CENTRAFRICAINE, CENTRAFRICAIN, ENSEMBLE, REPRENONS NOS DROITS A LA VIE

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Reprenant encore ma plume pour une clarification sur ma précédente sortie, je commencerai par quelques boutades pour détendre un peu l’atmosphère, approche très rare dans nos échanges entre Centrafricains, comme si nous n’étions pas un même peuple.

Ma sortie n’a rien d’un coup d ‘Etat car, comme disait COLUCHE : la hiérarchie c’est comme une étagère, plus c’est haut, plus c’est inutile. Ceci dit, ayant atteint le sommet du commandement dans la hiérarchie militaire et, pour ne pas être inutile, je peux maintenant comme citoyen lambda parler de ce qui est important pour mon pays, notre pays. Cela ne constitue en rien une faute morale et encore moins, un complot de coup d’ Etat. Ce n’est pas parce qu’on n’a jamais gagné une bataille par le passé qu’il ne faut plus continuer à se battre, surtout que c’est une bataille pour la survie d’un peuple. Enfin, suivez bien mon regard, en 2011, le chef de l’Etat actuel était Premier Ministre quand le Colonel NGAIFEI avait déjà demandé de quitter l’Armée pour ces mêmes causes. Ceci pendant la période de pouvoir du Président BOZIZE qu’on cite tout le temps à tort. Oui, nos mamans sont des sœurs et nous sommes des cousins germains, ce qu’on appelle en gbaya « Bême ko naa ». A moins de demander à nos tendres défuntes mamans de revenir à la vie pour réfuter leur lien. Demain, vous allez dire à mon jeune de l’Ecole des Enfants de Troupe Bienvenu YAGBANGA, frère cadet du Chef de l’Etat actuel ou à Monsieur Arthur PIRI de ne plus se prononcer sur leur pays parce que leur parent était passé au pouvoir ; En tout cas, vous êtes pathétiques !

Le problème posé est resté le même et très peu ont tenté d’apporter une réponse : Qu’allons-nous faire pour cette situation de ni paix ni guerre qui perdure dans notre pays ? Faut-il aller coûte que coûte aux élections, juste pour satisfaire les désidératas de la communauté internationale ? C’est sur ça que nous devons épiloguer et non étaler la vie de l’auteur avec un sentiment de dédain qui caractérise la mauvaise foi.

Professionnels des médias, Mes biens chers Compatriotes,

Le 03 Mars 2020, et, profitant des canaux de certains d’entre vous, j’avais porté à l’attention et à la lecture du public national et même international, une réflexion sur la situation sécuritaire aléatoire du pays sous le timbre de : « Quand la souffrance du peuple m’interpelle à plus d’un titre ».

Dans cette réflexion où, je rappelais en substance, la traditionnelle mission de l’Armée qui est celle de protéger le peuple et ses biens et, de défendre et de sauvegarder l’intégrité du territoire national, j’avais, face à la douloureuse souffrance du peuple Centrafricain pris en otage par des mercenaires et rebelles étrangers sans cœur, interpellé la conscience de toutes les couches centrafricaines dont l’Armée en tête de liste.

Aussi, avais-je annoncé à l’occasion, l’opportunité d’organiser avec vous, un point de presse aux fins de débattre de ce triste sort qui s’abat sur le pays et son peuple. Aujourd’hui, c’est chose faite partiellement car le point de presse viendra après le règlement des détails sur ma situation administrative. Chose faite, mais non pas pour redire le travail déjà fait par la puissance du Pouvoir de votre métier, ayant porté ma réflexion hors de nos frontières et dont les relais dépassent même le cadre d’un point de presse. Mais, me souvenant des sages conseils du feu Barthélemy BOGANDA qui nous recommandait de parler peu mais de beaucoup travailler, je voudrais, au stade de l’évolution de la réflexion, adresser aux uns et aux autres  mes remerciements et reconnaissances, apporter quelques précisions à ceux qui volontairement ou non, m’ont compris de travers, et clarifier ma vision de la chose, une vision qui s’inspire et repose sur les attentes de la grande multitude du peuple Centrafricain.

De mes Remerciements et Reconnaissances

Professionnels des médias, Mes biens chers Compatriotes,

Vous conviendrez avec moi que, lorsqu’une pensée ou réflexion n’est pas le fruit de l’Esprit, elle, cette pensée ou réflexion, ne sera jamais portée au-delà du périmètre de la personne qui la conçoit. C’est pourquoi, en considérant les vastes étendues de l’espace géographique que cette réflexion a parcourues en si peu de temps, en prenant la juste mesure des commentaires et appréciations très pertinents et variés qui en découlent et qui continuent d’ailleurs d’alimenter les débats, je voudrais :

Rendre grâce à l’Eternel Dieu par qui nous pouvons tout, pour m’avoir inspiré mais bien plus, pour la force morale, physique et spirituelle dont il investira les Centrafricains pour venir à bout des agresseurs étrangers qui déshumanisent son peuple ; Remercier très sincèrement les autorités hiérarchiques  pour la promptitude et la diligence avec lesquelles, elles ont accédé à ma demande de mise à la retraite anticipée. Les irrégularités qui entachent les deux textes pris à cet effet, sont imputables à ceux-là qui ont été choisis et en qui, on a placé la confiance pour aider la haute autorité à accomplir la lourde mission de la conduite de l’Etat et qui, par incompétence et mauvaise foi, utilisent les structures de l’Etat à d’autres fins. L’œil de Dieu qui les observe, les suivra jusqu’au triomphe de la justice et de la vérité dans ce pays ; Témoigner de la reconnaissance la plus sincère à toutes celles et tous ceux qui, très nombreux, mais plus nombreux, et de toutes les couches socioprofessionnelles confondues, ont apprécié, épousé et adhéré à la réflexion qui n’a été que la traduction de ce que chaque Centrafricain, où qu’il soit, ressent dans son fort intérieur.

A vous, Professionnels des médias, je tire toute mon admiration et ma sympathie, et voudrais-je vous réitérer, que l’unité de vos forces autour de l’idéal commun que sont le pays et le peuple, reste et demeure le vecteur principal de résolution de nos crises, car la saine communication est créatrice et transformationnelle. Aux uns et aux autres, je dis de tout mon cœur, Merci. Que le sang de nos parents communs qui a coulé et continue de couler, devienne le ciment de notre unité retrouvée, et, que les larmes des veufs,veuves et des orphelins nous rendent très attentifs et sensibles pour écouter tous les pleurs et cris de détresse qui nous rappellent, que nous avons longtemps été soumis, et qu’il est temps de reprendre notre droit à la vie et à la liberté comme enseignait B. BOGANDA à nos ancêtres et parents communs.

Enfin mes remerciements à son imminence, le cardinal NZAPALAINGA pour m’avoir accordé un petit temps d’entretien pour  s’enquérir  des motivations de cette sortie. Au Président de l’URCA Monsieur Anicet Georges DOLOGUELE qui m’a aussi accordé un entretien que je compte continuer avec la COD-2020. A l’ancien Premier Ministre, le Professeur Simplice Matthieu SARANDJI qui m’a accordé un entretien téléphonique. Je compte d’ici sous peu obtenir audience auprès du Président du MLPC l’Ancien Premier Ministre Martin ZIGUELE et bien d’autres personnalités du pays.

De mes précisions

Professionnels des médias, Mes biens chers Compatriotes,

Je ne doute pas un seul instant  que vous ayez réalisé autant que moi que j’ai été incompris ou compris de travers par certains compatriotes, se passant pour des grands défenseurs du régime en place, et qui ont tous versé dans des querelles de personnes, des attaques pèles-mêles et sans fondements. Sans esprit de polémiques ni de justifications, je tiens à préciser à ces compatriotes que je comprends bien leurs soucis. Ils n’ont certes pas tort de jouer au prolongement d’une pratique qui existe depuis que le monde est monde. Guéhazi, l’Homme de ‘‘Tout va bien’’ pour ses propres intérêts a pris, comme conséquence, la lèpre de Naaman qui s’est attachée à lui et à toute sa postérité Cf. 2 Rois 5 : 21-27. Et, dans ce pays, les exemples de Guéhazi n’ont jamais manqué. Ils sont légions, je ne les cite pas, mais il suffit de suivre mon regard, pour vous rendre compte que, ceux qui les ont crus, les ont faits à leurs dépens. Mais à demander où est ce que j’étais et qu’est-ce que j’ai fait, je dirai simplement, pour les honnêtes personnes qui m’écoutent que :

Après avoir bu le calice de la déception jusqu’à la lie ; après avoir été incompris sur un certain nombre d’actions pouvant garantir la quiétude du peuple ; tout comme un officier général digne de ce nom, je ne pourrai que tirer ma révérence de l’armée. Car, je présente que je ne peux pas taire ce que je vois et vis au quotidien, je ne peux pas continuer à rester insensible à la souffrance atroce, doublée des lamentations du peuple éploré. Je perçois avec force et plus clairement que la situation dans laquelle est plongé le peuple m’interpelle vivement. Ces cris de détresse et de désespoir me vont tout droit au cœur. Je ne peux pas et non plus me soulever les épaules pour brandir mes étoiles de général en restant dans un milieu calfeutré et ce, au nom d’une grande muette ou au nom d’un proverbe français qui dit, je cite : « Sois belle et tais-toi », alors que le peuple qui a fait de moi ce que je suis depuis ma tendre jeunesse jusqu’aujourd’hui, pleure, se lamente, gémit, et meurt sous les biceps des avatars.

Oui, j’ai aussi cette obligation de brandir mes biceps, d’exhiber ma force d’homme pour défendre et sauver les miens, le peuple Centrafricain. C’est aussi la fierté, le rôle et le devoir d’être militaire. Oui, je ne peux pas dire que je suis militaire, officier général, soldat et cautionner la honte et la trahison en traitant le peuple autrement que moi. Je ne peux pas dire que je suis militaire, officier général ou soldat, rabâchant les vertus de la discipline et de l’éthique militaires sans pressentir que mes pas sont aimantés par ces mêmes vertus qui me confèrent (à l’armée) le rôle et le droit de protéger, de défendre et de sécuriser le peuple et le territoire lorsque la patrie est menacée.

Vous avez été témoins, ces jours-ci, des agissements délictueux aux conséquences imprévisibles de certains contemporains, disposant de moralité plus que douteuse avérée dont les propos rappellent les pratiques d’un autre âge. Car, non content du fait que j’ai pu franchir le Rubicon pour dénoncer sur la place publique des pratiques obscènes, érigées en mode de gouvernance, cela a été considéré comme un crime de lèse-majesté. Du coup, ils ont piqué une fièvre de cheval, ils ont versé dans une campagne de dénigrement sur ma personne pour « noyer le poisson » comme on dit, à travers leurs discours enjôleurs, truffés de contre-vérités dont ils ont exagérément fait usage.

A ceux-là, je leurs réponds que la suprématie d’une armée réside dans sa noblesse guerrière. Vertu qui permet à cette armée de parer à toutes les éventualités. Raison pour laquelle, en ma qualité de soldat aguerri, car ayant passé entièrement mon cursus scolaire dans l’armée, après avoir été sevré des mamelles de ma mère, je crois avec une fermeté absolue que la cohabitation avec les ennemis du peuple, les mercenaires étrangers, est une gifle infligée au peuple et que je n’accepterai jamais. A contrario, seule l’armée, les Forces Armées Centrafricaines, détient la manette avec les mains pour purifier le territoire et débarrasser le peuple de cette horde d’agresseurs étrangers, et redonner au pays sa noblesse d’antan, à savoir, la République Centrafricaine, un « havre de paix ». Car, nul n’est besoin ici de tergiverser ou de s’égosiller sur cette question. Le peuple, suffisamment mature et bien outillé, ne se laissera pas manipuler par une conception allégorique de l’immobilisme.

Aux uns, qui espèrent que je capitulerai après être enfermé, en un mot, au lendemain de mon départ à la retraite anticipée, je leurs réponds tout simplement que je ne suis pas VERCINGETORIX, l’adversaire de Jules César. Je ne suis pas, non plus un obscur fantassin qui passe ses seize campagnes dans le rang pour finir parmi les triarii (vétéran de la 3e ligne).

A mes frères d’armes encore en activité, je leur rappelle que vaincre ou mourir en combattant sur le champ de bataille pour la patrie reste et demeure un honneur et un destin implacable, contrairement au choix fatal de crever dans un endroit somptueux en laissant périr le peuple. C’est dans cet optique, et l’une des raisons qui m’ont poussé à sacrifier mes 4 à 6 années de service restant pour porter haut les revendications justes vous permettant plus tard d’être dans les conditions requises, aidant à l’accomplissement de  cette noble mission de la défense de la patrie et redorer le blason de notre institution. Je ne pourrai le faire en restant avec vous sous le joug du politique qui à chaque régime en(l’Armée) fait sa sixième ou septième roue de carrosse, pendant ce temps les moyens tardent à se mettre en place ou servent pour des parades de luxe à ceux qui vous privent de cela. Mon geste n’est pas un baroud d’honneur individuel. Aux uns et aux autres, prenez cela comme vous voulez.

De la clarification de ma vision

Avant de clarifier ma vision pour le pays, notre pays, une vision qui s’inscrit dans le cadre des préoccupations majeures ou attentes de la grande multitude des Centrafricains, je voudrai que mes soi-disant contradicteurs comprennent une fois pour toute que :

Un coup d’Etat auquel ils font abusivement allusion quand quelqu’un tousse ou donne un avis, n’est pas synonyme des marchandises étalées le long de la route ou sur la place du marché à la vue de tout le monde. On parle d’un coup d’Etat en fonction d’un résultat ; bon, quand l’équipe a réussi et s’est emparée du Pouvoir ou, mauvais, quand il y a eu échec et les auteurs sont arrêtés ne serait-ce quelques membres avec preuves à l’appui. Dommage que ce soit le spectre de Coup d’Etat chanté à la longueur des temps qui détruit la dynamique de notre Armée et aliène l’esprit de corps au sein de cette noble Institution ; La grande muette qu’ils évoquent ne saurait être comprise ni interprétée comme le muselage de l’Armée au point de l’empêcher d’accomplir la mission que lui confère la loi fondamentale du pays. Comment se taire ou faire la sourde oreille des lois que l’Armée a reprises et prises expressément en compte dans son document de Stratégie Nationale de la Réforme du secteur de la sécurité notamment les dispositions de l’article 27 de la constitution qui énoncent clairement que : « Les Forces de Défense ont pour mission de garantir l’intégrité du territoire ainsi que la sécurité des populations contre toute agression ou menace extérieure ou intérieure dans le respect des dispositions constitutionnelles et des lois »?

Et, que dire des principes fondamentaux reconnus comme étant de principes de la République à l’article 25 de la constitution et repris par le document de l’Armée ci-haut rappelé dont entre autres « Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple », devenu aujourd’hui à la lumière des faits au quotidien, qu’une bonne partie du peuple est gouverné par les mercenaires et rebelles étrangers, contre le peuple ?

C’est donc en considération du refus délibéré du gouvernement d’appliquer les dispositions des lois rappelées ci-haut aux fins de sauver le peuple en plein péril et le pays en naufrage, que j’ai, à travers ma précédente réflexion, tiré sur la sonnette d’alarme pour arrêter la marche du pays vers la dérive, sinon  vers l’effondrement par les prochaines élections aux contours flous et douteux. Par cette précédente réflexion, j’ai voulu préparer les esprits et la conscience de tous mes frères et sœurs Centrafricains, à une mobilisation nationale future, seule arme efficace et efficiente reconnue par les Nations Unies contre les agresseurs dans les qualifications des crises avec des chefs multinationaux.

Les élections étant une question de souveraineté Nationale qui relève de la seule volonté du peuple en ce moment meurtri et pris en otage par les hordes des malfrats sans cœur, il serait très criminel pour nous, fils des vaillantes et laborieuses populations prises en étau par les mercenaires et rebelles étrangers, de laisser nos parents aller à ces élections sachant que les résultats ouvriraient la porte à de nouvelles crises plus meurtrières et plus sanguinaires. En nous mobilisant tous, Centrafricains sans distinction de région, d’ethnie, d’opinion politique et religieuse ni de considération Séléka ou Anti-balaka, nous aurons la force morale, la force physique, la force de l’unité et la force de l’Amour pour vaincre l’adversité la mieux armée.

Je termine mes propos en réitérant, à vous biens chers compatriotes, Professionnels des Médias et à travers vous, à l’ensemble des Centrafricaines et Centrafricains ainsi qu’aux non-Centrafricains vers qui vous avez porté ma première réflexion, mes remerciements les plus sincères et toute ma reconnaissance et sympathie pour leurs soutiens sans failles.

A tous mes détracteurs qui, en fait, sont les détracteurs du peuple Centrafricain meurtri, je dis et je reprécise  qu’il n’est pas question pour moi d’un coup d’Etat ni d’un esprit de nuisance à qui ce soit.

Mais, il est question pour moi et pour tous ceux qui pensent comme moi en partageant la même vision que moi, d’épargner le peuple Centrafricain des élections dans un environnement surarmé et dans un contexte d’impréparation avérée qui déboucheraient sur d’autres catastrophes non souhaitées par les Centrafricains. Faisons l’économie des moyens que vont engendrer les campagnes électorales pour donner au peuple un peu de soins ; taisons nos querelles qui découleront de ces campagnes et n’acceptons pas que l’on vienne chanter les vertus de la démocratie à un peuple qui n’est pas libre. Car la liberté est l’une des conditions qui entraine la démocratie.

Ensemble, procédons aux désarmements du pays et à sa purification des malfrats étrangers, puis, nous irons aux élections. Des mécanismes d’exceptions crédibles nous permettront d’y arriver. C’est le seul moyen de nous faire respecter et évoluer vers une paix durable.

Je vous remercie.

Bangui, le 18 MARS 2020

Par : NGAÏFEI Ludovic

Général d’Armé

 

 

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