Assemblée Nationale : « MapenziGate » et ses ramifications au sommet de l’Etat centrafricain

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Ce qu’il faut retenir de ces audios : 1) L’opération baptisée « Destitution de Méckassoua »  a été pilotée par Mapenzi, homme de main de Touadéra; 2) Le président de la République Faustin Archange Touadéra, contrairement à ce qu’il a affirmé et affirme encore, est pleinement impliqué dans l’opération « Destitution de Méckassoua »; 3) Le vote de destitution a été truqué par Mapenzi.
Depuis plusieurs jours, nous n’avons eu de cesse que d’informer l’opinion, mieux encore de lancer un débat citoyen sur la désormais célèbre « MapenziGate » et ses ramifications au sommet de l’Etat centrafricain et, tout comme fait les jours passant, on se rend bien compte d’une espèce de résignation politique et populaire qui interpelle à plus d’un titre. Aujourd’hui encore, et dans la suite de cette litanie diabolique qui semble avoir raison face au devoir de redevabilité d’abord de la part de nos dirigeants politiques puis de celle du citoyen tout court, une énième démonstration est plus que jamais faite, avec ces bandes sonores-là, qu’un complot politique visant  à la destitution de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Abdou Karim Meckassoua, a bel et bien été orchestré depuis le palais de la Renaissance et impliquant directement le Président de la République, Faustin Archange TOUADERA.
De ces ultimes révélations faites par Mapenzi lui-même, on notera d’abord des concertations régulières avec le locataire du palais de la Renaissance qui donne non seulement les instructions et directives mais encore en reçoit les comptes rendus et commentaires nécessaires. En tout état de cause, il est désormais établi qu’un complot a été ourdi par le Chef de l’Etat et qu’un coup d’Etat politique s’en est suivi avec toutes les conséquences que l’on sait aujourd’hui, à savoir: un parlement aux ordres de l’exécutif et qui n’est plus qu’une caisse de résonance au service des intérêts catégoriels des hommes forts de Bangui, un parlement qui valide un vote truqué de la loi de finances de l’exercice en cours ainsi qu’un vote falsifié de confiance au gouvernement de Firmin Ngrébada pour ne citer que ceux-ci. Tout cela est plus que jamais avéré.
Par de tels actes mafieux, une fois encore mis à jour aujourd’hui, c’est toute la République qui est désormais sans garde-fou, et ce sont désormais ces fous-là qui dansent, et qui vont certainement entraîner toute la nation dans leur étourderie ; l’opinion est plus que jamais avertie d’un tel danger.
De tout temps, la presse centrafricaine responsable n’a eu de cesse de donner l’alerte pour ne pas que l’on puisse dire plus tard qu’on ne savait pas. Cette presse, aujourd’hui encore bâillonnée par l’embastillement de l’un de ces leaders d’opinion connu et reconnu comme tel, excusé de peu qu’il soit un des proches du désormais « farouche opposant » à Touadéra, un certain Fari Tahéruka Shabazz dont les écrits acerbes et pointus ont fini par conquérir l’âme du citoyen qui perçoit maintenant clairement qui sont ces fossoyeurs de la République,  n’en dira jamais assez et avec peu de moyens  à qui voudrait bien l’entendre, n’en déplaise à Touadera et à son cartel de mafiosi. « Tuer le messager ne signifie pas tuer le message » disait Gandhi… Socrate fut condamné à boire la ciguë dès le Vème siècle avant notre ère; ce qu’on sait encore aujourd’hui de son message « c’est qu’on ne sait rien ». Et oui, c’est aussi et avant tout ça la démocratie.
Et la démocratie version MCU consiste, quant à ceux-là, à inviter un dernier soir quelques quatre vingt dix députés à vendre leur âme au diable républicain lors d’un dîner dit parlementaire chez un « certain » Ndotizo, député de son état, et recevoir chacun un pactole de quelques Cinq-Cents Milles Francs versés en acompte au titre du nouveau contrat parlementaire et criminel dont l’objectif visé reste le vote de maintien des soldats Mapenzi, Dimbelet et Ngon Baba à leurs postes au sein du bureau de l’Assemblée nationale. Quelle catastrophe en perspective!
Et oui, une telle catastrophe voudrait que toute la classe politique centrafricaine la cautionne, que la société civile à quelques égards fragilisée par le pouvoir la cautionne, que les leaders religieux la cautionnent, que la communauté internationale et les principaux partenaires traditionnels de la République centrafricaine la cautionnent à leur tour en voulant financer des élections dont on sait qu’elles n’apporteront aucune solution à la crise dans le contexte actuel.
Il mérite cependant de rappeler que ces quelques partenaires internationaux présents à Bangui avaient tous été roulés dans la farine lorsque certains ambassadeurs, voulant solliciter l’intervention du Chef de l’Etat afin d’éviter la destitution de Méckassoua, ce qui pourrait avoir pour conséquence la situation que l’on sait aujourd’hui, ce dernier leur avait dit qu’il ne saurait fouler aux pieds la Constitution dont il est et demeure le garant; tel un boulanger, un roublard reste un roublard.
Si une justice centrafricaine existait, on le saurait, hélas! celle-ci est également aux ordres du pouvoir et n’agit que pour valider et servir de caution à la bêtise de l’Etat; les exemples de décisions de la Cour constitutionnelle ainsi que celles du parquet contrôlé d’une part par Madame Danielle Darlan et par le Ministre cousin de Touadera, un certain Flavien Mbata d’autre part, témoignent de cette carence juridique et judiciaire. Les colonnades qui se dressent droit devant le fronton du palais de la justice ne sont plus synonymes de droiture ni de rectitude devant lesquelles tout citoyen devra obéir et se plier; autrement dit, ce même ministère public devrait déjà s’auto- saisir pour dire le droit en sanctionnant ces vrais truands pseudo-politiciens à la centrafricaine.
Les observateurs attentifs et avisés de la situation qui prévaut en Centrafrique apprécieront une fois de plus le drame qui se joue sous nos yeux au sommet de l’Etat centrafricain ; ce triumvirat Présidence-Parlement-Gouvernement qui n’a que faire de la souffrance du bas peuple et qui, si rien n’est entrepris pour le stopper net dans cet élan anti républicain, finira par corrompre les âmes et les esprits pour une descente aux enfers dont on mettra un long bail avant d’entrevoir un semblant de rayons de soleil pour éclaircir les fondements d’une nation centrafricaine renouvelée et réconciliée avec elle-même.
Ainsi donc, l’heure est grave pour qu’un éveil de conscience soit opéré pour le salut de la nation. Ceux des députés de l’opposition, conscients du danger et de la mission qui leur a été confiée par le peuple, doivent maintenant être fiers de porter sur leur cœur leur insigne de représentant du peuple et leur écharpe symbolisant les couleurs de la République.
Il ne leur reste plus qu’à le défendre ce vendredi 6 mars 2020, lors du vote de renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale.
Jean – Paul Naïba

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