Bambari 3 : le film macabre de l’assassinat de l’Abbé Angbabata et de ses fidèles dans sa paroisse de Séko

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Plus de 20 morts, des corps jonchant le sol à la merci des chiens et des porcs errants, de nombreux blessés, des maisons et greniers incendiés, de milliers de personnes déplacées, sans assistance, abandonnées à elles – mêmes et livrées aux mercenaires de l’UPC d’Ali Darass et aux intempéries de toute sorte  en cette période de saison pluvieuse, au vu et au su de la Minusca et sans réaction aucune de la part du gouvernement légal et légitime de Touadéra et de son cher aîné Sarandji. Une situation humanitaire extrêmement dramatique et apocalyptique, sans précédent historique.

Tels sont les mots qui sont sortis de la bouche de M. Anatole Ndémangouda, député de la circonscription de Bambari 3, face aux professionnels des médias publics et privés, lors d’une conférence de presse, tenue ce jour mardi 27 mars 2018, à 11 heures 30, au siège du parti politique dénommé Rassemblement Démocratique Centrafricain en abrégé RDC.

Initialement prévue pour 10 heures, elle a effectivement débuté à 11 heures, à cause de la pluie diluvienne qui s’est abattue sur la capitale, afin d’atténuer la forte densité de la chaleur de la veille. Assisté du 3ème vice – président du RDC, M. Etienne Kangabé et du porte – parole du parti, M. Pascal Koyaméné,  c’est un homme très ému, profondément attristé, mais déterminé et confiant en l’avenir qui, après avoir demandé et obtenu de l’assistance une minute de silence, en la mémoire de toutes les victimes des derniers évènements en cours dans sa circonscription, a pris la parole pour livrer le contenu de son propos, en direct. En voici les détails :

« Tagbara, 18 mars. Les éléments de la séléka de l’UPC, basés dans la commune, mettent la main lors d’un contrôle de routine sur un antibalaka, appelé Patrick, en possession des cartouches de chasse. Faisant suite à une opération de perquisition à son domicile, ceux – ci tombent sur un autre tas de minutions et des gris – gris. Ils l’amènent dans leur état – major sis dans la commune de Malloum, le soumet à de forts interrogatoires et l’exécute sans aucune forme de procès. La triste nouvelle s’ébruite et envahit toutes les contrées. Les antibalaka ruminent leur colère, se concertent et préparent leur vengeance.

 Tagbara, 19 mars. Journée de deuils et d’inhumation du défunt. Comme à l’accoutumée, la famille, les parents, amis et connaissances se réunissent pour le dernier hommage au mort. Animation, chants et danses traditionnelles et folkloriques se succèdent. Soudain,  prétextant être à la recherche des antibalaka qui les ont attaqués, des quatre (4) coins du lieu où se déroule cette cérémonie, surgissent des hommes enturbannés et en tenues militaires. Des détonations d’armes lourdes et légères retentissent et des balles crépitent et sifflent de tous côtés. C’est la panique suivie d’une débandade généralisée et de mouvements de sauve- qui – peut. Des hommes, des femmes, des enfants et des personnes du 3ème âge tombent, se tordant de douleurs, blessés ou mortellement atteints. Des âmes arrachées violemment à la vie et des destins brisés à jamais. Afin de se mettre à l’abri de ce carnage et de  cette tuerie aveugle et crapuleuse, les membres de la famille du Decujus et d’autres villageois se ruent vers Séko pour y trouver refuge. Là encore,  alléguant poursuivre des antibalaka, leurs assaillants arrivent, pénètrent dans la paroisse et mettent la main sur la gâchette. Après leur retrait, l’on dénombrera 12 tués dont l’Abbé Joseph Désiré Angbabata et dont la nouvelle sera étonnement  annoncée plus tard  par la Minusca et 20 blessés dans un état grave, dont 7 succomberont de leurs blessures au cours de leur évacuation à l’hôpital régional de Bambari.

Tagbara, 20 mars. Informés de l’assassinat de 4 chefs de village par leurs assaillants en route vers la commune de Malloum d’où il sont partis, les antibalaka, sans avoir le temps de faire leurs deuils, d’enterrer leurs morts et d’essuyer leurs larmes, se concertent et encerclent Malloum, décidés à en découdre avec les mercenaires peulhs qui s’y trouvent.

Depuis lors, de violents combats se déroulent dans toute la région, de Malloum à Tagbara en passant par Séko, et atteignant Gouyali et Goumbali, avec leurs corollaires de morts, de blessés, d’incendies de maisons et greniers et de milliers de personnes déplacées. Une véritable situation dramatique et catastrophique qui nécessite d’abord une cessation immédiate des hostilités,  ensuite des actions humanitaires urgentes afin de venir impérativement en aide aux populations en détresse et démunies de tout et enfin une prise  de mesures vigoureuses de la part de la Minusca et du gouvernement Sarandji, selon l’intervenant.

Pour finir, le député de Bambari 3 qui est accusé par ses électeurs d’être complice de leur triste sort et de ne rien faire pour un retour de la paix et le déploiement des faca dans sa zone de juridiction, n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer la réaction passive et tardive de la Minusca, lors de ces violents évènements, expliquer son incompréhension face au maintien du contingent mauritanien dans cette grande commune, alors qu’il est totalement rejeté par les populations pour ses soutiens multiformes et multiples aux groupes armés et fustiger le régime légal et légitime de Bangui pour son silence et son immobilisme face à tous ces regains d’hostilités.

Jean – Paul Naïba

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