Burkina – Faso : BOUREIMA OUEDRAOGO, DIRECTEUR DE PUBLICATION DE LE REPORTER :  « La transition est sur une trajectoire de chaos »

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Burkina – Faso : BOUREIMA OUEDRAOGO, DIRECTEUR DE PUBLICATION DE LE REPORTER :  « La transition est sur une trajectoire de chaos »

Le mouvement Balai Citoyen, en collaboration avec ses partenaires, a organisé un panel sous le thème « Quelle trajectoire pour la Transition au Burkina Faso ? Le panel a eu lieu le 28 mai 2022 au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) à Ouagadougou et avait pour objectif, selon les organisateurs, de susciter la réflexion sur la trajectoire de la transition pour un meilleur suivi de ses actions.

 

La salle de conférence du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) a refusé du monde dans l’après midi du 28 mai dernier. Le Balai citoyen, en collaboration avec ses partenaires, y a organisé un panel sur la trajectoire de la Transition politique au Burkina. Le journaliste d’investigation et Directeur de publication du bimensuel Le Reporter, Boureima Ouédraogo, s’est appesanti sur le bilan de la Restauration, 4 mois après le coup d’Etat militaire. D’entrée de jeu, il a affirmé que « la Transition en cours au Burkina est loin d’être celle de la reconquête de l’intégrité du territoire et de sécurité au Burkina. Au contraire, la transition est sur une trajectoire de chaos ». Le panéliste a fait savoir que le mythe du militaire qui était considéré comme plus fort et plus intègre, est tombé. En témoigne, selon lui, la recrudescence des attaques terroristes depuis l’avènement des militaires au pouvoir et aussi la revalorisation excessive des salaires des membres du gouvernement. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le Directeur de publication du journal Le Reporter a indiqué que tous les Burkinabè doivent voir la réalité en face. « Ce que nous refusons de gagner par le combat, nous ne l’aurons pas par la prière », a prévenu Boureima Ouédraogo. 

Pas de rupture fondamentale

Le journaliste d’investigation a estimé qu’il faut fondamentalement recadrer la Transition par la mise à plat du processus en cours. Et cela va impliquer, selon lui,  la remise pacifique du pouvoir à un civil désigné par l’ensemble des forces vives de la Nation, la relecture consensuelle de la Charte de la Transition, la dissolution du gouvernement et la mise en place d’un régime resserré, consensuel, désintéressé avec trois missions essentielles à savoir : la sécurisation du territoire national, l’adoption de réformes politiques et institutionnelles conformes aux aspirations du peuple et l’organisation du retour à l’ordre constitutionnel dans de meilleurs délais. Le journaliste d’investigation est allé plus loin pour demander la dissolution de l’Assemblée Législative de Transition (ALT) et la mise en place d’une assemblée plus réduite et plus consensuelle. Concernant l’armée nationale, le panéliste, Boureima Ouédraogo, a recommandé le retour des militaires au front ainsi que dans les casernes. Il a insisté sur la remobilisation de tous les niveaux hiérarchiques de l’armée en vue d’un nouvel engagement pour libérer le Burkina Faso du terrorisme. Boureima Ouédraogo a souhaité une durée de 18 mois pour la Transition, à compter de la date de la mise en place des nouvelles autorités de la Transition et la définition des bases consensuelles des conditions objectives d’une réconciliation nationale sans vengeance ni humiliation. « Cette perspective nécessite la mobilisation de toutes les forces vives de la Nation, pour sauver l’essentiel, le Burkina Faso. C’est la seule voie qui nous reste pour stopper la descente aux enfers de notre pays », a-t-il soutenu. Le Pr, Abdoul Karim Saïdou, dans son exposé, a fait savoir qu’il n’y a pas de rupture fondamentale sur le plan de la sécurité et sur la mise en œuvre des politiques publiques par le pouvoir militaire. Selon lui, l’hypothèse selon laquelle l’arrivée des spécialistes de la guerre aux commandes aura un impact positif sur la lutte contre l’insécurité, ne s’est pas confirmée. Elle est donc à nuancer car, dit-il, sur le terrain, autant sous le régime précédent on enregistrait des victoires et des échecs en matière de lutte contre le terrorisme, autant, sous le régime de la Transition, des victoires et des échecs sont observables. Ce qui ne laisse pas percevoir une rupture fondamentale. Dans la mise en œuvre des politiques publiques, on observe une certaine continuité. On ne note pas de changements stratégiques, sauf des changements tactiques et opérationnels.  En témoigne la mise en place d’un commandement du théâtre d’opération. « La stratégie de lutte contre le terrorisme de la Transition s’inspire de la stratégie sécuritaire élaborée sous le régime précédent, lors du forum de Ouagadougou sur la sécurité », a affirmé l’enseignant-chercheur. Et de poursuivre que le dialogue avec les groupes armés, initié par le régime de la Transition, était déjà inscrit dans l’agenda du régime déchu. Le Pr Abdoul Karim Saïdou a expliqué qu’un régime de transition présente toujours un certain nombre de difficultés. La première est qu’il est vulnérable. De ce point de vue, le panéliste a indiqué que dès qu’il y a un coup d’Etat, il y a une opposition de la Communauté internationale, en l’occurrence la CEDEAO, l’UA, les partenaires bilatéraux, face au nouveau pouvoir. Aussi, un régime de transition a une temporalité très courte, qui ne lui permet pas de mener un changement de paradigme. Il a insisté aussi sur le fait qu’un régime de transition fragilise l’appareil militaire et celui sécuritaire parce que, le plus souvent, il y a une partie de l’armée qui est marginalisée et mise à l’écart dans la gestion des affaires publiques.

Kiswendsida Fidèle KONSIAMBO

Le Pays

 

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