Centrafrique : A l’exemple des 4 chancelleries en RDC, les ambassadeurs de France, des Etats – Unis, de l’UE et Autres doivent briser le silence et dénoncer la dictature rampante du pouvoir de Bangui

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Depuis les tueries des villages de Koundjili, Lémouna, Djoumdjoum et Bohong, le 21 mai 2019, par les éléments des 3R, au vu et au su des soldats onusiens déployés dans la région, selon l’émouvant et très pathétique témoignage du directeur de l’école de Lémouna, ayant fait plus d’une cinquantaine de morts, plus de 2.700 personnes déplacées dont la plupart des enfants et des femmes, plus d’une centaine d’orphelins et des veuves abandonnés à leur triste depuis lors, et des maisons et greniers incendiés, le peuple centrafricain a décidé de ne plus se taire, de briser le silence trop légendaire qui le caractérisait et d’exiger de ses dirigeants à qui il a confié la gestion de sa destinée dans les urnes, justice et plus de protection des personnes et des biens.

Regroupés au sein d’une plateforme dénommée « E Zingo Biani » qui signifie en français « Réveillons – nous définitivement », le GTSC , des partis politiques, des associations et organisations de la jeunesse et des femmes, des activistes des droits de l’homme et des journalistes se sont fait le porte – parole de ce peuple meurtri et ont exigé l’arrestation de tous les auteurs de ce massacre, de leurs complices et celle de leur chef, le mercenaire nigérien connu sous le nom de Siddiki Abbas, et conseiller militaire du premier ministre Ngrébada, leur traduction en justice et l’abrogation de tous les décrets portant nominations des seigneurs de guerre et des coupe – gorges à des hautes fonctions de l’Etat, en flagrante violation des dispositions de l’article 28 de la constitution.

Pour plus d’adhésion à cette noble cause, patriotique et républicaine, la coordination de ce mouvement citoyen, légitime, légal et constitutionnel qui s’est fixé comme but principal l’éveil de conscience du peuple centrafricain,  de toutes les masses populaires et de toutes les victimes de cette crise qui a été imposée à ce pays de l’extérieur, qui  perdure depuis plusieurs années et qui semble se pérenniser du fait de ce que le sang des centrafricains coulant tous les jours rapporte gros aux marchands de la mort, a décidé d’organiser trois (3) meetings de sensibilisation dans la ville de Bangui.

Pour ce faire et conformément aux dispositions légales en la matière, leurs organisateurs  ont tout naturellement sollicité l’autorisation du ministre de l’intérieur en charge de la sécurité, le général Wanzet, et en ont informé la Minusca et les maires des arrondissements devant abriter ces rencontres. Malheureusement, après une audience qu’il leur a accordée dans la matinée du jeudi 13 juin 2019 et au cours de laquelle son accord juridique a été donné, grande a été leur surprise d’apprendre dans la soirée que la tenue de ce meeting qui devait avoir lieu, le samedi 15 juin 2019, sur le terrain de l’UCATEX, a été suspendue par un communiqué dûment signé par leur interlocuteur de la journée.

En réalité, selon des informations parvenues à notre rédaction, c’est le président Touadéra qui, mécontent de son ministre en charge de la sécurité publique et de sa décision autorisant la tenue de ce meeting, a instruit au téléphone son neveu, le ministre de la justice, garde des sceaux, Flavien Mbata, aux fins  de procéder à l’annulation de cette manifestation. Ne pouvant pas apposer sa signature au bas de ce communiqué dont les termes lui ont été dictés par une personne avec laquelle il était en contact au téléphone, selon des sources policières, ce dernier a  déféré aux injonctions de son parent et a sommé son collègue de le signer. Tel que le déroulement circonstancié des faits ayant conduit à la publication de ce communiqué l’a révélé, nous pouvons tout simplement affirmer sans risque de nous tromper que cette interdiction n’est ni plus ni moins qu’un acte avéré  de flagrante violation du droit de manifester formellement consacré par la constitution, l’un des fondements de la démocratie et de l’Etat de droit.

Ainsi, en sus des mesures de bâillonnement de la presse, du déni de la liberté d’expression et d’opinion, de la censure et de la traque menée contre certains professionnels des médias, de l’utilisation des médias d’Etat à des fins de propagande, de l’exclusion dont sont victimes la plupart des leaders des partis politiques dits d’opposition, au rang desquels l’ancien président Bozizé contraint à l’exil et dépossédé de son passeport ainsi que son fils Jean – Francis Bozizé, de l’instrumentalisation des institutions de la République parmi lesquelles l’assemblée nationale et la cour constitutionnelle au service des intérêts personnels, égoïstes, claniques et foncièrement partisans, et de la légalisation de la violence et de la commission des crimes les plus abjects  comme critères de nominations à des hautes fonctions de l’Etat et mode de gouvernance, le président Touadéra vient d’assassiner le droit de manifester et de tuer la démocratie.

De ce qui précède, et afin d’éviter d’être considérés comme des soutiens à la mise en place dans ce pays d’une dictature rampante et étouffante, comme leurs collègues en RDC viennent d’en faire la démonstration, les ambassadeurs de France, des Etats – Unis, de l’UE et Autres en République centrafricaine se doivent de rompre le silence et de dénoncer vigoureusement  cette dérive autoritaire. Le faire, c’est respecter les principes qui fondent les grandes nations occidentales et  qui ont pour noms démocratie, Etat de droit et protection des droits fondamentaux et humains. Le faire, c’est être solidaire du peuple centrafricain dans sa lutte pour plus de liberté, de dignité, de justice et de protection de son droit à la vie. Le faire, c’est marcher sur les traces de leurs prédécesseurs qui s’appelaient Jean – Marc Simon, Esmieux et Simpson qui n’étaient pas seulement des ambassadeurs mais surtout des amis du peuple centrafricain.

Jean – Paul Naïba

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