Bangui, principale étape de la tournée africaine de Tibor Nagy

0
307

Pour la première fois depuis son investiture, le 30 mars 2016, le président Touadera va accueillir, du 19 janvier 2020 au 21 janvier 2020, Tibor Nagy, un haut responsable américain du Département d’Etat.

Tibor Nagy, Sous-Secrétaire d’Etat chargé des affaires africaines, a placé Bangui au début de sa nouvelle tournée en Afrique qui se poursuivra avec l’Ethiopie, le Kenya, le Soudan et le Soudan du sud. Tibor Nagy y restera plus de 24 heures ce qui montre, à l’ évidence, l’importance de sa première visite en terre centrafricaine.

Une tournée très politique

Cette tournée en Afrique centrale et orientale est probablement la plus importante que Tibor Nagy a jusqu à maintenant effectuée sur un continent qu’il connaît probablement le mieux des diplomates en charge de l’Afrique. L’Ethiopie, où il a été ambassadeur, connait un regain de tensions avec la question des Oromo tandis que le Premier ministre, dernier prix Nobel de la paix, connaît des difficultés qui obèrent son action diplomatique régionale, soutenue par les Etats-Unis d’Amérique. Quant au Kenya, l’attaque du 5 janvier 2020 de la base americano-kenyane de Lamu, avec ses victimes et notamment trois citoyens  américains, confirme l’expansion des Shebabs qui ont notablement élargi leur rayon d action depuis la Somalie.

Evidemment, les Etats-Unis d’Amérique sont aussi très impliqués dans l’évolution de la situation au Soudan de l’après Omar Al- Bechir. Tibor Nagy, avec son envoyé spécial Donald Booth, est à la manoeuvre depuis la chute du despote pro-russe et il peut se satisfaire de la nouvelle gouvernance du pays qui reste néanmoins encore très fragile, notamment au Darfour. Quant au Soudan du sud, Tibor Nagy n’a pas assez de mots pour mettre dos à dos  les deux rivaux, le chef de l’Etat, Salva Kiir, et son opposant, Riek Machar, et leur ordonner de respecter l’accord de paix du 12 septembre 2018 afin de cesser de se complaire dans un statu quo, dévastateur pour les populations.

La situation à Bangui n’en est pas très éloignée. L’accord de paix et de réconciliation de Karthoum, signé le 6 février 2019, avec quatorze groupes armés, ne ressemble t-il pas à l’accord de paix d’Addis Abeba du 12 septembre 2018, signé entre les deux rivaux sud-soudanais, qui est resté lettre morte ?

Le président Touadera joue gros

Les multiples voyages du président Touadera aux Etats Unis, ponctués par des rencontres avec les principaux responsables de l’ONU, du FMI, de la Banque mondiale et du Département d’État, attendent encore des retombées positives pour les demandes multiples que le chef d’Etat centrafricain ne cesse de solliciter à chacun de ses voyages. On ne peut pas dire que la récente décision de l’ONU de priver de vote la République centrafricaine, pour défaut de paiement de ses deux dernières années de contributions, soit un signe de confiance envers la gouvernance du président Touadera.

Dans une interview accordée à RFI, le 17 janvier 2020, Tibor Nagy a diplomatiquement évoqué sa mission à Bangui. Comme pour la communauté internationale, Washington attend des initiatives des autorités centrafricaines afin de retrouver le chemin de la paix et de la réconciliation nationale. Nul doute que Tibor Nagy s’enquérera de l’évolution des stipulations de l’Accord de Khartoum, de la situation des parties du territoire occupées par les groupes armés, de la présence du groupe Wagner et des Russes dans l’entourage présidentiel, de la lutte contre la corruption, des dispositions prises par le président Touadera pour assurer des élections libres, transparentes et conformes à la volonté du peuple et du traitement réservé aux anciens présidents Bozizé et Djotodoa.

Un très grand oral

Dans son interview à RFI du 17 janvier 2020, Tibor Nagy a glissé cet avertissement :  » nous voulons nous assurer que chacun ne tire pas la couverture à soi ». Comme Tibor Nagy l’a maintes fois exprimé, que ce soit pour le Cameroun ou le Soudan du sud, les discours et les dialogues nationaux comptent peu devant les actions concrètes, ayant un impact sur la réconciliation nationale et le retour à la paix.

Aidé par Stanislas Moussa-Kembe, son conseiller diplomatique américanophile et très introduit aux Etats-Unis où il a été ambassadeur, le professeur Faustin-Archange Touadera passera probablement le plus grand oral de sa carrière. Le statu quo n’a que trop duré et l’impatience de la communauté internationale pourrait bien avoir comme interprète le principal responsable de la politique africaine du président Donald Trump.

Mondafrique

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici