Centrafrique : bientôt les 850 militaires – retraités dans la rue pour licenciement collectif et abusif

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Faisant suite à l’audience qu’il  a accordée  aux délégués des 850 militaires – retraités, il y a quelques jours, le tout – puissant président de l’assemblée nationale, M. Laurent Ngon Baba, à la solde du pouvoir de Bangui, a immédiatement convoqué le lundi 13 mai 2019 le premier ministre Ngrébada et quelques membres de son gouvernement pour une audition par le bureau de l’assemblée nationale.

Au sortir de cette rencontre et dans son compte – rendu fait à l’endroit de l’opinion nationale et internationale, l’inspecteur de travail et des lois sociales Firmin Ngrébada n’est pas passé par quatre chemins pour déclarer qu’après le rapport des experts instruits régulièrement à cet effet, son gouvernement n’a retenu  qu’un seul point des quatre inscrits dans leur cahier de revendications déposé depuis plusieurs mois : le paiement ou plus exactement le remboursement  des salaires de 2000 et de 2001 payés mais détournés par les billetaires avec la complicité active des contrôleurs de solde et des inspecteurs du trésor. Quant aux trois (3) autres, à savoir la mise en place d’une commission chargée de  la révision de leurs grades, les conséquences de la loi d’amnistie sur le plan civil et les mesures d’accompagnement, il leur a demandé de saisir la justice qui aura compétence pour traiter en la matière et leur réserver une suite favorable ou défavorable ; car, selon lui, toutes les obligations et les engagements de l’Etat à ce sujet ont été satisfaits et documentés.

Interrogé sur ce qu’il pense de cette décision du gouvernement, l’un de ces 850 militaires – retraités, formé à Kotakoli au Zaïre et l’un des acteurs des sanglantes mutineries des années 95-96 et 97, s’est exclamé très mécontent en ces termes : « Si cet inspecteur de travail et des lois sociales ne le sait pas, nous devons lui dire que nous avons été tout simplement victimes d’un licenciement collectif, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de restructuration des forces armées centrafricaines. A ce titre, nous ne devrons pas  être régis, selon les dispositions légales portant mise à la retraite des militaires. Notre situation, du fait de ce caractère urgent, exceptionnel et indépendant de notre volonté, devait, devrait et doit  être traitée aussi de manière exceptionnelle. D’où nos revendications. Et c’est ce qui nous avait été dit et proposé par le gouvernement d’un commun accord avec ses partenaires traditionnels. Malheureusement, ce même gouvernement qui s’était engagé, non seulement se rétracte et se déjuge, mais surtout semble fouler allègrement, par la voix de son premier ministre, de surcroît un inspecteur de travail et des lois sociales, les dispositions de l’ordonnance n°73/93 du 09 novembre 1973 interdisant tout licenciement collectif et abusif, sous peine de dédommagements exorbitants par l’employeur. Face à cette flagrante  violation de la loi et du non – respect de la parole et des engagements pris, nous réagirons dans les heures et les jours à venir en tant que militaires »

Ceci étant, comme nous l’avons dit, dès le déclenchement de cette affaire, le gouvernement n’aurait pas dû accepter de mettre à la retraite d’office ces 850 militaires – retraités, s’il ne s’était pas préalablement assuré des mesures à prendre – ce que l’on a appelé effectivement mesures d’accompagnement – afin de rendre possible leur insertion socio – professionnelle, à court et moyen termes,  de préserver la quiétude nationale et de garantir la sécurité.

Or, malheureusement tel n’a pas été le cas. Tout a été fait à la – va – vite. Et Patatras ! Des grades et des indices de solde mal calculés, la non – prise en compte des arriérés de salaires payés et détournés, la notion des mesures d’accompagnement non appropriée par les uns et les autres et une absence de consensus autour de la question de la loi d’amnistie. Prenez par exemple  le cas des salaires payés et détournés, n’en avait – on pas parlé depuis longtemps ? Pourquoi dès lors  aucune disposition administrative et technique n’avait – elle été prise pour rendre possibles leurs remboursements à leur bénéficiaires ou ayants – droit, identifier et pour mettre en débet les auteurs de ces irrégularités manifestes et leurs complices ? Devrait – on attendre  tout ce temps pour s’en rendre compte hic et nunc, alors que les intéressés sont dans l’impérieuse nécessité afin de subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles ?

Cela s’appelle tout simplement faire preuve d’absence de vision et de courage politiques,  d’incompétence notoire, de négligence et de faute lourde dans l’exercice de  ses fonctions. Et leurs conséquences sont généralement catastrophiques pour tout Etat si fragile comme le nôtre. Fort malheureusement, nous y sommes déjà et nous devons en faire inévitablement les frais.  A qui donc la faute si ces 850 militaires – retraités venaient à mettre leurs menaces à exécution  dans les heures ou les jours à venir ?

Evidemment,  à Touadéra, Sarandji, Ngrébada et Autres.

La rédaction

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