Centrafrique : « Affaire Henri Grothe » : Touadéra recule et se lave les mains comme toujours

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Des sources policières proches de la présidence de la République et des milieux judiciaires ont rapporté à notre rédaction que le Gangster de Bangui n’est pas, fort étonnement, au courant des tracasseries administratives et politico –judiciaires dont a été victime, de la part du commissaire de l’aéroport international Bangui M’Poko, le lanceur d’alerte et dorénavant directeur de cabinet du secrétaire général du KNK Henri Grothe, suite à une décision prise à l’issue des travaux du 2ème congrès ordinaire de son parti du 24 au 25 juillet 2020, à Bangui.

En aucun moment, il n’a eu à donner des instructions aux autorités en charge de la police de l’air et des frontières ou à leurs supérieurs hiérarchiques les plus immédiats pour que ce dernier eût, le mardi 21 juillet 2020, à sa descente d’Air France au départ de Paris, fait l’objet d’un enlèvement, d’une séquestration et d’une torture morale, d’une part, et que ses effets personnels eussent été minutieusement fouillés et tous ses équipements informatiques – son ordinateur, son disque dur et sa tablette – et ses deux téléphones saisis depuis lors, d’autre part. Et l’homme de conclure en ces termes : « Que ceux qui se sont rendus coupables de ces forfaits puissent en assumer l’entière responsabilité et les réparer dans les meilleurs délais ! »

Ces gentilles indiscrétions faites à ceux qui ont l’habitude de le fréquenter ou de s’asseoir à sa table relèvent du déjà entendu. Mieux, elles sont caractéristiques de l’homme et de sa gouvernance, car jamais, depuis le 30 mars 2016, Touadéra n’a été informé des actes de graves atteintes aux droits humains dont son peuple et ses compatriotes sont régulièrement victimes et dont la responsabilité incombe aux groupes armés, ses partenaires privilégiés, et à ses plus proches collaborateurs. Jamais, il n’a été tenu au courant des massacres de Lémouna, Djoum-Djoum, Koundjili et Bohong ! Jamais, il n’a su ce qui s’était passé à l’Eglise Notre Dame de Fatima, à Séko, Bambari, Alindao, Bria, Birao, Ndélé, Mingala, Ouadda, Mobaye, Zémio, Bambouti, Kaga – Bandoro, Kabo, Batangafo, Bozoum, Bangassou et à Obo où des tueries ont été perpétrées, des villages et greniers incendiés, des prêtres enfumés, des églises brûlées et pillées, les forces armées centrafricaines attaquées et des édifices publics occupés illégalement par des hordes de mercenaires sans foi ni loi !

Comment alors le mathématicien de Boy – Rabé pouvait-il du jour au lendemain devenir l’homme le plus informé de toute la République et savoir ce qui est arrivé à un certain Henri Grothe ? N’était – ce pas ce qu’il avait laissé entendre à ses proches collaborateurs, plusieurs jours après l’arrestation arbitraire du coordonnateur du Chemin de l’Espérance Fari Tahéruka Shabazz et celle du porte – parole du GTSC Crescent Béninga ? Qu’avait – il dit aux membres du G5 qui lui avaient rendu visite et qui voulaient en connaitre davantage de sa part sur les raisons de la procédure de destitution engagée contre le président de l’assemblée nationale Abdoul Karim Méckassoua ? L’homme ne s’était – il pas caché derrière la notion de séparation de pouvoirs, tout comme son silence l’a démontré au lendemain de la procédure de la modification de la constitution initiée par son propre groupe parlementaire ? Non, ce Monsieur n’a jamais été informé de ce qui s’est passé et se passe dans son propre pays, devenu la République des Groupes Armés et du Centre de Nulle Part.

Mais aussi malicieux et cynique qu’il est sans toutefois avoir l’honnêteté et le courage politique de l’admettre, « l’Affaire Henri Grothe » risque de constituer un gros caillou glissé dans sa paire de chaussures, s’il continue de jouer à l’autruche. En effet, selon des révélations faites à nous par les conseils de ce dernier et des sources policières, Touadéra sait qui veut faire humilier Henri Grothe ; car, c’est de cela dont il s’agit en l’espèce. Lui faire subir des actes d’humiliations par des petits agents de la police, si jamais il devait répondre à la dernière convocation qui lui a été adressée par la DSPJ, pour ce mardi 11 août 2020, suite à celle de la DSPA. Et ce, pour la simple raison que son dossier serait vide et que les magistrats interrogés à ce sujet refuseraient de se laisser instrumentaliser dans cette affaire de règlement de compte à des fins politiques contre un homme très proche de l’ancien président François Bozizé et le fils d’un haut magistrat à la retraite.

Mais pourquoi donc toutes ces tracasseries ? Utiliser les institutions de l’Etat et des hommes de basses besognes pour faire à Henri Grothe boire la tasse jusqu’à la lie, à cause de sa plume acérée et incisive et ses analyses citoyennes, régulièrement jugées trop critiques, trop gênantes et trop humiliantes pour le pouvoir de Bangui, ceux qui s’y identifient et qui ont pour noms Gouandjika, Mbata, Sébiro, Zokoué et Autres, tel est le but inavoué poursuivi par ses détracteurs. Ces noms, Touadéra les connait et peut ne pas dire aujourd’hui qu’il n’a jamais serré les mains des personnes qui les portent. Ce sont ses proches collaborateurs et lui leur supérieur hiérarchique le plus direct ; à ce titre, il peut répondre ou être poursuivi des conséquences des actes qu’ils auront posés dans l’exercice de leurs fonctions. Tout comme Jean – Pierre Bemba arrêté et détenu à la CPI pendant plus de dix (10) ans pour des crimes de guerre commis en Centrafrique par ses hommes.

Aux dernières nouvelles et à la demande de ses avocats qui savent eux, à la différence du président Touadéra, tous ceux qui veulent en finir avec leur client et qui ont une nouvelle saisi à ce propos le conseil de l’Onu des droits de l’homme à Genève et le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres, Henri Grothe est serein et continue de vaquer à ses occupations comme si de rien n’était. Quitte à ce que ses bourreaux viennent le chercher là où ils savent !

La rédaction

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