Au sein de la BEAC, fortes tensions avant une réunion cruciale à Yaoundé

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ÉCONOMIE

Au sein de la BEAC, fortes tensions avant une réunion cruciale à Yaoundé

À la demande du Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, une session extraordinaire du comité ministériel de l’Umac se tiendra le 7 juin pour trouver une issue à la « situation de blocage » au sein de la banque centrale régionale

Le ton se veut courtois, mais la missive adressée au gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Le 3 juin, Jean-Baptiste Ondaye a invité Abbas Mahamat Tolli à prendre les dispositions nécessaires pour qu’il convoque une session extraordinaire du comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), « aux fins de juger de l’opportunité de lever la mesure de suspension du processus de recrutement des agents d’encadrement supérieur », explique le ministre congolais de l’Économie et des Finances.

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Ce dernier, président en exercice du comité ministériel, a été reçu deux jours plus tôt par le chef de l’État centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, en tant que président de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui avait sollicité cette rencontre. Au contraire de son prédécesseur, Paul Biya, qui s’est toujours gardé d’intervenir dans les péripéties de la BEAC, ce dernier se préoccupe de la « situation de blocage » à la Banque centrale régionale.

Compétence du gouvernement

« Le président a réaffirmé la nécessité d’une concertation entre les membres du gouvernement de la BEAC en vue de restaurer la cohésion, la sérénité et le fonctionnement normal (…) pour l’intérêt général », énonce la lettre de Jean-Baptiste Ondaye, que Jeune Afrique a consultée.

Le Centrafricain a des raisons de s’inquiéter au regard des derniers développements qui accentuent la fracture au sein de l’équipe dirigeante de l’institution régionale dans la gestion de ce dossier. Le 24 mai, le Gabonais Jean-Clary Otoumou, le directeur général de l’exploitation, a saisi son homologue du contrôle général, le Camerounais Eugène Blaise Nsom, sur la régularité des résultats du concours publiés le 5 avril par Abbas Tolli, tout en s’opposant au début du stage, fixé au 5 juin, des candidats admis, et en appelant les directeurs nationaux et la directrice des ressources humaines à ne pas s’exécuter.

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La réponse de Nsom, le même jour, le conforte. Ce dernier rappelle que le principe « qui peut le plus peut le moins » n’est pas applicable dans le cadre d’une gestion collégiale. En d’autres termes, le gouverneur ne saurait décider dans un domaine relevant de la compétence spécifique d’un membre du gouvernement. Après avoir relevé que le recrutement, la nomination et la révocation du personnel relèvent de la compétence du gouvernement et non de l’un d’entre eux, il affirme qu’aucune résolution dans le sens du recrutement n’a été prise par le collège.

Il poursuit en indiquant que la résolution du conseil des ministres suspendant le processus n’ayant été ni appliquée ni annulée, la mise en œuvre d’actions allant dans le sens de la publication des résultats décidée par le gouverneur s’assimilerait à de la « défiance » à l’égard du comité ministériel. D’autant que l’avis de la cour commune de justice communautaire de N’Djamena, dont se prévaut Abbas Tolli, n’invalide pas à ses yeux la décision ministérielle.

« Enquête pour insubordination »

« Dans l’attente, tout responsable d’unité opérationnelle, y compris les directeurs nationaux, leurs adjoints et la direction des ressources humaines et de la formation qui prendra une initiative contraire dans le cadre de ce processus, sans en référer au membre du gouvernement auquel il est rattaché ou concerné par l’activité en cause, fera l’objet d’une enquête pour insubordination, cette qualification étant constitutive d’une faute lourde, passible de renvoi en dehors de tout conseil de discipline », assène-t-il.

Ce qui n’a pas empêché Abbas Tolli, une semaine plus tard, de confirmer le début de la formation des récipiendaires au 5 juin, et d’instruire les directeurs nationaux et la DRH « d’accomplir les diligences nécessaires à la mise en route des stagiaires » pour Yaoundé.
La concertation ministérielle du 7 juin convoquée dans la capitale camerounaise va-t-elle dénouer la crise ouverte au sommet de la Banque centrale ? « À travers cette initiative, le ministre [Jean-Baptiste Ondaye, NDLR] veut au moins aider le gouverneur à sortir de ce bourbier », suggère un analyste.

Jeune Afrique

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