Centrafrique : A la CPI, des critiques se multiplient contre le Procureur

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20 septembre 2019
Centrafrique : A la CPI, des critiques se multiplient contre le Procureur

La Haye, 20 septembre 2019- Depuis la galerie du public au sein de la Cour pénale internationale (CPI), une vingtaine de centrafricains de la diaspora sont autorisées à suivre en directe le déroulement de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire impliquant leurs compatriotes, Yekatom et Ngaissona. Ceux-ci n’hésitent pas à donner un avis critique à l’encontre du Procureur, Mme Fatou Bensouda.

A la reprise de l’audience ce matin du 20 septembre à la Haye, l’on constate, comme lors de sa première journée, un afflux de personnes vers la galerie du public, espace réservé aux curieux pour suivre l’audience de confirmation des charges. Venus de Belgique, de France et même de RCA, des centrafricains croisés ici portent tous, un regard critique vis-à-vis de la procédure en cours.

« Il s’agit des deux enfants qui se battaient. Mais, la CPI est venue ligoter la main de l’un en laissant l’autre qui continue de frapper son frère. Ce n’est pas normale. C’est déjà bien que la Défense ait soulevé cela », a décrié sous l’anonymat une centrafricaine présente à la Haye.

Un avis partagé par le Secrétaire général du parti politique de Ngaissona, Samson Ngaibona. « Nous ne croyons pas à une audience équitable. Pourquoi les Séléka ne sont pas là ? Ngaissona fait partie des fils du pays qui ne faisaient rien d’autre que fournir de l’aide à une population en situation difficile ».

Pour le Magistrat Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme (LCDH), « Il y’a beaucoup de mensonges dans les éléments de preuves présentés par le Procureur. Nous allons suivre de près la décision que donnera la Chambre préliminaire II plus tard. Nous n’excluons pas la possibilité de saisir le Bureau du procureur au moment opportun », a-t-il déclaré surplace au siège de la CPI.

Le procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda dont le travail est remis en cause par les opinions des uns et des autres, ne s’est pas toujours présentée dans la salle de l’audience durant ces 2 jours. Mais elle a rendu une visite de courtoisie à une autre délégation centrafricaine en mission de travail à la CPI. Bensouda n’a pas caché, pendant sa rencontre, son intention de rendre la justice aux victimes et de faire connaitre la vérité au peuple centrafricain.

« Nous ne pouvons effacer les souffrances infligées aux victimes. Mais nous remplirons notre rôle dans le cadre de nos mandats avec les moyens dont nous disposons pour que justice soit rendue et que les responsables des crimes rendent compte en République centrafricaine », a fait savoir Mme Fatou Bensouda, Procureur de la Cour pénale internationale.

Cette audience de confirmation des charges dans l’affaire Yekatom et Ngaissona prendra fin le 27 septembre prochain. La Chambre préliminaire doit donner sa décision dans un délai de 60 jours. /Rosmon

[http://lettimbi.canalblog.com/archives/…/09/20/37649658.html
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La Haye-RCA : Quand le Procureur tente de sceller le sort de Yekatom et Ngaissona

La Haye, 19 septembre 2019- La partie essentielle de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire Yekatom et Ngaissona a débuté à la Haye avec de multiples observations de la part de la Défense des deux suspects. Même si, le Procureur, Mme Fatou Bensouda n’était pas présente dans la salle, son bureau a eu le temps de parole nécessaire pour présenter ses éléments « des preuves suffisantes pour établir l’existence des motifs substantiels de croire que les deux hommes ont commis les crimes qui leurs sont reprochés devant la Cour pénale internationale ».

Le Bureau du procureur a balayé d’un revers de main toutes les observations ou presque formulées par la Défense de Yekatom et Ngaissona, et a demandé même à la Chambre II, de mettre en attente sa décision concernant l’un des points soulevés par la Défense sur la requête du Procureur aux fins d’expurgation d’informations dans certains éléments de preuve.

Après cette réponse à la Défense, le Bureau a finalement contextualisé le débat à propos des deux suspects, en décrivant Yekatom comme un militaire bien formé dont sa communauté[chrétienne] aurait subit des exactions de la part des Séléka et Ngaissona, décrit comme un homme d’affaire, riche avec la capacité de mobiliser les jeunes dans un pays pauvre, comme la Centrafrique, grâce à certaines positions qu’il occupait auprès des dirigeants à cette époque.

« Le but final des actions de ces deux hommes était de battre le régime des Séléka tout en se vengeant sur les civiles de la communauté musulmane. Yekatom a participé au plan commun du parti de François Bozizé qui a été chassé par les Séléka. Et, Ngaissona a joué un rôle essentiel dans la mobilisation », a expliqué le Bureau du procureur, avant d’ajouter que les deux hommes n’ont rien fait pour empêcher les atrocités.

Pour renforcer ses explications, le Bureau du procureur a fait passer à l’écran de la Cour, quelques éléments de preuves parmi lesquelles, des vidéos, des documents et des extraits des témoignages des victimes ou des témoins directes. Dans l’une des vidéos par exemple, entre 2013-2014, l’on peut voir Yekatom présenter les « musulmans » comme une cible dans sa lutte avec les Séléka. Ce que l’Accusation assimile, dans les chefs d’accusation, au crime de guerre, crime contre l’humanité et déplacement forcé de la population.

D’autres éléments de preuves fournis viendront renforcer cette position de l’Accusation. Il s’agit des preuves, selon le Bureau du Procureur permettant de prouver que, « le rôle essentiel de Ngaissona a permis de donner un sens aux actions des jeunes dont l’esprit a été entretenu avec des discours de haine contre les musulmans. La mobilisation de ces jeunes passait par le mouvement COCORA de Ngaissona, COAC de Yambeté et FROCCA qui était dirigé par Bozizé, Yambeté et Ngaissona », a tenté de démontrer le Bureau du Procureur devant la Cour.

Une liste avec les noms cachés des comzones [chefs anti-balaka] a été même présentée par le Bureau. Des cartes d’indentés des miliciens signées tantôt par Ngaissona tantôt par Yekatom font partie également des éléments des preuves que le Procureur a présentée dans cette audience de confirmation des charges, pour qualifier Ngaissona de co-auteur, de quelqu’un qui a fourni de l’aide à la commission des crimes.

« Ngaissona s’est présenté au public et aux autorités nationales et internationales comme le coordonnateur des anti-balaka. Sa maison a abrité des réunions des anti-balaka. Il a transféré de l’argent à ses hommes depuis le Cameroun et la frontière Garoua-boulaye et a pris part aux négociations en phase avec l’accord de Brazzaville », a insisté l’Accusation, comme pour chercher à convaincre même l’assistance.

Cette première journée de l’audience de confirmation des charges a pris fin aux environs de 16 heures. La Défense des deux suspects, Yekatom et Ngaissona, respectivement représentée par Regis Tiangaye et Mylène Dimitri et par Puter Robinson semble bouleversée dans sa stratégie. Un état d’esprit qui peut être justifié, selon la Défense par, « l’utilisation abusif des élèvements des preuves par le Procureur ».

Les représentants légaux des victimes prendront la parole lors de la deuxième journée de l’audience pour faire leur observation orales et des déclarations de clôture, expliquant pourquoi les victimes souhaitent participer à la procédure et en quoi les intérêts personnels de celles-ci sont concernés. Les endroits des crimes reprochés aux deux suspects sont notamment Bangui, Lobaye, Gaga, Bossemtélé, Boda, Carnot et Berberati, entre le 5 décembre 2013 et décembre 2014. / Rosmon
Posté par Rosmon à 06:58

[http://lettimbi.canalblog.com/archives/…/09/20/37648682.html]

Photo: Procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, lors de sa rencontre avec une délégation centrafricaine à la Haye, le 20 septembre 2019. (Rosmon)

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