Centrafrique : « Affaire modification de la Constitution » : l’audition des partis politiques ou le piège à rats de Touadéra

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Après avoir débouté à grands coups d’argent, de corruption et de menaces de la part du Gangster de Bangui, le mercredi 27 mai 2020, les partis politiques membres de la COD – 2020 de leur requête relative à l’illégalité et l’illégitimité de l’agence nationale des élections en RCA en abrégé « ANE », Mme Danièle Darlan, invisible ces derniers temps pour raison de santé, semble – t – il, et les sept (7) juges ont commencé à auditionner, le jeudi 28 mai 2020, les leaders de certains partis politiques, régulièrement convoqués, sur l’initiative de la révision constitutionnelle dont elle a été saisie par l’assemblée nationale. Retenus sur la base des critères dont l’on ignore tout des indicateurs, ceux – ci ont été invités à donner leurs points de vue sur cette proposition de loi diluée en un projet de loi par un conseil des ministres, selon les desiderata du maître de céans.

Aussi paradoxale, surprenante et qu’invraisemblable que puisse paraître cette démarche si manifestement trop bien particulière initiée à la demande du Gangster de Bangui par la cour constitutionnelle, organe juridictionnel et non une structure politique nationale et permanente de concertations, de dialogue et de règlement de conflits, dont la mission est de défendre la constitution, de réguler le fonctionnement des institutions et de protéger les droits fondamentaux et les libertés des citoyens, n’est ni plus ou moins qu’un piège à rats ou un attrape – nigaud comme l’a martelé avec énergie le Pr Jean – François Akandji – Kombé sur Bangui FM lors du débat sur le tripatouillage de la constitution en compagnie de Vincent Mambachacka et animé par Adrien Poussou.

Telle que définie ci – dessus, cette méthode d’entendre des acteurs politiques,  laquelle est  du ressort du conseil national de la médiation placé sous la responsabilité du magistrat Jacques Mbosso, au lieu de dire tout simplement le droit relève d’une grossière ruse, savamment conçue et mise en œuvre par le roublard de Bangui dans le seul but de se servir, le moment venu, de leur avis et des rapports de leurs différentes auditions comme éléments de preuves irréfutables de leur adhésion et de leur caution à son projet loufoque et criminel de modification de la constitution, de déstabilisation des institutions républicaines et de liquidation de notre démocratie, chèrement acquise dans les années 90 au prix d’âpres luttes et de grands sacrifices.

En effet, il ne saurait en être autrement tant, même si leur participation à ce macabre spectacle, celui d’égorger cette constitution sur l’autel de bas, puants et partisans intérêts d’un groupuscule d’individus peut se justifier par leur rejet systématique et systémique de la politique de la chaise vide, non seulement le respect scrupuleux des dispositions de l’article 35 de cette loi fondamentale et la notion sacrée de la séparation des pouvoirs entre les différentes institutions leur interdisent formellement de déférer à cette invitation – ce qui ferait d’eux et a fini par faire d’eux de violeurs et de tripatouilleurs de la constitution au même titre que Touadéra, donc ses complices dans ce crime de haute trahison – mais surtout la substitution des dispositions de article sus- mentionné dont il a été question dans l’initiative parlementaire défendue les députés Dimbélet et Mapenzi  par celles consacrées par l’article 36 tel qu’il est désormais fait objet dans le projet de loi qui n’est en réalité que cette proposition de loi initiale, astucieusement tripatouillée par le conseil des ministres à la demande du Gangster de Bangui, aurait dû éveiller leur attention sur la grande machination en cours d’exécution.

Se sont – ils, une seule fois, rendus compte de la gravité de la situation dans laquelle ils se sont fourrés et des conséquences énoncées et soutenues ci – dessus de leur participation à ces auditions sur la suite des événements et dans l’opinion tant nationale qu’internationale ? Rien n’est moins sûr, sinon ils ne se seraient pas embarqués dans cette malheureuse aventure. Ainsi donc, peut – être sans le vouloir et tout en étant même de bonne foi, c’est – à – dire prouver à leurs partenaires d’en face qu’ils sont toujours disposés à donner leur avis sur cette épineuse et si sensible question de révision constitutionnelle, ils ont décidé de soutenir à leur manière les manœuvres du Gangster de Bangui. Le connaissant, le roublard de Bangui qui fait dérouler tranquillement son plan, utilisera leurs dépositions contre eux et comme un acte de concertations. C’est ce qui adviendra dans les tout prochains, puisqu’il est déjà allé trop loin pour pouvoir reculer. C’est ce que l’opinion retient aujourd’hui de ce qui se passe actuellement sous nos yeux comme dans un film d’action.

Mais, au – delà de ce grand complot en cours de réalisation contre la loi fondamentale et la constitution, une chose est plus que sûre : les acteurs politiques ne constituent pas et ne représentent pas le peuple centrafricain dans toute son entièreté. Quoique sujets principaux de la vie démocratique et de l’animation politique nationale, les partis politiques jouent certes un rôle primordial, mais ne peuvent pas se substituer en l’espèce, c’est – à – dire dans cette affaire de modification de la constitution, au peuple, seul détenteur du pouvoir souverain qui l’exprime au suffrage universel direct ou par voie de référendum. Et les pouvoirs confiés à  cette entité qui s’appelle « peuple » dans la défense et la consolidation des acquis démocratiques, des droits fondamentaux et des libertés sont renforcés par les missions d’éveil de conscience des citoyens et de rempart dévolues à la société civile, aux confessions religieuses, aux syndicats, aux organisations de la femme et de la jeunesse et aux professionnels des médias. Pourquoi alors toutes ces forces vives de la nation n’ont – elles pas été convoquées et auditionnées par la cour constitutionnelle ? Seront – elles entendues prochainement par le conseil national de la médiation ? Rien n’est moins sûr.

Tout simplement parce que le Gangster de Bangui a décidé de se passer tout bonnement de leurs avis, tout comme il a superbement opté de marcher fièrement sur les dispositions de la constitution selon lesquelles le parlement est composé de l’assemblée nationale et du sénat. Cela s’appelle tout simplement de ce fait  un coup d’état constitutionnel contre lequel tous les Centrafricains doivent se lever comme un seul homme.

Jean – Paul Naïba

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