Bozoum : le film de la mission de villégiature effectuée par 4 ministres de la République

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Bozoum, chef – lieu de la préfecture de l’Ouham – Pendé a  défrayé les chroniques, ces derniers temps et continue de l’être, sans que l’on ne sache à quand s’arrêtera son martyre. Et ce, depuis ce jour où un soldat du Christ, le curé de la Paroisse, avait eu le courage de dénoncer, au moyen des images émouvantes et révoltantes, projetées sur sa page Facebook, les conséquences d’exploitation de l’or, par trois (3) sociétés chinoises, tant sur  le mode de vie de la population et les différentes  activités socio – économiques dans toute cette région que sur l’environnement et l’écologie.

Convoqué par l’assemblée nationale, suite à la vive émotion suscitée au sein de l’opinion nationale et internationale par la publication de ces informations, relayées régulièrement et systématiquement par les internautes et les médias, le premier ministre Ngrébada, non sans avoir dans un premier temps  porté un doigt accusateur vers le Père Aurélio Gazzera qui, selon lui, serait un exploitant minier illégal et à ce titre, financerait des artisans locaux et trouverait d’un mauvais œil l’exploitation à caractère industriel, faite par les opérateurs économiques chinois, s’est engagé par la suite  à commettre une mission composée de quatre (4) départements ministériels aux fins de constater les faits, de mener des investigations, de collecter les données, de faire des prélèvements, de les étudier et de proposer des solutions relatives à cette situation.

Le dimanche 2 juin 2019, cette fameuse mission, composée des ministres des mines, de l’environnement, des eaux et forêts et de la sécurité publique, est  finalement arrivée au grand soulagement de la vaillante et paisible population de Bozoum. Mais, après quelques heures de rencontres et d’échanges, au lieu de lui apporter des lueurs d’espoirs,  ces émissaires du gouvernement ont  plutôt laissé derrière eux  des hommes, des femmes et surtout des jeunes, profondément déçus, pleins  de désespoirs, anxieux, hébétés, abandonnés à eux – mêmes, ne sachant plus à quel saint se vouer et définitivement livrés à la merci de ces Chinois venus d’ailleurs qui leur pillent leurs ressources, sans qu’ils n’aient quelque chose en retour, refusent de les embaucher,  les empêchent de vaquer à leurs activités traditionnelles, polluent leur environnement et leur écologie, ont dévié et continuent de dévier leur cours d’eau, le contaminent avec leurs produits chimiques, les privent du poisson, et donc de nourriture,  et ont fait fuir leurs troupeaux d’hippopotames, s’ils ne les ont pas tout simplement décimés.

Pour la gouverne des uns et des autres et afin que nul n’ignore, voici le film de la mission de villégiature effectuée par les quatre (4) mousquetaires cités ci – dessus, selon des informations dignes de foi en notre possession :

« A Bozoum, la situation de l’exploitation de l’or par les sociétés chinoises continue à être catastrophique : désastre environnemental et destruction du fleuve Ouham et ses environs, forte pollution de l’eau sur des centaines de km, destruction des poissons et de la faune du fleuve, aucune embauche au niveau local…Le Premier Ministre avait promis le 8 mai d’envoyer une commission de contrôle et d’interpeller les sociétés chinoises pour qu’elles commencent les travaux promis, et pour qu’elles embauchent du personnel local. Aucune des promesses n’a été respectée. Dimanche 2 juin finalement une mission avec 4 ministres (Mines, Environnement, Eaux et Forêts et Sécurité publique) est arrivée à Bozoum. Après avoir passé la nuit à Bouar, ils sont arrivés vers 10h du matin. Ils avaient annoncé une réunion à la Mairie pour 10h, mais la délégation ne s’est présentée qu’à 13h. La population présente était constituée de quelques notables de la ville, et de  beaucoup de jeunes. Confirmant une méfiance totale envers les autorités de la ville, le Préfet qui voulait ouvrir la réunion a été hué par les présents, ainsi que le suppléant du député de Bozoum 1, M. Corneille Sérékoissé de l’UNDP, et même le Ministre de la Sécurité Publique…Les présents ont donné la parole à un des jeunes, qui  a rappelé les dommages causés par les chinois sur les routes (le pont de Kounde, axe Bozoum-Bouar, abimé par les engins transportés), la destruction du fleuve et la pollution de l’eau, la ruine des petits artisans miniers, le manque de sécurité. Le Ministre des Mines a reconnu que les choses étaient mal faites… et promis encore des interventions… Quand ? Après la réunion la Délégation est repartie sur Bouar… sans emprunter la route Bozoum-Bossemptélé qui, malgré les travaux inaugurés en aout 2018, reste très mauvaise. Il faut aussi remarquer que la délégation des 4 ministres n’a pas daigné rencontrer le Père Aurelio Gazzera, curé de Bozoum, qui avait attiré l’attention des médias sur ce problème, et qui à cause de cela avait été arrêté le 27 avril. La population de Bozoum a manifesté, avec un comportement très digne, la capacité de ne pas sous-estimer un problème, qui va avoir des conséquences gravissimes pour les futures générations. Mais le gouvernement ne semble pas prendre au sérieux ce problème…  »

De ce qui précède, nous ne pouvons qu’affirmer sans grands risques de nous tromper que la ville de Bozoum fait partie de nos villes dont les principales ressources minières ont été cédées par le président Touadéra et son premier ministre Ngrébada, contre de fortes rétro – commissions, sans que les droits et taxes versés au trésor public par ces sociétés étrangères  n’eussent fait l’objet d’une quelconque publication ni de la part du ministère des finances et du budget, ni de la part de l’ITIE, au nom des nobles principes de la bonne gouvernance et de la transparence. Lorsque, informés de ces engagements pris au nom du peuple centrafricain, lors de leurs missions de villégiature en Russie et en Chine, nous en avions parlé et avions porté un doigt accusateur vers eux, en réplique, l’actuel premier ministre, au moment des faits directeur de cabinet du président de la République, nous avait demandé, dans un post publié sur sa page Facebook, de lui montrer des éléments de preuve y relatifs ou une copie de ces juteux contrats dûment signés.

Aujourd’hui,  avec le scandale des conséquences néfastes des activités de ces trois (3) sociétés chinoises sur le cours d’eau communément appelé « Ouham » et devant son refus de nous dire la vérité sur les en – dessous de cette affaire et de soutenir les revendications des populations de Bozoum, en aval, et celles de Bossangoa et de Batangafo, en amont, nous sommes en mesure et en droit de lui  brandir à la figure un exemple patent du bradage du sous – sol centrafricain contre des intérêts privés, personnels et éminemment étrangers à l’intérêt général : Bozoum.

Affaire à suivre….. !

Jean – Paul Naïba

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