Centrafrique : « Affaire audit du fichier électoral » : Mme la présidente de l’ANE Marie Madeleine Hoornaert N’Kouet, de quoi avez – vous peur ?

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« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément », avait dit Nicolas Boileau, dit aussi Boileau – Despréaux, le « législateur du Parnasse, 1er novembre 1637 à Paris et mort le 13 mars 1711, poète, écrivain et critique français.

Si cette citation illustre parfaitement l’idéal vers lequel devrait tendre tout avocat, en ce sens qu’une « très grande partie du travail d’avocat consiste à transformer la pile de documents et les quelques informations que lui donne son client en un récit cohérent qui emportera la conviction de celui qui le lit, à savoir le magistrat qui va trancher le litige », dans la vie sociale et toute action publique ou privée, elle s’impose comme une démarche essentielle et constitue la source de « toute construction systémique. Elle nous éclaire sur l’incohérence de certains comportements qui sont le fruit soit d’une absence de pensée cohérente et articulée avant l’action, soit d’une défection d’intellectuels de type sociologique dans notre construction sociale. Elle nous permet de voir également son contraire », selon Médiapart. C’est dans ce contexte que nous pouvons situer la gêne qui habite actuellement la présidente de l’ANE et ses commissaires et qui explique leur refus de déférer à la demande des partis politiques membres de la COD – 2020 exigeant l’audit international et indépendant du fichier électoral, avant la tenue des élections du 27 décembre 2020.

Et pourtant, le 12 octobre 2020, sur invitation de l’Autorité Nationale des Élections adressée aux différentes composantes du Cadre de Concertation (CC) pour visiter le Centre de Traitement des Données (CTD), la Coalition de l’Opposition Démocratique 2020 (COD-2020) s’est fait représenter par deux de ses membres : Mahamat KAMOUN, président du Parti BèAfrica Tié Kwé (BTK) et Sosthène GUÉTEL DILAMKORO, Président du Parti Panafricain pour les Libertés et le Développement (PPLD). Au cours de cette visite de travail, deux (2) préoccupations ont été suggérées par les représentants de l’opposition démocratique : la COD-2020 a demandé à l’A.N.E. la mise à disposition des bordereaux de décharges des tablettes utilisées sur le terrain en vue de se faire une opinion personnelle ; l’A.N.E. a marqué son accord. Elle a émis, en outre, l’hypothèse d’une demande d’audit du fichier électoral. Les autorités de l’A.N.E. ont répondu qu’elles ne s’opposeraient pas à une telle démarche. Sur la base de ces affirmations officielles et solennelles, et faisant suite au compte – rendu de cette mission, la COD – 2020 a jugé impératif d’exiger, dans l’une de ses sorties médiatiques, à travers une déclaration, l’audit international et indépendant du fichier électoral avant la tenue des prochaines élections présidentielle et législatives.

Mais aussi surprenant et culpabilisant que cela puisse paraître, selon des informations en notre possession, Mme Marie Madeleine Hoornaert N’Kouet et l’ANE se seraient rétractés et  auraient rejeté toute idée d’évaluation de la liste électorale par une structure internationale spécialisée afin de comparer les modes de sa constitution avec les standards internationaux, à l’exemple de ce qui a été fait au Niger et tout dernièrement au Burkina – Faso. De quoi, donc, les commissaires de l’ANE et cette belle femme jugée trop proche du Gangster de Bangui de qui elle prend directement toutes ses décisions, ont – ils peur ? Pour que toutes les pratiques de surcharge du fichier électoral tel qu’il nous sera imposé, ne soient pas tout simplement révélées au grand jour.

« Tout système, toute structure humaine prend forme à partir d’une loi morale que l’on s’impose et qui engendre un sens politique qui va déterminer son mode de gestion. Aucune structure pensée et cohérente ne peut échapper à cette forme d’organisation », n’est – ce pas ?  Et pour paraphraser Nicolas Boileau, ne serait-on pas tenté de dire que « Ce que l’on ne conçoit pas bien ne s’énonce pas clairement, et les mots pour le dire n’arrivent pas  aisément » ? Ainsi donc, après avoir fait massivement enrôler des étrangers, des Congolais, des Togolais, des mercenaires peuhls, des chefs des groupes armés, comme Ali Darass de l’UPC et Abbas Siddiki en prenant soin de les exhiber devant les caméras et d’en faire un grand tapage médiatique, sur la base de faux documents administratifs, à savoir des jugements supplétifs d’actes de naissance, de certificats de nationalité, de passeports et de récépissés de CNI dont la confection a été confiée à la société Al – Madina, Mme la présidente de l’ANE est, on ne peut plus, parfaitement consciente du rôle extrêmement dangereux qu’elle a joué dans la matérialisation de ces irrégularités. Accepter, par conséquent, l’audit de ce fichier, c’est courir le grand risque de les faire éclater au grand jour.

De ce fait et par ce fait,  à ce niveau du débat, non seulement notre belle Dame se décrédibilise, s’accuse et donne raison à ses détracteurs et à l’opposition démocratique qui n’ont de cesse de clamer haut et fort que cet organe n’est rien d’autre que l’un des principaux  dispositifs de fraudes électorales du Gangster de Bangui, mais surtout son comportement indique et soutient sans fioritures que cette institution n’a jamais été neutre, impartiale, indépendante et véritablement républicaine. Elle est plutôt une institution aux ordres. C’est pourquoi Mme Marie Madeleine Hoornaert N’Kouet, couverte de honte comme une poule mouillée ou une épouse prise en flagrant délit d’adultère, ne peut pas tenir le même discours que le président de la CENI au Burkina – Faso, en réponse au chef de file de l’opposition burkinabé qui lui disait que tant qu’il n’y a pas d’audit international du fichier électoral, il n’y aura pas d’élections : «Il ne nous a pas encore saisis, mais sur le principe de l’audit, c’est ce que nous faisons. Chaque fois que nous finissons le fichier électoral, nous demandons à une instance internationale de venir auditer le fichier parce que nous même avons besoin que notre fichier soit qualifié d’être en situation d’être utilisé pour les élections ». Pour Newton Ahmed Barry un fichier propre, «c’est nous d’abord que ça arrange, avant tous les autres ». Et ce dernier n’a pas tort.

Aujourd’hui, tant au Burkina – Faso qu’en Centrafrique, à l’exception de la présidente de l’ANE et de ses commissaires, tout le monde sait que le contrôle du fichier électoral détermine les résultats de toute élection. Dans le souci de protéger la démocratie en protégeant le droit de suffrage, l’appel à une expertise contradictoire permet d’identifier correctement le corps électoral et une meilleure protection de son expression.  Toute chose étant égale par ailleurs, cette démarche permettra d’éviter les contestations qui sont sources d’instabilité. En effet, l’actualité autour des suspicions de fraude à l’enrôlement soulevées à travers plusieurs localités du pays, qui, faut-il le souligner avec force, vient exacerber la crise de confiance entre les acteurs, n’est pas de nature à rassurer toutes les parties prenantes au processus électoral. Cette situation, qui augmente les risques d’un conflit post-électoral, interpelle à suffisance sur la nécessité de poser les bases d’élections apaisées. Il y va de l’intérêt de tout le peuple burkinabè et du peuple centrafricain.

Mais, si finalement, au Burkina – Faso, de manière consensuelle, l’opposition démocratique et la majorité ont convenu de la désignation d’un organe en la matière qui vient de délivrer à la CENI un satisfecit, ce qui a le mérite de garantir une situation post – électorale de paix et de stabilité, en République centrafricaine, fort curieusement le gouvernement n’a pas encore réagi à cette exigence démocratique formulée par les partis politiques membres de la COD – 2020. S’ajoutent à cela l’insécurité généralisée sur plus de 85% du territoire national, l’implication des groupes armés dans le processus électoral, et  l’épineuse question du vote des réfugiés et de l’exclusion d’une majeure partie des Centrafricains, des déplacés internes et externes.

Une vraie bombe socio – politique à retardement !

La rédaction

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