CENTRAFRIQUE: ARRESTATION DU PORTE-PAROLE DU GROUPE DE TRAVAIL DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET GRAVES MENACES SUR SES COLLABORATEURS

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La Section de recherches et d’investigations (SRI), une structure politico-judiciaire de la Gendarmerie nationale centrafricaine, a maintenu en garde à vue dans ses locaux depuis hier jeudi 18 avril 2019, dans l’après-midi, Paul Crescent Beninga, ci-devant porte-parole du Groupe de travail de la Société civile (GTSC). Et pour cause.
L’affaire fait suite à un appel lancé par le GTSC, une plateforme qui regroupe plusieurs associations et ONG apolitiques centrafricaines, à l’endroit de la population de Bangui, pour participer à une marche pacifique le lundi 15 avril dernier, laquelle marche devait être transformée en journée ville morte au cas où le gouvernement empêchait la tenue de la marche qui avait pour but, selon les initiateurs, de dénoncer le manque d’eau potable à Bangui et la nomination des responsables des groupes armés criminels à des postes de responsabilité dans le gouvernement, les hautes institutions de l’Etat et l’Administration publique.
Convoqué par le parquet de Bangui hier à 9h, Paul Crescent Beninga a été brièvement entendu par le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Bangui qui l’a immédiatement mis à la disposition de la SRI pour audition. A la fin de l’audition, l’enquêteur en charge du dossier lui a notifié la décision du procureur de Bangui de le mettre en garde à vue pour nécessités d’enquêtes.
Rien d’étonnant puisque le week end dernier déjà, le procureur général près la Cour d’appel de Bangui, le magistrat hors hiérarchie Eric Didier Tambo, avait qualifié l’appel à la ville morte de crimes dont celui d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, et précisé les dispositions de la loi pénale qui s’appliquent dans le cas d’espèce. Du coup, un mandat d’arrêt a été décerné contre Beninga suite auquel sa maison et le bureau de son ONG ont été perquisitionnés par les forces de l’ordre.
Il convient de préciser que Gervais Lakosso, ancien parlementaire de la transition, ancien porte-parole du GTSC et non moins leader de la Société civile, ainsi qu’une femme leader de la Société civile, ont été également entendus sur procès-verbal ce jeudi à la SRI dans la même affaire, mais ils n’ont pas été privés de leur liberté comme Béninga. Ce vendredi matin, c’est autour de Maître Bruno Hyacinthe Gbiegba, avocat au barreau de Centrafrique, ancien parlementaire de la transition et leader des ONG défenseures des droits de l’homme, d’être convoqué à la SRI où il a été entendu pendant des heures, sur la même affaire. L’audition durait tellement que plusieurs leaders et membres de la Société civile avaient envahi les alentours de la SRI dans le but de se constituer prisonniers. S’en est suivi un défilé des avocats du barreau de Centrafrique qui étaient allés se constituer pour défendre la cause de leur collègue qu’ils considèrent comme étant « victime de l’arbitraire » (sic).
Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, les partis politiques de l’opposition démocratique se sont réunis au siège du parti URCA d’Anicet-Georges Dologuélé à Sica 2 pour échanger sur cette affaire. Selon de gentilles indiscrétions, les leaders de l’opposition démocratique auraient, à l’unanimité:
-regretté, dénoncé et condamné fermement l’arrestation du porte-parole du GTSC et les menaces qui pèsent sur les leaders de la Société civile « qui n’ont joué que leur rôle de défenseurs de la constitution et des intérêts du peuple face à l’irresponsabilité notoire des pouvoirs publics qui refusent l’eau à la population » (sic);
-décidé de demander une audience auprès du Premier ministre, chef du gouvernement, pour lui exprimer de vive voix leur indignation et leur préoccupation face à cette « dictature rampante » (sic) et exiger de lui: (i) la libération immédiate et inconditionnelle de M. Béninga, (ii) la cessation des convocations judiciaires des leaders de la Société civile, et, enfin, (iii) la cessation de l’utilisation des médias d’Etat pour diaboliser la Société civile et l’opposition démocratique;
-décidé d’aller se constituer prisonniers volontaires au vas où leurs demandes n’étaient pas prises en compte par le gouvernement. Pour ce faire et d’ailleurs, la plupart des leaders de l’opposition démocratique étaient habillés en pantalons jean, velours, et autres vêtements et chaussures adaptés à la vie carcérale.
La pression était tellement forte que Me Gbiegba a été prié de rentrer dans les environs de 14h, après une audition qui a duré. Connaissant les convocations et auditions à la police judiciaire les vendredis, il y avait de quoi. Toutefois, Paul Crescent Béninga est toujours gardé à vue à la SRI.
Les porte-paroles de la population qui réclament l’eau, l’électricité, la paix, la sécurité, la dignité du Centrafricain et le respect de la constitution sont en prison ou menacés d’emprisonnement, tandis que les assassins du peuple et violateurs de la constitution et des droits de l’homme sont nommés de façon insolente à de hautes fonctions d’Etat, ont droit à des tapis rouges, des tasses de thé et des plats d’or au Palais. Ainsi va la vie à la très très très démocratique République de Touadéra.
Affaire à suivre.
Par Damoclès Diriwo
Source: MEDIAS+

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