Bria : la Minusca laisse faire et joue au médecin après la mort

0
237
La ville de Bria, chef – lieu de la Haute – Kotto et capitale du diamant centrafricain, a encore sombré dans une spirale de violences le weekend dernier.
Selon des sources locales indépendantes, des combats d’une rare violence ont éclaté le samedi 25 août 2018 dans la matinée entre les éléments de la séléka du FPRC et les antibalaka, suite à l’enlèvement du chef de groupe de ces derniers, disent certains, et une histoire banale de vol d’une moto, relatent d’autres. A l’expiration d’un ultimatum donné pour la libération de leur chef, les antibalaka sont passés à l’action. En représailles, le FPRC soutenu par les éléments de l’UPC a attaqué, le dimanche 26 août 2018, le bastion des antibalaka, de l’autre côté de la rivière.
A ce jour, les conséquences sont dramatiques : des morts jonchant les rues, des blessés, des habitations incendiées, et tout naturellement des milliers de familles déplacées et sans – abri.
Comme toujours, le contingent mauritanien qui est jugé par la population locale trop proche des éléments du FPRC de Nourreidine Adam et de l’UPC d’Ali Darass, a préféré tout simplement laisser faire pour n’intervenir qu’à la fin jouer son rôle de médecin après la mort. Histoire d’aider évidemment par sa passiveté à l’entretien et à la perpétuation de cette crise afin de continuer à justifier de sa raison d’être dans cette partie de la République centrafricaine.
C’est ainsi qu’après un long silence, le temps que les combats fassent plus de dégâts, la Minusca est sortie deux jours, alors que les armes se sont tues et que l’accalmie semble revenir, pour dénoncer cette résurgence de violences. Une fois de plus, cette mission a été assumée par son porte – parole, Vladimir Monteiro, en ces termes, repris par l’AFP :
« Des affrontements meurtriers ont opposé samedi et dimanche des groupes armés à Bria, dans le centre-est de la Centrafrique, a-t-on appris auprès de la Mission de l’ONU dans ce pays et de témoins.

« Il y a eu des affrontements entre les antibalaka (prétendant défendre les non-musulmans, NDLR) et le FPRC (Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique) avec des pertes dans les deux camps », a déclaré le porte-parole de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), Vladimir Monteiro. Les forces de sécurité centrafricaines et « la police de la Minusca ont pris des mesures de sécurité et sont en alerte dans la ville ».

Des témoins ont précisé à l’AFP que ces heurts avaient fait au moins quatre morts et plusieurs blessés, un bilan non confirmé par la Minusca. Des dizaines de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile.

Les combats entre les antibalaka et les milices de l’ex-rébellion de la Seleka avaient cessé dimanche après-midi, mais des tirs sporadiques étaient toujours entendus dans la soirée, selon des habitants de la ville.

Le FPRC a reçu le soutien d’un autre groupe de l’ex-Seleka, l’Unité pour la Centrafrique (UPC), lors de ces affrontements.

Les heurts entre antibalaka et éléments du FPRC auraient pour origine un règlement de comptes entre des éléments des deux camps à propos du vol d’une moto, selon les témoins.

Depuis 2013, la quasi-totalité du territoire de la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés et de milices qui commettent d’innombrables violences et exactions.

La chute cette année-là du président François Bozizé, renversé par l’ex-rébellion de la Seleka qui se proclamait protectrice des musulmans, avait entraîné une contre-offensive des milices antibalaka.

Groupes armés issus de la Seleka et milices s’affrontent aujourd’hui pour le contrôle des ressources dans ce pays de 4,5 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres au monde, mais riche en diamants, or et uranium « .

Du côté des autorités légales et légitimes, l’on note aucune réaction officielle ni de la présidence de la République ni du porte – parole du gouvernement. Et pourtant, fort de leur rapprochement avec la Russie de Poutine, Touadéra et son cher aîné Sarandji n’ont cessé ces derniers temps d’appeler les centrafricains à œuvrer pour la paix et à aimer leur paix.

Qu’attendent – ils alors pour dénoncer officiellement cette absence de réactivité de la part de la Minusca en temps réel, si vraiment ils aiment leur pays et le peuple centrafricain ?

Jean – Paul Naïba

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici