Centrafrique : Affaire MOCAF…ou une piteuse manipulation gouvernementale

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BANGUI [LNC] – Mensonges, enfumages, rétentions d’informations, inculture commerciale, pressions occultes…. L’affaire MOCAF est loin d’êtres aussi simple qu’elle parut l’être en apparence de prime abord.
La brasserie jetée à la vindicte des téteurs de mousse par le ministre du commerce. Pas si simple.
Si la réunion tripartite de Mardi dernier entre le ministère du commerce, les grossistes et le brasseur avait si mal tourné, c’est qu’il y avait une très bonne raison à cela.
La colère du PDG de la société se justifie à posteriori.
Même si Radio Ndèkè Luka de lui reprocher de manquer de respect au gouvernement.
DES RHÉTORIQUES TRÈS PARLANTES
Pourquoi le ministre Côme Assane s’ingéniait-il pour préciser que :
« Cette augmentation vient de la MOCAF elle-même. [..] Ce qui se passe à la MOCAF, n’engage ni le gouvernement, ni le chef de l’état.” ?
Quel était l’intérêt de se spécifier par avance, comme pour dédouaner le gouvernement et le chef de l’état, dans une affaire de banale hausse de prix par une compagnie commerciale, à fortiori privée ?
Pourquoi Thierry Bérenger, le PDG de la MOCAF était-il si en colère en déclarant ? :
“Comment pouvez-vous dire aujourd’hui, que la MOCAF a agi seule dans son coin ? Comment pouvez-vous reprocher à la MOCAF de constamment avoir des problèmes ? [..] Je vous prie, je vous en supplie, arrêtez ce procès stupide contre la MOCAF.” ?
En vérité, toute cette affaire n’est qu’une somme de NON-DITS et de MENSONGES, sur un dossier complètement pipé, manipulé et biaisé par le gouvernement et le Parlement centrafricain; avec en final, le point d’orgue, la MOCAF comme parfaite victime expiatoire à offrir aux consommateurs.
LE CITRON PRESSÉ, LA VÉRITÉ SI JE MENS !
Contrairement aux idées naïvement reçues, le Fond Monétaire International (FMI), n’avance pas de l’argent aux pays pauvres et en faillite comme le Centrafrique par simple bonté d’âme. Il y a des conditions, souvent draconiennes à cela.
A Bangui, le FMI a imposé à la RCA de se débrouiller pour lever des recettes fiscales. Et si possible, en faisant pression sur les rares entreprises dans le pays en situation de payer.
La MOCAF à ce jeu là venait en pole position, en tant que plus gros contribuable du pays.
Et plus encore, en tant qu’acteur sur le marché des boissons essentiellement alcoolisées. Un secteur que la démagogie du FMI force toujours les pays sous sa tutelle à racketter.
Par la suite, le Parlement centrafricain a bel et bien voté une hausse des taxes sur ces produits pour dès le 1er janvier, via la LOI DE FINANCE POUR 2018. Prise de court, la MOCAF a réagi, en répercutant cette taxe sur ses prix. Soit, une augmentation de 20 F CFA sur les petites bouteilles de 33 cl et de 40 F sur les « grandes » bouteilles, de 65 cl.
Ce n’était donc pas une décision unilatérale de la MOCAF, comme le prétend Côme Assane, mais la conséquence de hausses de prix votées préalablement par les députés, avec le plein accord du gouvernement.
Dans la mesure ou le gouvernement et le Parlement se sont abstenus de communiquer sur le sujet, la grosse colère des grossistes et des détaillants des produits MOCAF s’expliquait.
Et suprême perfidie, le ministère du Commerce appuie leur colère en toute iniquité et populisme, dans ce qui s’apparente bel et bien à un faux procès à la soviétique à la MOCAF.
ZIGUÉLÉ ET SES FARFELUS « DROITS D’ASSISE »
A écouter le député Martin ZIGUÉLÉ (MLPC), le président de la commission des fiances au Parlement, la loi de finance autorise une hausse de prix de certains produits. Mais les entreprises affectées ont interdiction de les répercuter sur les prix au détail de leurs marchandises. Une absurdité économique que Ziguélé ne se gêne pas pour justifier, ce qui n’est tout simplement que du racket légal :
« Le gouvernement dispose d’un outil qu’on appelle les Droits d’assise. C’est un impôt que l’Etat, dans le cadre de la CEMAC, a décidé d’étendre aux produits de consommation alcoolisée de luxe […] Ces Droits d’assise là, l’Etat constate l’entrée des produits au cordon douanier, les ajuste, et les impose sur ces produits importés. Mais l’Etat les applique aussi à la production locale. […] La brasserie MOCAF paye des droits d’assise qui sont évalués en montant. Mais attention, ces Droits d’assise n’impliquent pas automatiquement le prix de ces produits au public. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans un Etat organisé. Lorsqu’une entreprise veut augmenter ses prix, elle a un cheminement à suivre. »
Commentaire à propos de l’économiste centrafricain Magloire LAMINE :
 » […] Ce type de prédation fiscale est dangereuse, et un non sens économique. L’Etat, faute de ressources fiscales, étant donné la situation désespérée du pays, en est rendu à des expédients amateurs, consistant à taxer les rares entreprises productives et rentables, mais, avec interdiction de ne pas répercuter ces hausses des taxes dans les prix de leurs productions. Ce qui est tout simplement débile. Les entreprises doivent donc subir des surcoûts, non pas de production, mais de pression fiscales. Ce qui revient à dire qu’elles affaiblissent leurs capacités de production malgré elles, et donc de pérennité à moyen terme. Et ce genre de blague n’est jamais sans conséquence. Le risque est grand de voir d’ici peu des vagues de réduction de personnel dans ces sociétés. Car nécessairement fragilisées. […] Sur de soit disant obligations faites aux entreprises de ne pas augmenter leurs prix de vente sans l’aval du ministère du commerce, nous aimerions bien voir ou ceci est écrit. Tous les commerçants sur les marchés qui augmentent leurs prix de vente du fait de la crise passent-ils aussi par l’aval du ministère ? Évidemment que non. Tout ceci n’est que de l’enfumage gouvernemental. »
© Janvier 2018 – LAMINE MEDIA

Source : LNC

Nota Bene : Sur ce sujet, voici ce qu’en pense un compatriote : « ON NE BAISSERA PAS LES PRIX DE LA BOISSON A BANGUI . NOUS AVONS FINANCÉ LA COMPAGNE DU PRÉSIDENT TOUADERA. VIVE LA CORRUPTION AU SOMMET DE L’ÉTAT. La rencontre d’hier au cabinet du ministre de commerce avec le DG de la brasserie mocaf ? En effet , le ministre a sommé ce dernier de diminuer le prix des bières qu’il a augmenté depuis fort longtemps sans consulter le ministère. Mais le DG n’a pas accepté et a proféré des menaces aux membres du gouvernement lui faisant clairement savoir qu’il n’a pas de compte à lui rendre sur cette question . Pourquoi cette réaction du DG ? Lors d’une réunion entre eux , il a laché ces mots : <<…Nous avons financé la campagne du président Touadera donc nous avons contribué à son ascension au pouvoir. Alors tant qu’il est encore là, nous fonctionnerons selon nos règles personnelles. Mais si un petit ministre de commerce pense qu’il peut nous imposer de diminuer le prix de quoi que ce soit, il ne tardera pas certainement à se retrouver en chômage…>>. Ainsi fonctionne l’administration au pays du neveux africain de Pythagore » .

La rédaction

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