ARMÉE CENTRAFRICAINE: SANCTIONS, MAUVAISE GOUVERNANCE ET PROMOTIONS

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I- Sanctions

L’émission ‘’Magazine des armées’’ du jeudi 31 janvier 2019 a lu une série de décisions sanctionnant des brebis galeuses de la Grande muette, allant de la rétrogradation à la radiation du contrôle de l’Armée centrafricaine. Parmi les cas des brebis galeuses des Forces armées centrafricaine (FACA) il ya notamment:
-Le cas du caporal RINGUI: En poste à Paoua dans l’Ouham-Pendé, ce soldat aurait quitté son détachement sans permission pour Bangui, a bord d’un véhicule civil. On appelle cela «abandon de poste», «désertion en temps de paix»; un cas indiscipline qui ne sied pas à un soldat. La force d’une armée réside d’abord et avant tout dans la discipline. Le métier de soldat est incompatible avec l’indiscipline et la désobéissance. Ainsi, le conseil de discipline qui a siégé a pris les sanctions suivantes: prison militaire de quinze (15) jours fermes et le caporal Ringui est rétrogradé soldat de 1ère classe. Cela est conforme à la réglementation militaire. Mais le comportement de ce militaire nous amène à nous poser quelques questions: pourquoi a-t-il quitté Paoua pour Bangui sans autorisation? Souffrirait-il d’une maladie et qu’on a refusé de le soigner? Ne mangerait-il pas bien comme les militaires en formation au camp Kassaï par l’EUTM? A-t-il peur des combats en préparation? Est-il venu trahir les secrets militaires du camp ennemi? Tout cela est suspect et préoccupant.
-Le cas du soldat de 2e classe surnommé «12 couteaux»: Il habiterait le quartier Pétévo dans le 6e arrondissement de Bangui, derrière la Société d’Etat de gestion des abattoirs (SEGA). Il est traduit devant le Conseil de discipline pour répondre de l’acte suivant: braquage à main armée d’un éleveur (mbororo) peul sur sa moto derrière la SEGA. Le peul est décédé suite aux blessures reçues. Il a confisqué la moto qu’il roule avec depuis lors au vu et au su de tous. Les parents et amis de la victime se sont plaints à l’état-major des FACA qui a pris ses responsabilités, et la sentence du conseil de discipline est tombée: ce soldat de la promotion 2014 dite «promotion Séléka» est purement et simplement radié du contrôle de l’Armée, après quinze jours de prison ferme. Totalisant moins de 15 ans de service, il lui sera remboursé ses retenus de solde pour la future pension qu’il n’aura plus. Pour ce cas précis, cette peine n’est pas suffisante puisqu’il s’agit d’un acte criminel commis par ce soldat en dehors de son service et ses fonctions. Il devait donc être traduit devant la Cour criminelle pour répondre de ses actes. On espère que ce soldat est à la prison du camp de Roux pour attendre la prochaine session criminelle. Le magistrat hors hiérarchie Eric Didier Tambo s’occupera bien de lui le moment venu.

II- Camp Kassaï: l’enfer des militaires en formation par l’EUTM

Des soldats et gradés du BIT4 sont en formation de 3 mois au camp militaire Kassaï dans le 7e arrondissement de Bangui, dans le cadre d’un stage encadré par les instructeurs européens de l’EUTM. Mais quelle galère?
De sources concordantes, les maux qui gangrènent la vie des militaires en formation au camp Kassaï sont les suivants (non exhaustifs):
-les stagiaires mangent rural. Il y aurait comme un détournement systématique de leur ration alimentaire pourtant payée par la coopération militaire portugaise, suédoise et française. Les Centrafricains qui gèrent leur repas ne leur donneraient qu’une (1) boite de sardine au lieu de deux (2);
-alors qu’ils sont soumis à des rudes exercices physiques terribles et vue leur effectif, c’est une carcasse de bœuf qui leur est préparée au lieu de deux (2), ce que dénoncent les Européens qui assurent leur formation rude. L’énergie dépensée doit être compensée par une bonne alimentation;
-depuis une semaine, les stagiaires sont privés d’eau courante de la SODECA. Ils sont obligés d’aller sur la colline pour se laver avec l’eau de source qui sort des pierres et argile et qui est malsaine à l’usage. Conséquence: le staphylocoque a élu son domicile sur leurs corps et surtout au niveau de leurs parties intimes. En pleine séance d’entrainement, les soldats se grattent le corps. Ils sont indisposés par cette sale maladie. Bizarre pour un militaire d’aller à une formation pour attraper des maladies. Il n’y a qu’en RCA où cela est possible et ne gène prsonne.
Plus grave est le fait qu’à l’Infirmerie du camp Kassaï, il n’ya pas de médicament pour les soigner; .les malades sont orientés vers d’autres centres de santé où les consultations, les examens et les médicaments sont à leurs propres frais, ce qui n’existe nulle part dans le monde. Or, les sacro-saints principes qui gouvernent les écoles et centres de formation des forces de défense et de sécurité partout dans le monde sont les suivants: (i) alimentation normale; (ii) consultations sanitaires, examens et médicaments gratuits et réguliers; (iii) eau minérale ou de robinet permanente, de qualité et gratuite.
A Libreville et à Brazzaville, les militaires en stage de formation sont dotés d’une palette d’eau minérale gratuite et chaque jour. Mais à Bangui, ils vont s’abreuver à l’eau polluée et souillée qui sort des collines. Quelle honte!
Face à cette situation, nombreux sont des stagiaires qui n’ont plus le cœur à la formation. Certains menacent même de quitter la formation pour ne pas mourir de faim et de maladie. Touadéra n’est-il pas au courant de tout cela?

III- Reforme et promotions

De sources introduites, les officiers généraux et supérieurs de l’armée centrafricaine, habitués à rester à Bangui à ne rien faire, seront dorénavant affectés dans les régions militaires (en provinces) où ils vont assumer le commandement opérationnel. Cela est normal. Il faut rompre avec cette vieille habitude où les plus gradés végètent à Bangui où, à défaut d’être utilisés, ils font plus la politique que le service militaire. Qu’ils aillent aussi en provinces connaître la vie dure des petits soldats. Qu’ils aillent en provinces organiser la traque des bandits armés. Qu’ils aillent en provinces démontrer qu’ils sont des vrais généraux par rapport aux faux généraux que sont Nourredine Adam, Ali Darass, Abbas Sidiki, Mahamat Al-Khatim, Abdoulaye Hissène, Dogo Ousmane le killer de Ippy, etc.
Ceci expliquant cela, le colonel Isidore Ngrépé, du Bataillon du Génie, qui a servi longtemps à l’état-major général des Armées, va commander la Région militaire de Mongoumba, avec juridiction sur toute la préfecture de la Lobaye.
Côté promotions ou avancements en grades, de gentilles indiscrétions suggèrent que deux (2) colonels de l’Armée vont bientôt être promus au grade de Général de Brigade. Il s’agit de: colonel Zéphirin Mamadou, du Bataillon du Génie (BG), actuel chef d’état-major de l’Armée, et son frère colonel Thierry Lengbe, du Bataillon de soutien et des services (BSS), actuel Attaché de défense à l’Ambassade de la RCA à Kinshasa (République démocratique du Congo).
Le gouvernement doit penser aux conditions de vie des militaires en stage de formation au camp Kassaï par l’EUTM et prendre les sanctions qui s’imposent: suspension de fonction et de solde avec mise en débet jusqu’à la hauteur de la valeur chiffrée des biens détournés. Et que la SODECA réhabilite le système d’eau du camp militaire de Kassaï.
Affaire à suivre.

Par Mesmin Madidé-Aladila, in: MEDIAS+ N°2074 du Mardi 05 Février 2019

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