Centrafrique : « Affaire KEROZENE » : ils sont bêtes et insensibles aux souffrances de tout un peuple, ces farfelus !

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Dans les temps qui courent et dans un contexte suffisamment délétère, nous apprenons qu’une société privée de droit centrafricain a décidé de produire (c’est le terme d’usage) une série de concerts artistiques mettant au-devant de la scène l’artiste chanteur ivoirien dénommé KÉROSÈNE, lequel partagera le podium avec des jeunes talents musicaux centrafricains. Cet événement prévu autour du 8 mars prochain, date symbolique pour la défense et la promotion des droits de la femme paraît en effet une bonne chose; il est toujours bon de joindre l’utile à l’agréable.

Cependant, il apparaît de plus en plus coutumier que, malgré la morosité du contexte socio-économique et un climat sécuritaire national gangrené par des atteintes graves et morbides à la quiétude, à la sécurité et aux libertés fondamentales du citoyen, les centrafricains ne semblent toujours pas encore compris qu’il y a un temps pour tout et que ces temps-ci ne sont pas du tout propices à la conception et à l’organisation de tels événements.

Il n’est nullement question ici de dissuader une quelconque entreprise de faire sa promotion publicitaire, encore moins un mécénat d’entreprise qui pourrait se reconnaître dans la promotion de ces valeurs féminines voire féministes, dès lors que son éthique entrepreneuriale serait au diapason. Mais là où le bât blesse, c’est que ces promoteurs du genre semblent ignorer leur rôle économique et social dans l’édification d’une nation dans un tel contexte; pis, ils apparaissent hors sol et complètement insensibles aux souffrances des populations auxquelles ils appartiennent; lesquelles populations seraient a contrario sans doute médusées de voir le cortège du tintamarre défiler devant elles. Des sommes d’argent faramineuses seront alors englouties, hélas avec honneur et plaisir par ceux qui le peuvent, oubliant de lire la moindre souffrance dans les yeux de leurs  voisins qui eux continueront de tirer le diable par la queue pour survivre.

C’est pour cette raison que le défunt président français Jacques CHIRAC disait que « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs… » ; certes parlait-il du danger que court notre planète sous le poids quasi inexorable du dérèglement climatique du fait de l’homme bien sûr mais cette phrase célèbre sonne encore dans les oreilles qui veulent bien l’entendre et est toujours d’actualité. Le parallèle est ainsi fait avec l’état d’un pays, le nôtre, totalement déliquescent et décadent du fait de l’irresponsabilité d’une certaine  élite au pouvoir, plus préoccupée par l’accaparement illicite et illégal de biens publics que par le « vrai travail », source de relèvement et de progrès social pour tous.

De même, certains se souviendront que lors d’une manifestation organisée par l’opposition politique centrafricaine à Paris le 13 août 2022, sauf erreur, pour dénoncer l’ingérence  politique néfaste du président Paul KAGAME dans les affaires intérieures centrafricaines et l’invasion barbare et systémique rwandaise en terre de Centrafrique, un quidam congolais, partageant la même préoccupation, avait pris la parole pour alerter, faire une mise en garde et appeler à une prise de conscience urgente, responsable et politique des centrafricains face à ce danger qui nous guettait. Trop tard! Cet ami et frère congolais avait raison. En substance, il expliquait que les congolais de tout temps gaspillaient leur énergie et leurs moyens à danser et à jouir des délices épicuriens éphémères de leur existence pendant que la pieuvre rwandaise gagnait leur cité. Aujourd’hui, un peu tardivement comme des intervenants de la 25ème heure, ces congolais sont sans doute dépassés et résignés à vouloir faire la guerre aux Rwandais pour tenter de libérer leur grand et riche pays.

La morale de cette histoire est qu’au-delà d’une certaine appréciation illusoire faite par une certaine catégorie de centrafricains qui estiment à tort que « Bangui est doux » pour ne pas dire « Bangui est douce », car c’est « Bangui la coquette » et non « Bangui le coquet », une prise de conscience générale devra être promue et que les centrafricains puissent agir en tenant compte avant tout des enjeux socio-politiques et géopolitiques auxquels la RCA fait face. Le temps n’est pas à la distraction, désolé; nos populations ont tellement souffert et elles continuent encore sans voir une lueur d’espoir de sortie du tunnel.

La jeunesse centrafricaine, espoir de demain, mérite mieux; elle attendrait plus de perspective de la part d’une entreprise locale en termes d’écoles de qualité, d’emplois et d’investissements productifs plutôt que de la distraction improductive. Ces «nouveaux patrons » centrafricains doivent savoir qu’il existe des « loisirs saints », porteurs de changement de comportements, vecteurs de cohésion sociale et du vivre ensemble. Que ceux-ci, grâce à leurs milliards obtenus tantôt honnêtement, tantôt par la petite porte, en plongeant la main dans les caisses de l’Etat ou en détournant des crédits ouverts dans la loi de finances, puissent opter pour un mécénat à l’allure philanthropique que de payer des artistes déjà connus à travers le monde et immensément riches par leurs musiques qui se lisent à presque zéro frais désormais sur les plateformes dites de streaming.

Dès la sortie du Ledger Plazza, dès la sortie de Bangui intra-muros, on peut aisément lire la détresse de nos concitoyens plongés dans le désespoir et pris dans la tourmente d’un pouvoir agonisant et qui n’a plus rien à leur offrir. Ceci est d’autant plus insupportable, voire insensé que l’organisation de tels événements devrait donner à réfléchir « ex ante ». C’est avant tout une question de conscience patriotique, d’un sens aiguë du devoir face au poids de dures réalités que je nous partage cette opinion.

J’ai dit…

Lu Pour Vous

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