1979–2023 : ces prétendus compagnons des Martyrs devenus fossoyeurs de la liberté
PAR NGAKOLA ABDEL
Il se raconte que lors de certaines de leurs quotidiennes beuveries, Touadéra et sa clique se vantent d’actes de bravoure qu’ils auraient posés lors du soulèvement lycéen et étudiant de 1979, qui a entraîné la chute du dictateur Bokassa et de son Empire. Chacun, paraît–il, y va de son histoire, en mode plutôt super–héros.
Disons–le : ils ne sont pas les seuls à ainsi conter le bon vieux temps, celui de leurs exploits de grands combattants de la liberté. Tous ceux de leur génération, la génération jeune en 1979, sont dans ce cas–là. Les histoires qu’ils racontent sont vraies pour quelques–uns probablement. Mais à côté de cela, combien d’histoires fantasmés ?
Malgré tout, faisons–leur un instant le plaisir de les croire : oui, ils ont bien combattu, ils ont risqué leur peau ; oui ils ont frôlé le grand sacrifice, la mort. Oui, ils ont bel et bien fait cela. Et après ? Et aujourd’hui ? Qu’en ont–ils fait ? Quelle société centrafricaine ont–ils bâtie sur les fondations de ces luttes ?
En ce qui concerne les Touadéra, Sarandji, Ngouandjika et les autres qui sont aux commandes du pays, la réponse est là sous nos yeux. Bangui La Coquette est devenue Bangui– poussière, et Centrafrique grenier d’Afrique s’est transformé en RCA pays d’affamés. Et que dire de la société qu’ils ont inspirée par leurs exemples ? Une jungle, où règnent en maître, en plus de la loi du plus fort, la médiocrité, le mensonge, le cynisme, la truanderie… Une société où les seuls héros dans les quartiers et les villages sont des voleurs et des criminels patentés. Et, par–dessus le tout, une dictature à ciel ouvert, où on
répond à la libre parole par l’insulte, la mise à mort ou la disparition, et où les instruments du pouvoir sont le fer, le feu et la roublardise.
Voilà pour les tenants du pouvoir. Mais les autres de cette génération, où sont–ils et que font–ils ? Continuent–ils la lutte ? Et gardent–ils seulement les mêmes idéaux que dans leur jeunesse ? On ne sait pas trop. Parfois on pourrait même en douter. À eux de lever ce doute ; à eux de prouver qu’ils ne sont pas complices de la dictature de maintenant. Il n’est que temps !
Quant à la jeunesse de 2023, il lui revient de prendre le flambeau et ses responsabilités, pour elle–même et pour les générations futures.
Source : CRT / Bulletin citoyen d’information et de mobilisation du 23 JANVIER 2023 / / LUNDI / / NUMERO 002