Affaire Martinez Zogo : l’étau se resserre autour d’Amougou Belinga

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Affaire Martinez Zogo : l’étau se resserre autour d’Amougou Belinga

Au Cameroun, les enquêteurs continuent d’éplucher les communications et les mouvements financiers effectués par l’homme d’affaires et par ses proches. Entendu depuis le 6 février, Amougou Belinga est soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat du journaliste.

L’opération s’est déroulée en deux phases. Ce jeudi 9 février, une nouvelle escouade d’officiers de la gendarmerie camerounaise s’est rendue à deux reprises à l’immeuble Ekang, le bâtiment qui abrite les bureaux de Jean-Pierre Amougou Belinga, l’homme d’affaires que les enquêteurs soupçonnent d’avoir commandité l’assassinat de Martinez Zogo, le directeur d’Amplitude FM dont le corps a été retrouvé le 22 janvier près de Yaoundé.

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En fin de matinée d’abord, les gendarmes ont procédé à l’interpellation de plusieurs collaborateurs du PDG de Vision 4 : sa secrétaire, la directrice générale et la directrice commerciale de Vision Finances et la directrice financière du groupe l’Anecdote.

Interpellations en cascade

Elles ont rejoint, dans les locaux de la légion de gendarmerie du Centre, d’autres personnalités arrêtées quelques heures plus tôt à leur domicile. Parmi elles, Jean-Claude Fouda Abega, dit Dangote, qui passe pour être l’homme de main d’Amougou Belinga, mais aussi l’épouse du directeur général du groupe l’Anecdote, Ivana Bidjang. Cela porte à dix le nombre de proches d’Amougou Belinga interpellés ces derniers jours dans le cadre de l’enquête.

À la mi-journée, les gendarmes sont revenus à l’immeuble Ekang, cette fois accompagnés de l’homme d’affaires, pour une perquisition qui a duré près de quatre heures. Les enquêteurs ont notamment passé au crible le sous-sol de l’immeuble et le bureau d’Amougou Belinga, situé au sommet du bâtiment de neuf étages. À l’issue de cette nouvelle fouille, un serveur informatique, un scanner et des documents ont été
saisis. Les auditions des suspects se sont poursuivies jusque tard dans la soirée.

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Tandis qu’Amougou Belinga continue de nier être impliqué dans la mort de Martinez Zogo, les enquêteurs tentent d’établir la véracité des faits tels que présentés par le lieutenant-colonel Justin Danwe, le directeur des opérations de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). Selon des sources proches de l’enquête, ceux-ci ont notamment entrepris d’éplucher les relevés téléphoniques ainsi que les transactions financières effectuées par les principaux suspects. Objectif : établir qu’Amougou Belinga et Danwe ont bien été en contact, voire obtenir la preuve qu’ils ont conclu un arrangement financier.

Un paiement de 35 millions de F CFA

Selon l’ONG Reporter sans frontières (RSF), qui suit de très près le déroulement de l’enquête, l’exploitation des téléphones des suspects a ainsi permis de vérifier les appels téléphoniques passés entre Jean-Pierre Amougou Belinga et Justin Danwe dans la soirée du 17 janvier, ainsi que celui passé au ministre camerounais de la Justice, Laurent Esso – c’est ce soir-là que Martinez Zogo a été enlevé.

Les traces d’un paiement de 35 millions de francs CFA, qu’aurait fait parvenir Amougou Belinga à Danwe via le compte du colonel Etoundi Nsoé, ancien commandant de la garde présidentielle et chef de la sécurité privée de Belinga, auraient également été repérées.

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Ces éléments, ajoutés aux témoignages des autres membres du commando, tendent à corroborer les déclarations de Danwe, lequel est entendu depuis le 1er février au secrétariat d’État à la Défense (SED). Une inculpation des principaux suspects ne fait plus guerre de doute. Contacté par Jeune Afrique, Me Charles Tchoungang, l’un des avocats d’Amougou Belinga, dénonce toutefois « un dossier vide » ainsi qu’une « cabale médiatique » contre son client.

Menée conjointement par la police et par la gendarmerie, l’enquête sur la mort de Martinez Zogo a paru progresser rapidement ces derniers jours. Une trentaine de personnes sont maintenant placées en garde à vue, et de nouvelles interpellations ne sont pas à exclure. Des témoins ont confié à Jeune Afrique avoir observé un dispositif sécuritaire inhabituel aux abords de la résidence de Laurent Esso, qu’Amougou Belinga aurait appelé tandis que Martinez Zogo était passé à tabac, selon Justin Danwe, mais il a rapidement été levé.

Jeune Afrique

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