Centrafrique : « Affaire de détournement de plus de 90 millions de Fcfa par Ernest Mada » : à quoi servent finalement l’IGE, la HABG, la CC et l’IGF ?

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Conformément aux injonctions faites à Bangui, au lendemain du déblocage d’un plan d’aide de 191 millions de dollars par le conseil d’administration du FMI, le 28 avril 2023, de s’engager à améliorer la mobilisation des recettes intérieures, à renforcer la gouvernance et la transparence fiscale, ou encore à réformer le marché des carburants, le Journal en ligne « Letsunami.net » a décidé de traquer désormais tous les ripoux et les délinquants à col blanc qui occupent de hautes fonctions de l’Etat et exiger leur arrestation dans les meilleurs délais. C’est ainsi que nous avons publié un article que le journaliste Fiacre de Salabé a fait paraître sur les actes de détournements de la somme de plus de 90 millions de Fcfa, allouée au ministère de l’éducation nationale, par un certain Ernest Mada, actuellement directeur de cabinet à la primature avec rang et prérogatives de ministre, un cacique du pouvoir et membre du parti – Etat dénommé « MCU ».

Mais pour divertir l’opinion nationale et internationale, d’une part, et tenter de faire taire de nombreuses voix qui ne cessent de s’élever de partout pour demander purement et simplement son arrestation au nom de la lutte contre l’impunité chantée chaque jour par l’Imposteur de Bangui et au regard des exigences du FMI, suite à la parution de notre article intitulé : «Centrafrique : « Affaire détournement de 90. 167.199 Fcfa »: les prochains décaissements du FMI seront assujettis au remboursement total de ces fonds ou à l’arrestation de Mada Ernest », d’autre part, le pouvoir a cru tout simplement bon de commettre d’office un certain Blaise Didatien Kossimatchi, coordonnateur national de la Galaxie nationale centrafricaine, « une organisation qui prône  les assassinats, les sévices corporels, qui affirme qu’il faut ligoter le bâtonnier de l’ordre des avocats, etc., une organisation criminelle qui devrait être dissoute par le ministre de l’Administration du territoire », selon Me Nicolas maître Tiangaye, aux fins de mener une contre – expertise du Rapport des investigations conduites par l’inspecteur d’état Jean Olona sur ce dossier.

Comme il fallait tout naturellement s’y attendre, la publication de cette mission de contre – expertise diligentée par celui que nous avons toujours appelé « Le Pit – bull de l’Imposteur de Bangui », a non seulement confirmé les faits établis de détournements portant sur trois lignes de crédits du ministère de l’éducation nationale, relatives à la livraison des livres spécifiques, à hauteur de 9.738.960 FCFA (non livrés), à celle d’une moto d’un montant de 1.118.600 Fcfa  (non livrée), enfin à la livraison des fournitures et produits d’entretien, à l’ordre de 79 309 639 (tous non livrés), mais surtout a été une occasion pour ce dernier de jeter tout son dévolu sur l’inspecteur d’état Jean Olona, en le qualifiant de traître du MLPC tapis soigneusement au sein de l’inspection générale d’état dont la mission consiste à faire fuiter des documents montés de toutes pièces pour discréditer les autorités publiques et inciter les bailleurs de fonds à couper les vannes financières en direction de la République centrafricaine. Suite à sa sortie médiatique dont les propos sont contenus dans un communiqué de presse partagé abondamment sur les réseaux sociaux, fort étonnement, il n’y a eu aucune réaction officielle du gouvernement pour dénoncer cette intrusion d’un individu dans une affaire si grave de vols de deniers publics par un agent public dans l’exercice de ses fonctions.

Fort de ce qui précède, nous sommes en droit de nous interroger sur le rôle des organes de contrôle tels que l’IGE, l’ARMP, la CC, la HABG et l’IGF dans ce pays, sous le règne de l’Imposteur de Bangui. En effet, dans toute société qui se dit et se veut démocratique, ces différentes institutions nationales, en tant qu’organes de contrôle des finances publiques ou de régulation du système de passation des marchés entre autres missions, statuent en matière de comptabilité publique ou de marchés publics. Ils participent à améliorer la gestion des ressources publiques donc au développement du pays. Hélas, par le fait de ce milicien, l’on a désormais la preuve et constate que les rapports de nos corps de contrôle sont sujets à polémique s’ils ne sont pas simplement discrédités par leurs propres commanditaires. En sus, ils peuvent servir de moyens de pression contre des impénitents ou d’armes pour éliminer des adversaires politiques.

« A quoi servent l’Inspection générale (IGE), le Contrôle financier et la Cour des comptes ? Voilà, sans doute, une question que beaucoup de Centrafricains doivent se poser, au regard du nombre de rapports produits par ces corps de contrôle de l’État, chaque année. Des rapports souvent sans lendemain, à l’exemple de celui de l’IGE relatif au détournement de plus de 90 millions de Fcfa par un certain Ernest Mada. Quelle finalité vise la production des rapports de ces corps de contrôle ? Quel  est  l’intérêt d’envoyer des bataillons d’inspecteurs, de juges pour aller constater d’innombrables  cas de prévarications  sans leur donner une suite quelconque, malgré les recommandations qui sanctionnent leurs investigations ? Les médiatiser pour la bonne cause politicienne ? », s’est interrogé à juste titre, « M. Biton », un ancien contrôleur financier à la direction du budget au ministère des Finances, aujourd’hui admis à faire valoir ses droits à la retraite.

Même son de cloche du côté d’un avocat inscrit au Barreau de Bangui qui, dans une confidence faite au DP du Letsunami.net, déclarait ce qui suit : « Quand on organise une administration, il faut qu’il y ait certains qui contrôlent le fonctionnement de l’Etat, l’administration, à travers des  démembrements…  C’est  donc une nécessité. Certains corps de contrôle font leurs rapports et font des observations qui n’aboutissent pas. Des dossiers qui n’arrivent pas à la justice. C’est une des difficultés (…) Et ceux qui sont dans ces corps de contrôle font partie, en général, des fonctionnaires  les  plus doués. Parfois avec des budgets consistants… Donc s’ils font des rapports sans suite, il est légitime de nous demander à quoi servent ces corps de contrôle. » Ces questions soulevées par « M. Biton » et cet avocat sont largement partagées par les centrafricains qui n’ont jamais eu le sentiment que les corps de contrôle que sont l’ARMP (Autorité de Régulation des Marchés Publics), la HABG ( Haute Autorité chargée de la Bonne Gouvernance), la CC ( Cour des Comptes), l’IGE (inspection générale d’Etat), et l’IGF (inspection générale des Finances), servent à grand-chose.

Et pourtant, le « Candidat des Pauvres », dès son arrivée au pouvoir, avait déclaré la guerre à la mal-gouvernance. Ainsi dans l’un de ses  discours-références, il indiquait que « S’agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques. Je mets à ma charge l’obligation de dresser les comptes de la Nation et d’éclairer l’opinion sur l’état des lieux. Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’Etat la plénitude de leurs attributions. L’assainissement de l’environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur. » De ce fait, on voyait à travers le nouveau président, le champion de la rupture, de la bonne gouvernance, de la vertu et de la transparence dans la gestion des ressources publiques et surtout quand il avait projeté la mise en place d’un Ofnac (office national de lutte contre la fraude et corruption), lors d’une rencontre avec une délégation de l’UNDP, en le dotant de réels pouvoirs et d’importants moyens. Mais la suite a prouvé que l’Imposteur de Bangui n’était mû que par l’euphorie du début puisque, après sa prise de fonction à la tête de l’Etat, les rapports des corps de contrôle, à défaut d’être publiés, souffrent sous le poids de son coude pointu. Il en est ainsi de la gouvernance de Mme Koyara Marie – Noëlle que nous avions dénoncée dans notre article intitulé : « Centrafrique : le président Touadéra s’est assis sur le rapport d’enquête de la HABG relatif aux détournements massifs établis et constatés au ministère de la défense nationale ! », publié le 24 juillet 2020.

Comble d’absurdité, c’est le président et son entourage qui sont les premiers à dénigrer les rapports des corps de contrôle quand ces derniers épinglent la gestion de hauts responsables de leur parti, le Mouvement des Cœurs Unis (MCU). Aujourd’hui, les militants du MCU tentent, à travers le personnage de Blaise Didatien Kossimatchi, de crucifier les professionnels des médias et les leaders de l’opposition démocratique pour avoir eu l’outrecuidance de mettre à nu la gestion scandaleuse de certains de leurs camarades à la tête de certains départements ministériels et d’entreprises publiques ou parapubliques. Dans son communiqué de presse, M. Kossimatchi a fustigé la démarche de l’IGE, par l’entremise de son expert qui s’appelle Jean Olona, qui, selon lui, «  n’a pas respecté son  obligation de réserve ». Une déclaration en porte-à-faux avec les principales recommandations des valeurs de la bonne gouvernance et de transparence qui stipulent que les  rapports portant sur la gestion des finances publiques « sont rendus publics par tous moyens appropriés ».

Le rapport de l’IGE du 10 août 2021 avait épinglé la mauvaise gestion de trois lignes de crédits du ministère de l’éducation nationale dont Ernest Mada était l’administrateur. Et partant de ces malversations, l’IGE avait suggéré « le remboursement immédiat du montant total détourné ou l’ouverture  d’une information judiciaire à l’encontre de l’ancien directeur de cabinet du ministère de l’éducation nationale ». Aujourd’hui, Ernest Mada se la coule douce auprès de Félix Moloua à la primature et se permet de soudoyer de journaleux aux fins de tenter de soigner son image sur les réseaux sociaux. Mais si les rapports des corps de contrôle sont flétris parfois par les gens du pouvoir en place, ils peuvent dans certaines occasions servir de moyens de pression pour pouvoir pousser des responsables de l’opposition au ralliement ou à la transhumance. Ou, simplement, à éliminer des adversaires politiques.

C’est donc dire que ces rapports de nos corps de contrôle, au lieu d’aider à promouvoir la bonne gouvernance et la bonne tenue des finances publiques, deviennent des instruments de chantage ou de coercition aux mains de l’exécutif qui les manipule à sa guise pour faire chanter ou briser des adversaires politiques présumés coupables de mauvaise gestion. Aujourd’hui comme par le passé, beaucoup d’hommes ou de femmes politiques ont rallié le parti au pouvoir ou transhumé parce que des rapports les incriminant sont suspendus au-dessus de leur tête comme une épée de Damoclès. En utilisant les rapports de corps de contrôle comme une arme de protection ou de destruction, le régime de l’Imposteur de Bangui discrédite ses propres institutions pour protéger des prédateurs financiers et des brigands à col blanc.

Pis, il viole ses propres lois comme le disait un contrôleur général des finances qui a requis l’anonymat, quand, à l’occasion de la promulgation du décret portant nomination ou confirmation des fonctionnaires et agents de l’état à divers postes de responsabilité au MFB, sous la gouvernance d’un certain Henri Marie Dondra, il décriait la présence de contrôleurs du trésor nommés en lieu et place des contrôleurs financiers dans certains ministères, en flagrante violation des règles de la bonne gouvernance et de la séparation de pouvoirs entre les ordonnateurs et les comptables. Mais si l’Imposteur de Bangui, qui a l’honneur de recevoir en premier les rapports des corps de contrôle avec la prérogative de mettre sous le coude certains d’entre eux parce que les informations qu’ils contiennent accablent principalement ses propres partisans, c’est parce qu’il agit tout simplement comme un véritable Gangster et qu’il ne peut pas appréhender l’importance de la mission qui lui a été assignée par le peuple, si réellement il a été élu.

Un comportement que les fonctionnaires des institutions financières internationales de Bretton – Woods doivent prendre en considération dans leurs missions de revue, et qui  détonne avec l’un de ses  discours-références où il jurait que, pour la bonne tenue des ressources publiques, il ne protégerait personne. Paroles, paroles en l’air au vu du sort funeste réservé aux rapports des différents corps de contrôle depuis que cet Imposteur est au pouvoir.

KassaMongonda

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