Attaque de Sourou : Touadéra sommé de livrer les auteurs du crime de guerre à Ndjamena

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Deux jours après l’attaque de Sourou, une délégation gouvernementale centrafricaine conduite par la ministre des affaires étrangères Sylvie Baïpo Témon qu’accompagnaient Marie Noëlle Koyara et Wanzet – Linguissara, respectivement ministres de la défense nationale et de l’intérieur en charge de la sécurité publique, a été reçue par le président du Conseil Militaire de Transition, le général de corps d’armée, Mahamat Idriss Déby, le mardi 1 juin 2021. Cette rencontre a été précédée par une séance de travail technique avec leurs collègues des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité.

Comme nous pouvons le constatez tel que mentionné dans le Communiqué conjoint, « in limine litis » entre les deux parties, l’accusateur assis autoritairement dans la chaire du procureur de la République, d’un côté, et l’accusé dans le box d’en face, de l’autre, un préalable a été posé par le maître du céans. « M. l’accusé, plaidez – vous coupable ou non – coupable ? », a annoncé la partie demanderesse. « Je plaide coupable », a répondu la partie défenderesse. Un préalable avant toute négociation exigé, la veille, par le ministre tchadien des affaires étrangères Chérif Mahamat Zene. Ainsi donc, comme dans le cadre d’une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité, ayant pris la parole, mais « tout en exprimant sa surprise par rapport à cette attaque », la partie centrafricaine a reconnu les faits, les a fermement condamnés et a exprimé sa profonde compassion, ainsi que ses condoléances au gouvernement et au peuple tchadiens. Agissant de la sorte, la partie centrafricaine, consciente de l’extrême gravité de l’acte commis, a décidé, à la manière d’un chien qui fait rentrer sa queue et baisse la tête face à la puissance des crocs de l’autre, purement et simplement de négocier sa peine, dans le but de faire baisser la tension qui était à son comble entre les deux pays.

Voilà une posture qui prend totalement le contre – pied des sorties médiatiques du côté des autorités centrafricaines dont la première était celle du ministre de la communication et des médias Ange Maxime Kazagui et la deuxième émanant de son collègue des affaires étrangères. Une vraie cacophonie qui non seulement a traduit une totale absence de solidarité gouvernementale, de concertation et de partage d’informations sur les grands dossiers qui touchent à la vie de la nation, mais surtout a eu le mérite d’indiquer que les membres de ce gouvernement n’ont aucune solide expérience professionnelle administrative et aucune maîtrise réellle de la technicité. En effet, alors que l’un a parlé, sans plus de précisions, d’échanges de tirs entre les deux forces ayant entraîné de pertes en vies humaines, de part et d’autre, du fait des éléments de la CPC qui, après avoir attaqué les Faca et leurs alliés russes, se sont retrouvés sur le territoire tchadien, l’autre qui, en sa qualité de cheffe de la diplomatie centrafricaine, devait apporter des éléments convaincants et contradictoires aux graves accusations formulées la veille par son collègue tchadien contre le gouvernement centrafricain, n’a fort malheureusement pas nié la présence des Faca et leurs supplétifs russes en territoire tchadien, et n’a pas aussi rejeté les attaques du poste avancé de Sourou. Aussi invraisemblable et étonnant que cela puisse paraître, elle s’est contentée, sur un papier de choux gras sans signes distinctifs et dénué de toutes références administratives, de dire que ce qui s’est passé, était la résultante d’une attaque perpétrée contre les positions des Faca par les combattants de la CPC. En somme, la même chose dite par deux personnes différentes, alors que selon les us et coutumes en la matière, il revenait au ministre des AE de monter au créneau pour faire face aux pressions médiatiques. De la vraie crasse qui pue la honte et ne cesse de couvrir la République et le peuple centrafricain de l’odeur pestilentielle de matières fécales !

Et c’est cette odeur nauséabonde, révélatrice d’une certaine crasse culturelle, administrative et diplomatique dont ils ont fait montre lors des négociations, qu’ils ont répandue autour d’eux, dans leur manière de s’expliquer, de prendre position au nom de la République et même dans leur posture sur la photo scellant la fin de la rencontre par un communiqué conjoint face à la presse. En bref, ils ont affiché la posture d’une délégation démissionnaire, désarmée, exténuée, humiliée et apeurée, à l’exemple de l’attitude adoptée par le ministre des AE, bras croisés sur sa Kaba, et celle du ministre de la défense nationale Mme Marie Noëlle Koyara, en retrait sur la photo, dont les présences dans cette mission n’ont pas été du goût de l’autre partie. Par contre, en face, il n’y a  aucune femme qui, selon les us et coutumes de la société tchadienne, ne doit pas se mêler des affaires des hommes, mais plutôt des hommes debout, fermes sur leurs pieds, ayant toute leur lucidité et toute leur autorité.

En réalité, selon des sources proches de la présidence tchadienne, atterrés qu’ils étaient, et leur âme envahie par la crainte, ils ont complètement perdu tout leur bel entrain, auquel nous sommes habitués, à prendre la parole, quand il s’agit de traquer les opposants, tordre le cou à la constitution, arrêter de présumés mercenaires tchadiens et d’accuser le Tchad de soutenir les éléments de la CPC  en vue de déstabiliser leur pouvoir. Comme un grillon sentant un danger devant son trou, ils se sont fort étonnement tus. Ce faisant, ils ont jugé judicieux de se mettre dans la position du coupable ; tout naturellement, celle – ci leur a valu toutes les humiliantes remontrances du monde. En effet, prenant la parole, le président de transition du CMT Mahamat Idriss Déby leur a fait savoir qu’il ne répondra pas au président Touadéra par une lettre, comme il l’a fait, mais lui parlera de vives voix et en homme, en le regardant droit dans les yeux. Et il ne saisira son homologue que, lorsqu’il aura reçu les conclusions de l’enquête actuellement menée par l’inspection générale des forces armées tchadiennes. Cependant, la République centrafricaine qui, à travers sa délégation, après avoir exprimé toute sa surprise, a reconnu que les Faca ont effectivement pénétré sur le territoire tchadien et que les actes qui y ont été commis sont imputables à des mercenaires russes qui les accompagnaient, selon les explications fournies par le ministre de la défense nationale Marie Noëlle Koyara, a été sommée de procéder dans les meilleurs délais à l’arrestation de tous les auteurs de ce crime et de les transférer au Tchad , le lieu du crime, pour y être jugés, punis et condamnés. Une décision parfaitement compréhensible  qui vaut une signification de sommation à transmettre à qui de droit.

Mais de retour à Bangui, selon des informations de sources policières et militaires en notre possession, la ministre de la défense nationale Mme Marie Noëlle Koyara se serait rétractée et à la manœuvre avec le Gangster de Bangui, voudrait bien faire porter le chapeau de cet acte crapuleux uniquement aux éléments des forces armées centrafricaines ; à ce propos, le chef d’état – major, le chef d’état – major particulier du président de la République et les militaires déployés dans cette partie du territoire national, au moment des faits, seraient identifiés comme responsables de l’attaque de Sourou. Et, de ce fait, ils devraient être arrêtés et transférés au Tchad pour y être jugés, condamnés et punis.

Ce qui signifie, par conséquent, que Touadéra refuserait de procéder à l’arrestation de ses mercenaires russes et s’engagerait à sacrifier les Faca en lieu et leur place. Une grosse erreur de casting de sa part, car toutes les autorités tchadiennes, civiles et militaires ne sont pas bêtes et savent que ce sont les russes du Groupe Wagner qui ont perpétré ce crime de guerre, après l’attaque de leur poste militaire avancé. Des renseignements en leur possession font état de ce que ce sont ces russes qui ont enlevé, torturé et exécuté sommairement les cinq (5) soldats tchadiens pour faire croire à l’opinion nationale et internationale que c’est l’armée tchadienne qui a attaqué leurs positions sur le sol centrafricain. Ce qui n’est pas du tout vrai, puisque devant la pertinence des éléments matériels de preuve dont elles disposent, Bangui a été obligé de reconnaitre les faits.

Dans ces conditions, au – delà de la mise en place d’une commission d’enquête internationale indépendante qui relève d’une procédure purement diplomatique et non militaire, il ne reste plus au Gangster de Bangui qu’à déférer aux injonctions de Ndjaména, s’il ne veut pas se faire livrer lui – même. C’est, donc, dans cette optique visant à mettre la pression sur ses épaules, que le Tchad continue, depuis quelques jours, d’amasser ses troupes à la frontière avec la République centrafricaine.

Imamiah – Imhotep Yamalet

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