Bambari : L’étau se resserre autour du général Balla Kéïta et des forces onusiennes…

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«  Pour nous, ce  ne sont que des étrangers. Ils ne connaissent pas le pays comme nous. Nous ne nous laisserons pas faire, en tant que centrafricains. Nous emprunterons des bretelles et des sentiers pour arriver à Bambari et en finir avec le mercenaire nigérien, Ali Darass, qui est protégé par la Minusca. Ou bien ils protègent tout le monde ou bien ils désarment par la force tout le monde », a martelé un officier du FPRC et du MPC, joint depuis le village Mbroutchou, à 25 km de la ville d’Ippy. Voilà une information qui doit siffler très fort dans les oreilles de M. Onanga et du général Bala Kéïta, d’une part, et dans celles du président Touadéra, d’autre part.

 En effet, depuis l’intervention aérienne et terrestre des forces onusiennes ayant occasionné la mort du général Zoundécko et la destruction de plusieurs véhicules, il est désormais clairement établi que la Minusca a choisi de choisir son camp ; celui d’assurer la protection du mercenaire peuhl d’origine nigérienne, un certain Ali Darass. Un autre égorgeur de la séléka qui a érigé son quartier général à Bambari et qui y sévit en maître depuis plusieurs années, au vu et au su des forces onusiennes. Un parti pris qui n’est pas du goût des éléments du FPRC et du MPC dont la plupart sont des centrafricains.

Du coup, ceux – ci sont déterminés à marcher pour rentrer dans la ville de Bambari. C’est ainsi qu’à l’heure où nous mettons sous presse cet article, non seulement la population de Birao et de Bria est massivement descendue dans la rue pour dénoncer cette hypocrisie et  cette violation manifeste du principe d’impartialité dont elles ne cessent de faire montre, mais surtout des centaines d’éléments du FPRC et du MPC seraient en train de faire mouvement vers la ville de Bambari. Alors jusqu’à quand M. Onanga, le général Bala Kéïta et les forces onusiennes tiendront – ils encore ?

La réponse à cette interrogation est  dans le commentaire relayé sur les antennes de RFI, en ces termes :

« Malgré l’opération de la Minusca, le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) poursuit lentement sa progression vers Bambari. Le FPRC et le Mouvement patriotique centrafricain (MPC) ont promis de prendre Bambari pour en déloger Ali Darass, le chef de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) qui y a établi son quartier général il y a quelques années. La guerre entre la coalition et l’UPC fait rage depuis plusieurs mois dans cette province de la Ouaka. L’opération de la Minusca samedi 11 février ne semble pas avoir complètement stoppé l’avancée des troupes de la coalition FPRC-MPC vers le sud, en direction de Bambari.

Si plusieurs pickups ont été détruits à Ngawa 1 par l’hélicoptère des Nations unies, les éléments de la coalition ont semble-t-il poursuivi à pied, empruntant les sentiers pour entrer discrètement dans Ippy, à une douzaine de kilomètres plus au sud. En douceur, sans combattre, les hommes du FPRC ont donc franchi la fameuse ligne rouge établie par l’ONU. A Ippy se trouve une base temporaire de la Minusca et des casques bleus mauritaniens et bangladais. De nombreux déplacés y avaient trouvé refuge, mais certains ont repris la route. Plusieurs centaines de familles seraient arrivées à Bambari, selon une source humanitaire qui explique que leur décompte est toujours en cours.

Par ailleurs le FPRC serait en train de renforcer ses positions à l’autre bout de la ligne de front. « [Dimanche] soir, nous avons vu une trentaine de motos sur lesquelles il y avait des combattants armés arriver du Nord », confie une source à Kaga Bandoro.

Des combattants rejoints par d’autres dans la nuit et qui seraient tous partis au petit matin vers Mbrès en contournant le check-point de la Minusca censé empêcher la traversée de Kaga Bandoro. Une fois à Mbrès, les combattants sont à peine à une journée de Bakala où commence la ligne de front.

Ville stratégique

Pour un groupe armé, Bambari constitue un carrefour stratégique à plusieurs égards. L’homme fort de la ville, Ali Darass, y a mis en place un système de prélèvement de taxes sur les commerçants qui y vivent ou qui y transitent. Moyennant finance, l’UPC accorde sa protection aux transhumants qui convoient les troupeaux de bovins. Par ailleurs, en 2015, un rapport de l’ONG Global Witness démontrait que les compagnies internationales qui exploitent le bois dans la région payaient une redevance aux groupes armés et notamment à l’UPC.

Mais surtout, Ali Darass tire d’importants profits du commerce du café dans la Ouaka, et des mines d’or de Ndassima à une soixantaine de kilomètres au nord de Bambari. Enfin, la ville a un intérêt opérationnel majeur. Le FPRC qui, avec son allié le MPC, a promis de prendre la ville, rappelle régulièrement ses velléités de partition de l’est de la Centrafrique. Partition à laquelle Ali Darass s’est toujours dit opposé.

En prenant Bambari, la coalition s’octroierait des revenus conséquents, se débarrasserait d’un ennemi encombrant, et s’assurerait une liberté de mouvement pour ses troupes dans la moitié est du pays. Mais Bambari est coupée en deux. La partie occidentale de la ville est contrôlée par les anti-balaka de Gaëtan Boade qui verraient d’un bon oeil qu’Ali Darass soit poussé dehors mais qui craignent cette partition. Des anti-balaka qui pour le moment restent l’arme au pied ».

Kassa mo Ngonda

 

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