage que lui, pas le peuple Centrafricain

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Ce que le Président Touadera a dit à Doha au nom de la RCA n’engage que lui, pas le peuple Centrafricain

Le 6 mars 2023, par  Jean-Pierre MARA, Ancien Député Centrafricain

 

Peuple Centrafricain!

Que l’on aime le Président TOUADERA ou que l’on ne l’aime pas ;

Que l’on soit opposant à la politique menée par son régime ou que l’on soit neutre n’est pas le but de cette publication.

Nous sommes tous Centrafricains et en tant que tel, j’ai le droit de dire à Monsieur TOUADERA qu’il a tort. Ce qu’il a dit à Doha le lundi et qui fait la une de la presse à travers le monde ne reflète ni la réalité ni l’opinion du peuple Centrafricain composé de cinq (5) millions d’habitants. Il n’a pas consulté le peuple pour affirmer que c’est l’Occident SEUL qui serait responsable de la pauvreté des Centrafricain. Le Président de la République Centrafricaine en exercice est le seul responsable de la situation qui prévaut dans ce pays depuis 2016.

La Loi foncière est le fondement de l’environnement et de la politique des terres. De la Loi foncière et de son application découle l’encadrement de la protection de l’écosystème.

La RCA n’a pas sa propre Loi foncière et les régimes consécutifs n’ont jamais voulu qu’on y touche parce que tous les anciens ministres ont profité de son contenu colonial.

En la matière la RCA utilise toujours le décret du 28 mars 1899 qui établissait le code civil au Congo français, communément connu sous le ‘‘Système de l’Indigénat’’. Ce code a fait objet de réajustement par la loi  N° 63.441 du 9 janvier 1964, portant code domanial et foncier de la loi foncière de la République Centrafricaine.

Tous les régimes politiques sans exception utilisent depuis 1960  le décret du 28 mars 1899 sans le remettre en cause pour affirmer que c’est la France qui leur interdit d’exploiter le sous-sol Centrafricain. Le prétexte fallacieux serait qu’il appartient à la puissance coloniale à partir de 6 m de profondeur.

Le Président centrafricain qui gouverne un pays sans une Loi claire sur le foncier a participé au ‘‘One Forest Summit’’ qui s’est tenu au Gabon avec pour objectif ‘‘La protection des forêts tropicales ».

Il a quitté la conférence, supposée être le cadre approprié pour présenter les conditions pour la RCA de bénéficier des crédits carbones, sans présenter les solutions centrafricaines sur le Foncier, la Forêt et leurs rapports avec le changement climatique afin de bénéficier du soutien extérieur lié à ces efforts.

Monsieur Touadera a ainsi quitté ce sommet sans apports ni gains pour la population centrafricaine. Il s’est directement envolé pour le Qatar, à Doha  après avoir déployé d’énormes efforts diplomatiques à Libreville, avec toutes les tergiversations pour chercher à rencontrer le président Macron pour recadrer une diplomatie en panne.

Corbeaux News a vraiment raison d’écrire que  »le sommet gabonais axé sur la protection des forêts tropicales n’était qu’un parloir-écran de confession, de repentance et de réconciliation du pouvoir de Bangui avec son partenaire traditionnel. » Aujourd’hui, il est à Doha au Qatar pour participer à la cinquième conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA5) qui se tient du 5 au 9 mars 2023.

Les chefs d’État et de gouvernements des PMA viennent pour lancer des appels à l’aide dans l’espoir d’attirer l’attention du monde Occidental dans une conjoncture critique. EN français facile, ils viennent demander à l’occident de venir en aide.

Le Président de la RCA ne devrait-il pas remettre plutôt en cause ses stratégies politiques, diplomatiques et ses méthodes de communication ? Il est revenu sur l’embargo comme un des freins à son action. Si l’embargo constitue un blocage, comment font alors les Wagner pour s’approvisionner et comment ont-ils fait pour faire entrer des armes de tous types et de tous calibres en République Centrafricaine, au point d’équiper les rebelles tchadiens?

Cet argument sur l’embargo ne tient plus, disque rayée.

Monsieur Touadera parle de la pauvreté du pays dont il est le président depuis 2016. Nous sommes tous témoins de son plan de gouvernance à vie après avoir fait sauter la limitation de mandat en modifiant ou en écrivant une nouvelle constitution. Cette démarche découle-t-elle de sa réussite pendant les deux précédents mandats dans la lutte contre la pauvreté ?

Rien n’est moins sûr.

Toutefois, la RCA est ce pays qu’il estime avoir sécurisé avec l’aide des Wagners, un pays qui regorge d’énormes potentialités qui feront la convoitise des occidentaux si on s’en tient à ses accusations envers ces derniers depuis la 5eme conférence des PMA à Doha.

Il est à noter que depuis l’intensification des relations privilégiées avec la Russie à travers les mercenaires Wagner aucun pont, aucune route, aucun hôpital et aucune école n’a été construite par ce canal et si oui ces travaux se sont faits à Mandjo/Damara mais pas ailleurs.

Oui, la RCA est potentiellement riche en ressources naturelles. Mais l’exploitation à grande échelles de ces ressources ces dernières années ne profite pas aux populations centrafricaines. Nous avons l’exploitation de l’Or à Gaga/Yaloké par les chinois, celle Ndassima par les Wagner ou encore la déforestation pour bois précieux par Lobaye Invest ,une société créée par les russes opérant dans la Lobaye.

Toutes ces sociétés ne sont pas occidentales,  d’où notre incompréhension par rapport au discours de Doha.

Hier,  Monsieur Touadera disait que c’est la France qui l’empêche de rendre son pays prospère. Aujourd’hui, après sept ans au pouvoir sans la France, il accuse l’occident d’empêcher les investissements en Centrafrique.

Nous ne comprenons pas la logique de ses accusations d’autant plus que ses soutiens affirment publiquement et sans crainte de poursuites judiciaires vouloir s’en prendre aux intérêts occidentaux.

Avec le soutien de la Russie et les Wagner depuis 2017 en l’absence de la France, il n’est pas honnête d’attribuer aux occidentaux l’état actuel des finances publiques et des infrastructures de base.

L’accusation portée du haut de la tribune de DOHA contre l’occident ne doit pas se faire au nom du peuple Centrafricain. Elle est la réponse de Monsieur Touadera aux exigences de  choix clair  qu’il doit exprimer pour un partenariat soit avec l’Occident ou avec la Russie.

Cette clarté aurait le mérite de responsabiliser sa gouvernance : gouvernance en matière de justice, en matière économique, du respect de la démocratie pluraliste, de la séparation des pouvoirs etc..

L’état de l’économie et des infrastructures de base laisse à désirer :  le pays manque de routes, sa capitale est digne d’un village sans électricité et sans eaux. Il suffit d’atterrir à l’aérodrome Bangui M’poko et descendre au centre ville pour se rendre compte de la gestion de Monsieur Touadera depuis 2016. Et cela n’est sûrement pas de la faute des Occidentaux.

Hier c’était la faute de la France. Mais aujourd’hui, cette affirmation n’est certainement plus souhaitable.

Les déclarations faites par Monsieur Touadera à Doha n’engagent que lui et lui seul et non le peuple centrafricain.

La déforestation et le changement climatique, la poussière dans Bangui et bientôt les inondations, bref tous ces problèmes resteront intacts tant que les  préoccupations de Monsieur  Touadera resteront l’hégémonie Russe et le combat contre l’occident ainsi que le Bitcoin/Sangocoin et la puissance des Wagner.

Les donateurs et les investisseurs viennent essentiellement du monde capitaliste qui est  actuellement opposé à la Russie à travers la guerre en Ukraine. La posture accusatrice lors de cette 5eme conférence des PMA à Doha n’incitera sûrement  pas les pays occidentaux à investir dans le potentiel minier centrafricain.  Car la finalité de ses investissement consiste à dégager des bénéfices pour financer les Wagner et la Russie.

Ce que Monsieur Touadera a dit à Doha au nom de la RCA n’est en définitive pas dans l’intérêt du peuple Centrafricain.

Nous Centrafricains, demandons simplement à Monsieur Touadera de quitter le pouvoir et qu’il parte avec les Wagner en Russie. Avant que le pouvoir ne le quitte !

Fait le 6 mars 2023

Jean-Pierre MARA

Ancien Député

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