Afrique centrale : pourquoi la CEMAC est vouée à la mort

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La réforme de la CEEAC, qui dote l’organisation d’une architecture institutionnelle ambitieuse au regard des nouveaux enjeux, condamne la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale à disparaître.

Attendue depuis plusieurs années, la réforme de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a été validée le 18 décembre 2019 à Libreville, au terme du 9e sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de cet espace économique composé de 11 pays. Le traité qui institue cette institution, qui date de 1983, a été modifié. Pour les autorités de ces pays, il est question de la moderniser et l’adapter aux nouveaux enjeux.

En lieu et place d’un secrétariat général comme cela été le cas jusque-là, la CEEAC sera dotée d’une Commission, son organe exécutif.

Sont également révisés : le cadre organique ; le règlement financier ; le statut du personnel ; etc. Les 11 pays membres qui composent cette organisation, à savoir, le Cameroun, la Centrafrique, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Congo-Brazzaville, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, le Tchad, São Tome et Principe, l’Angola et le Burundi, collecteront et reverseront à la Commission de la CEEAC, la taxe communautaire d’intégration.

Ces pays membres ont six mois pour ratifier le nouveau traité, c’est-à-dire, avant le prochain sommet prévu d’ici la fin du premier semestre de 2020. Pour le président du Gabon et président en exercice de la CEEAC, Ali Bongo Ondimba, cette réforme est un tournant historique pour l’organisation, qui « est désormais dotée d’une architecture institutionnelle à la hauteur des défis à relever. Pour notre sous-région, il y aura un avant et un après ». Inévitablement, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est appelée à s’éclipser pour laisser place à la CEEAC, qui reprend in extenso ses missions. C’est l’horizon qui reste à déterminer. De sa naissance à N’Djamena (Tchad) le 16 mars 1994 à nos jours en passant par son entrée le 25 juin 1999 à Malabo (Guinée Equatoriale), la CEMAC qui a remplacé l’Union économique et douanière de l’Afrique centrale (UDEAC) qui, elle-même, voit le jour en 1964 avec pour objectif de développer les échanges entre les pays membres et d’intégrer les économies de la sous-région, n’a jamais été à la hauteur de la tâche.

Puissance économique

La raison ?

L’insuffisance, le manque de la volonté politique. A l’orée de 2020, elle reste la sous-région la moins intégrée de la planète, avec à peine 2% d’échanges commerciaux développés dans son espace.

Les pays les plus volontaires que sont le Cameroun, le Congo, le Tchad et la Centrafrique, ont plus intérêt aujourd’hui à évoluer dans le cadre de la CEEAC que dans celui de la CEMAC qui les retarde inutilement dans le processus d’intégration sous-régionale et même régionale. Puissance économique naturelle de la Cemac, le Cameroun (80,939 milliards de dollars US en 2017) devra, dans le cadre de la CEMAC, s’effacer au profit de la République démocratique du Congo (495 dollars en 2018), bien que celle-ci soit restée un géant endormi.

Ou encore de l’Angola (124,2 milliards), qui dispose aujourd’hui, avec le Rwanda de Paul Kagame, d’une gouvernance publique. Surtout, le Cameroun qui a mis sur pied en 2015 un ambitieux Plan directeur d’industrialisation combiné à de nombreuses stratégies de développement du secteur agricole, irait vers un marché plus important de de 187 millions de consommateurs – contre environ 30 millions pour la CEMAC.

 

 

ECOMATIN

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