L’ancien chef de la rébellion centrafricaine qui avait pris le pouvoir par les armes en 2013 est de retour à Bangui. Michel Djotodia a rencontré l’actuel président après six ans d’exil et à moins d’un an de l’élection présidentielle.
Si la présidence n’a pas communiqué sur la rencontre, Michel Djotodia, unique et éphémère chef de l’Etat musulman de l’histoire de la Centrafrique, avait déclaré avant la rencontre souhaiter être « le dernier rebelle centrafricain », même si le pays est toujours contrôlé à 70% par des groupes armés.
A son arrivée à son hôtel de Bangui, tout juste descendu d’un vol de Royal Air Maroc en provenance de Casablanca via Douala au Cameroun, il a été acclamé par une trentaine de ses partisans, a constaté sur place un journaliste de l’Agence France Presse. En les saluant, il était suivi de près par des officiers de l’armée et de la police centrafricaines chargés de sa protection.
« Pacifier le pays »
« 2020 sera une année de paix, je ne suis plus un homme de guerre, je suis un homme de paix« , a lancé l’ex-chef putschiste aux journalistes. « J’appelle tous les rebelles à patienter. Il y a un accord de paix qui a été signé. Il est temps que nous tous, combattants et tous les Centrafricains, on se lève pour pacifier le pays« , a-t-il ajouté dans un court entretien avec l’AFP.
Le 6 février 2019 à Khartoum, un accord de paix a été signé entre le gouvernement et 14 groupes armés, mais aussi entre ces groupes eux-mêmes. Depuis, les combats sont moins nombreux mais n’ont pas réellement cessé. La guerre civile persiste sous la forme d’accès de violence plus sporadiques entre groupes rebelles. Ces combats continuent de faire de nombreuses victimes parmi les civils.
Près d’un quart des quelque 4,7 millions d’habitants de ce pays parmi les plus pauvres du monde ont fui leurs domiciles depuis 2013.
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A 71 ans, Michel Djotodia revient donc au pays après six années d’exil au Bénin et 24 jours après le retour à Bangui de François Bozizé, le président qu’il avait renversé par les armes avant de s’autoproclamer chef de l’Etat le 24 mars 2013.
M. Djotodia était alors à la tête de la rébellion de la Séléka, dominée par la communauté musulmane, un mouvement qu’il avait fondé et dissout le mois suivant sa prise du pouvoir, mais qui a continué à combattre des groupes d’auto-défense appelés anti-balakas, à majorité chrétienne.
Fuite au Bénin
Rapidement dépassé par ses combattants et par les affrontements très meurtriers pour les civils, cet homme plutôt discret, qui répétait alors qu’il n’avait « pas envie de se maintenir au pouvoir« , a été contraint de démissionner le 10 janvier 2014 avant de fuir au Bénin, après une intervention de l’armée française dans une opération baptisée Sangaris, en appui d’une résolution de l’ONU pour mettre fin aux tueries.
Considérablement affaiblie par Sangaris et la force multinationale africaine MISCA, l’ex-Séléka avait dû se retirer de Bangui début 2014, et s’était repliée sur ses fiefs du nord du pays et s’était divisée, disséminant ses forces en une multitude de groupes armés rebelles.
Michel Djotodia, qui a vécu auparavant de longues années à l’étranger, en particulier en URSS, était aussi l’un des principaux fondateurs puis chef de la rébellion de l’Union des Forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), mouvement à l’origine de la première guerre civile centrafricaine, de 2004 à 2008, sous la présidence de Bozizé, lequel avait lui-même pris le pouvoir par un coup d’Etat en 2003.
Des intentions électorales ?
Le 16 décembre dernier, François Bozizé a effectué à Bangui un retour d’abord en catimini, puis triomphal six jours plus tard, acclamé par des milliers de partisans dans la capitale et dont les slogans l’incitaient à « prendre le pouvoir ». Il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par la Centrafrique en 2013 pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide » et également sous sanction des Nations unies pour son rôle dans les sanglants affrontements de 2013.
François Bozizé est rentré juste à temps pour pouvoir déposer une candidature à l’élection présidentielle prévue fin 2020, mais est resté vague sur ses intentions. Rien n’a filtré pour l’heure sur celles de Michel Djotodia.
