Bangassou : et Touadéra bâtit l’armée centrafricaine sur du sable

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Les informations selon lesquelles, comme nous l’avions déjà annoncé dans nos dernières parutions, les nouvelles en provenance des forces armées centrafricaines n’étaient pas du tout bonnes, deviennent fort malheureusement réalité et se concrétisent de jour en jour telle une prophétie. Cette confirmation  vient d’être faite  par la révélation des informations inquiétantes émanant de la ville de Bangassou, chef – lieu de la préfecture du Mbomou, située à plus de 700 Km de Bangui, en allant vers l’est.
En effet, selon des sources locales indépendantes et dignes de foi, les éléments des forces armées centrafricaines en position de détachement dans cette partie de la République centrafricaine se livrent plutôt à la consommation d’alcool de traite et à la course aux femmes de plaisirs qu’à la défense de l’intégrité du territoire national, la protection des biens et des personnes et à la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat.
Cette information, qui est fondée, loin de remettre en cause tous les efforts déployés par la communauté internationale, à travers la France, les Etats – Unis, la Chine, l’EUTM et les Russes, pour la restructuration de l’armée centrafricaine, pose dans toute sa nudité l’absence criarde de toute vision, dans ce domaine combien trop sensible, de la part du mathématicien de Boy – Rabé et de son gouvernement dont la gestion est confiée depuis plus de deux années à son cher aîné Sarandji.
En effet, il n’est aujourd’hui de secret pour personne que les priorités des priorités auxquelles Touadéra devait faire face et dont le candidat qu’il était en avait fait les projets – phares de sa campagne et de son éventuelle gouvernance, se résumaient indubitablement d’abord à la pacification et à la sécurisation du pays, ensuite à la restructuration et au redéploiement des forces armées centrafricaines, et enfin à la restauration de l’autorité de l’Etat et au retour des milliers des personnes déplacées dans leurs villages.
Pour ce faire, toutes les dispositions auraient dû être prises afin de combattre de manière efficace et efficiente les tares qui avaient enlaidi l’image de l’armée centrafricaine et qui avaient pour noms indiscipline caractérisée, tribalisme, amateurisme, politisation, inexistence de moyens matériels et logistiques adéquats et performants, etc. Et ce, non pas par de belles paroles mielleuses et prononcées à longueur de journée, des envolées lyriques, spectaculaires, démagogiques et à caractère foncièrement propagandiste, et des discours endormants, mais plutôt par des faits et gestes concrets, une volonté politique clairement exprimée, traduite en projets et actions dans un programme bien ficelé, et inscrite en chiffres, c’est- à – dire en termes de crédits de fonctionnement et d’investissement, dans la loi des finances, et par une vision à court, moyen et long termes.
Au lieu de cela, impréparés et n’ayant en réalité aucun projet de société digne de ce nom, en ce qui concerne l’armée centrafricaine, et à travers cette noble institution, la défense de l’intégrité du territoire national, la protection des biens et des personnes et la préservation des intérêts fondamentaux de l’Etat, ils  ne pouvaient que se contenter de faire les leurs les propositions imaginées et cultivées, tels des champignons dans les laboratoires, par les différents partenaires internationaux de la République centrafricaine et relatives à la restructuration des forces armées centrafricaines et la résolution de la crise.
Or, comme nous pouvons aisément le constater plus de deux années plus tard, ces approches dont l’objet vise à la formation et à la dotation des forces armées centrafricaines de moyens matériels, logistiques et militaires, bien que leurs apports soient indispensables à la professionnalisation et à la modernisation de l’armée centrafricaine, apparaissent cependant insuffisantes pour faire d’elle in fine une armée véritablement républicaine, disciplinée, nationale et résolument au service de la patrie. C’est du pur saupoudrage et du colmatage, comme diraient des spécialistes en ponts et chaussées. Et en y adhérant tête baissée, faute d’une alternative nationale, bien pensée et bien mûrie, Touadéra va contribuer ainsi à sa manière à bâtir l’armée centrafricaine non pas sur du roc mais sur sable.
C’est le constat auquel tous les observateurs de la vie politique centrafricaine, les lanceurs d’alerte et des professionnels des médias sont parvenus, au lendemain de la diffusion des informations selon lesquelles les éléments des Faca en position de détachement dans la ville de Bangassou sont dans la consommation d’alcool de traite, désertent de nuit et jour leur camp et se font allégrement la concurrence à la course aux donzelles. Des comportements dont sont outrées les populations locales et qui ne peuvent laisser penser que les formations reçues par-ci et par-là n’ont pas servi à grand – chose. Les mentalités sont restées curieusement les mêmes : celles d’une armée indisciplinée, anti – républicaine, politisée, non professionnelle et rétrograde. Les anciennes laideurs, celles qui ont été vivement dénoncées par le peuple centrafricain et qui ont sous tendu à leur fuite devant les éléments de la séléka en 2013, non seulement demeurent mais surtout deviennent de plus en plus vivaces et vivantes, du fait de la dépravation des mœurs, de la perte de la morale et du bon sens et de la culture accélérée de l’incivisme.
Et ceci, pour la simple raison que le président Touadéra, en la méconnaissance totale et flagrante des dispositions de l’article 33 de la constitution du 30 mars 2016, sur laquelle il a solennellement prêté serment, faisant de lui le chef suprême des armées, le responsable de la défense nationale et celui qui préside les Conseil et Comité Supérieurs de la défense nationale, a fait preuve, dans l’accomplissement de son devoir en la matière, en ce qui concerne la reconstruction de l’armée nationale, d’une imprudence notoire, d’une certaine naïveté, d’absence de méthodologie et de vision. Et cela ne saurait en être autrement.
 Car, au lieu de passer de la parole à l’acte, d’investir dans un délai relativement court dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale en y affectant les maigres ressources de la République et inscrites dans le budget de l’Etat, en proposant un service militaire obligatoire pour tous les centrafricains et toutes les centrafricaines âgés de 18 ans, en lançant le recrutement de 5.000 jeunes dans l’armée nationale sur toute l’étendue du territoire nationale, en créant des écoles de formation militaire et en construisant des garnisons dans toutes les zones militaires, il a préféré en à confier honteusement la gestion, même celle de sa propre sécurité, à des étrangers et à la communauté internationale qui œuvrent sans cesse pour la perpétuation de la crise. Ce faisant, il n’est pas différent de l’un des deux hommes dont Jésus – Christ, le Maître de la Parole, en avait parlé, il y a aujourd’hui plus de 2.000 ans, dans l’Evangile de Matthieu 7, 21-27 :
 «   (…) Ainsi, celui qui entend mes paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les vents ont soufflé et la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et la maison s’est écroulée entièrement. »
Jean – Paul Naïba

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