Dans mes analyses conjoncturelles de fin 2022, début 2023, j’avais annoncé que la croissance 2023 de la RCA sous Touadéra allait glisser sous les 1%, au mieux, ou basculer en négatif au pire. On en prend la voie. En tout cas, le FMI confirme notre prospective.
Comment vont-ils faire pour augmenter les recettes fiscalo-douanières de l’État en 2024 avec une économie en chute libre et une inflation stratosphérique ? Par de l’endettement à court terme à coup de BTA ou d’OTA dont les rendements approchent les 10%? Ce n’est tenable d’autant plus que c’est de l’endettement qui ne rapporte rien vu que l’investissement public est proche de zéro. Ils s’endettent pour…payer les salaires. La chose la plus idiote au monde à faire quand on est déficit budgétaire.
Quant à l’application par le régime de Touadéra de loi sur la corruption, laissez-moi en rire ! Autant demander à un chien de surveiller le chouiya ! Sans la corruption, le régime ne peut pas tenir. Des gens qui sont devenus milliardaires sans employer personne et on leur demande de lutter contre la corruption ? Le FMI est en train de rêver debout, je pense. La sanction des USA qui vient de tomber contre la RCA concernant l’accord AGOA atteste que la mal-gouvernance est endémique et intrinsèque à ce régime de Touadéra.
Les analystes du FMI, tout en remarquant déjà le retard accusé dans la campagne d’importation du pétrole par voie fluviale, annoncent que la condition pour un redressement de l’économie réponse sur le facteur carburant. Mais en début d’année 2023 dans une des analyses conjoncturelles, je demandais à l’incapable Ministre de l’économie, le premier ministre Félix Moloua, et son collègue des finances tout aussi incapable que lui, Hervé Ndoba, de nous dire sur la base d’un baril à combien de dollars la loi de finance 2023 avait été élaborée. Aucune réponse ! Normal, ces aveugles nous calculent des taux de croissance sans prendre en considération les fluctuations des cours mondiaux du pétrole, alors que le monde est en situation de choc thermique sur les cours des matières premières stratégiques en commençant par l’énergie.
Or le lundi dernier (30 octobre 2023), la Banque Mondiale dévoilait une projection sur les répercussions du conflit opposant Israël aux Palestiniens de Gaza notamment sur le prix des matières premières dont le pétrole. Déjà que la guerre en Ukraine avait fait exploser le record du prix de l’énergie lors des années 1970. Avec ce deuxième conflit dans le Proche-Orient, dans le meilleur des scénarios, le prix du pétrole pourrait monter de 3% à 13%, pour atteindre entre 93 et 102 dollars. Dans le scénario médian, le pétrole atteint une fourchette comprise entre 109 et 121 dollars. Dans le scénario du pire, le pétrole atteint des sommets, entre 140 et 157 dollars, pulvérisant le record établi en 2008 après la crise des subprimes, soit de 147,50 dollars le baril.
Où ces parfaits amateurs de l’économie et des finances, Moloua et Ndoba, vont trouver les ressources pour importer du pétrole à ce prix-là ? Surtout avec un ministre de l’énergie comme Piri, si nul qui ne pense qu’à s’empiffrer. Tout ce qui va se passer, c’est que la crise du carburant en RCA qui, généralement débute vers mai-juin, va se déclencher plus tôt (ça a déjà commencé d’ailleurs) et va durer plus longtemps. En clair, l’économe centrafricaine sera à l’arrêt, les recettes de l’Etat vont plonger, Bangui vivra dans le noir, les salaires ne seront pas ou peu payés et le service de la dette va exploser. Je ne serais étonné que le Gouvernement de Moloua ne se retrouve en défaut de paiement plus vite que prévu. En tout cas, si les turugu ne sont pas payés à cause de l’incompétence de Moloua, Ndoba et Piri, je ne donne pas chère de la chair du régime de Touadéra. Car le COFAC et la CPC encore sur le terrain (FPRC+UPC) ne laisseront pas passer cette occasion.
En attendant, je bois du petit lait tranquillement en les voyant couler.
Fari Shabazz Tahéruka
