Centrafrique : Bras de fer à l’OAPI : quand Touadéra s’en mêle

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Centrafrique : Bras de fer à l’OAPI : quand Touadéra s’en mêle

Depuis que le Centrafricain Jean-Baptiste Wago a perdu son poste de directeur général adjoint de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle, le président Faustin Archange Touadéra s’active pour obtenir sa réintégration.

13 juin 2022 à 16:23

La vie n’est pas un long fleuve tranquille à l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), basée à Yaoundé. En octobre dernier, son directeur général, l’Ivoirien Denis Loukou Bohoussou, a été suspendu à la suite de soupçons de mauvaise gestion. Si la
mesure a finalement été levée deux mois plus tard, elle a provoqué une grave crise interne suivie de près par plusieurs chefs d’État, à commencer par Alassane Ouattara et Patrice Talon. Aujourd’hui, c’est au tour du directeur général adjoint (DGA), le Centrafricain
Jean-Baptiste Wago, d’être en mauvaise posture – et du président Faustin-Archange Touadéra de s’en mêler.

« Actes de rébellion »

Le 13 mai dernier, le conseil d’administration de l’OAPI a en effet décidé de la « révocation avec effet immédiat » de Wago – une sanction prise lors d’une session extraordinaire de l’organisation à Ouagadougou, au Burkina Faso, au cours de laquelle les 17 pays membres étaient représentés par leurs ministres du Commerce.

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Aucune raison officielle n’a été avancée. Mais en interne, cette décision est interprétée comme un nouvel épisode de la crise qui – sur fond de luttes d’influence – secoue le sommet de l’OAPI depuis plusieurs mois. Depuis que Jean-Baptiste Wago a assuré l’intérim de Denis Loukou Bohoussou, du 15 octobre au 10 décembre 2021, le second a en effet acquis la conviction que le premier cherchait à prendre sa place, confiant même à son entourage avoir été victime « d’actes de rébellion ».

Wago contre-attaque

Bien sûr, Wago n’entend pas se laisser faire. Dénonçant une « décision arbitraire », il a entamé des procédures pour obtenir l’annulation de sa révocation. Selon nos informations, il a adressé plusieurs courriers aux membres du conseil d’administration et multiplie les contacts avec les autorités centrafricaines pour solliciter leur soutien. Mais le jour où sa révocation a été actée, il n’a pas bénéficié de l’appui de la ministre centrafricaine du Commerce, Léa Koyassoum Doumta, réputée proche du directeur général. En coulisses, celle-ci critique volontiers « le manque d’humilité et de patriotisme » de Wago et s’oppose à sa réintégration.

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Soucieux de voir des Centrafricains occuper des postes-clés dans les organisations régionales, le président Touadéra est toutefois en désaccord avec sa ministre, à qui il a immédiatement demandé des comptes. Selon nos informations, Léa Koyassoum Doumta lui a fait valoir qu’un autre Centrafricain pourrait succéder à Wago. Mais, selon les textes de l’OAPI, le poste n’est pas automatiquement attribué à un pays : un appel à candidatures a été lancé et c’est un cabinet de recrutement qui se chargera de recevoir et d’étudier les
dossiers.

À Bangui, les conseillers de Touadéra s’activent donc pour tenter de faire rétablir Wago dans ses fonctions. Le chef de l’État compte pour sa part demander à son Premier ministre, Félix Moloua, d’écrire au conseil d’administration pour obtenir gain de cause. On saura le 24 juin, lors de la prochaine session de l’OAPI, s’il est parvenu à sauver la tête du « DGA ».

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Jeune Afrique

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