«AFFAIRE JEAN–PAUL NAÏBA»: LE MINISTRE DONDRA VIENT DE FRANCHIR MALADROITEMENT LE RUBICOND

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Rappel des faits
Alors que certains ministres de la République et personnalités politiques étaient en train de prendre leurs jambes au cou face à l’attaque des éléments de l’UPC, d’autres jugés trop proches du président de la République qui ne pouvaient plus du coup s’envoler pour Bambari, se sont retranchés toute la journée au domicile du ministre Flavien Mbata, sis dans les parages du lycée de Miskine.

C’est là qu’entourés de donzelles, assis autour d’une large table bien garnie de victuailles, de bouteilles de vin et de whisky, et bien au frais, c’est–à-dire loin du théâtre du drame qui se jouait dans cette belle ville, chef–lieu de la préfecture de la Ouaka, que ceux–ci s’informaient par téléphone et sur les réseaux sociaux, minute après minute, de la peur qui s’était emparée de leurs collègues présents à Bambari et de leurs mouvements de panique et de sauve–qui–peut vers Grimari.
Soudain, l’ambiance conviviale et très festive est interrompue par l’un des membres du groupe qui vient de faire la lecture de l’article intitulé «Bambari: 150 millions de Francs CFA remis par Touadéra à vau–l’eau», publié par le journal en ligne www.letsunami.net.
Il prend la parole et conseille d’abord à ses compagnons d’en prendre connaissance, puis indexe directement le ministre des Finances et du budget, Henri Marie Dondra qui était là, et enfin, après l’avoir accusé d’être le défenseur invétéré de l’auteur de l’article, en l’occurrence Jean–Paul Naïba, de son vrai nom Edouard Yamalet, haut cadre des finances et 3ème vice–président de l’UNDP en charge de la communication, l’enjoint séance tenante de prendre toutes les dispositions pratiques aux fins de suspendre le mis en cause de fonctions et de solde pour une durée de trois (3) mois, avec traduction devant le conseil de discipline. Ce dernier acquiesce et rassure ses collègues que le nécessaire sera fait dans les meilleurs délais, révèlent nos sources. En voilà des histoires !

Quelques minutes plus tard, comme si le tout puissant ministre Dondra voulait décharger sa conscience d’un devoir ou d’un engagement pris solennellement, l’ancien DG de Fagace devenu depuis le 2 avril 2016 le sauveur des eaux et le grand argentier incontesté de tout le royaume de la Touadérakistan, prend son téléphone, compose le numéro d’un de ses proches collaborateurs, une autre personnalité proche de Touadéra et tente de s’exorciser en ces termes: «Je ne comprends pas ton gars; je fais tout pour le ramener à la raison et sur le droit chemin, mais il ne veut pas en entendre et persiste dans des actes d’indiscipline caractérisée et de non-respect aux autorités. Et puis, c’est moi qui ai toujours accusé de le protéger et d’être son avocat défenseur. Cette fois–ci, je ne peux plus rien faire pour lui» (sic). Un message clair et net, prononcé dans un ton déterminé, autoritaire, belliqueux et belliciste. Comme s’il en avait besoin pour qu’on sente qu’il est ministre de la République !!!

Une décision manifestement irrégulière, illégale et foncièrement antisociale
Deux jours plus tard, la menace proférée à l’égard de Jean–Paul Naïba tombe nette comme un couperet: une décision portant sa suspension de fonctions et de solde pour une durée de trois (3) mois avec traduction devant le conseil de discipline. Une décision dûment signée par le ministre des Finances et du budget en date du 14 janvier 2019 et largement diffusée sur les antennes de la radio nationale, le même jour dans la soirée et le lendemain. Une décision qui fait suite aux injonctions à lui données par ses collègues le 10 janvier 2019, chez le ministre de la Justice. Sans autre forme de procès. Acte digne des républiques bananières car sans aucune procédure disciplinaire engagée contre l’intéressé, sans un questionnaire par exemple, sans aucun rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF) ni d’une instance administrative habilitée à suggérer des sanctions en y mettant toutes les formes. C’est autour des pots de vin et bouteilles de vin et de whisky que l’on décide du sort d’un fonctionnaire de l’Etat, comme si ce dernier n’avait pas de droits, en allant jusqu’à porter atteinte à sa vie ainsi qu’à celle de ses enfants, de son épouse et des parents à sa charge, SANS MOTIF.
Et c’est à un moment où les fonctionnaires et agents de l’Etat exigent du gouvernement et surtout du ministre Dondra le versement intégral de leurs arriérés de salaires de l’année 2002, la revalorisation des salaires et allocations familiales, que le ministre intéressé se donne du plaisir de priver un fonctionnaire réduit à rien de son solde, la seule chose qui lui reste, y compris même les allocations familiales. Par là, les enfants de Yamalet ne doivent pas manger, ils n’ont que le droit de mourir de faim. Seuls les enfants de Dondra et ses acolytes ont droit à la vie. Quel crime !!!
Face à une telle situation, on comprend pourquoi la guerre et les conflits ne peuvent terminer un jour dans ce pays avec les actes de ce genre qui peuvent pousser les parents et plus tard les enfants des victimes à en vouloir aussi à tous ceux qui sont ou ont été à l’origine du malheur de celui qui les fait vivre, voire en vouloir à leurs enfants et parents, s’ils en ont. Et le cercle vicieux de la violence va prendre le large.
Cet acte ternit davantage l’image déjà peu reluisante du régime Touadéra et celle du club de ses ministrons sur qui il y a franchement à dire, si on ne le taisait par pitié, pour éviter que l’ouragan séléka et autre ne viennent emporter tout un régime, par la faute de quelques zélés qui sont de véritables gongolomasoké. Bref.

Un procès gagné d’avance par la victime, victime de cabales politiques
Interrogé à ce sujet, l’intéressé qui se dit serein, balaie d’un revers de la main l’argumentaire du ministre des Finances et du budget et laisse tomber de sa bouche, tout en souriant, ces mots: «Je suis coutumier de ces sanctions qui ne sont que l’œuvre de mes détracteurs dans ce département, depuis août 2003. Et comme toujours, j’en suis sorti vainqueur. Cette fois–ci aussi, je gagnerai ce procès devant le conseil de discipline puisque non seulement la décision du 14 janvier 2019 a été prise pour légaliser une illégalité pendante ou afin de justifier un acte arbitraire et injuste qui existait déjà, mon salaire ayant été suspendu en l’absence totale d’une décision depuis juin 2017, mais surtout la procédure engagée en l’espèce est manifestement illégale, puisque la phase du questionnaire et de la réponse au questionnaire a été délibérément violée par la direction des ressources humaines. Un autre ministre, en lieu et place de Dondra, n’aurait jamais accepté d’apposer sa signature au bas d’une telle décision pour vice de forme».

Les en-dessous d’une décision
Rappelons que Jean–Paul Naïba est non seulement un haut cadre du ministère des Finances et du budget, et 3ème vice – président de l’UNDP, première force politique nationale et membre de la majorité présidentielle, mais surtout l’analyste éclairé et avisé du journal «Le Démocrate» et directeur de publication du journal en ligne www.lavoixdessansoix.com piraté depuis le 11 octobre 2018, qui avait failli, sur instructions des plus hautes autorités de la République, selon des sources policières, être enlevé le 1er octobre 2018 vers 9 h 30 mn par le directeur de l’OCRB, Bienvenu Zokoué à la tête d’une cinquantaine d’éléments lourdement armés dans l’enceinte de la rédaction du journal. Depuis lors, pour sa sécurité, il est passé en clandestinité et en dépit des démarches entreprises par la Section des Droits de l’Homme de la Minusca et ses avocats Me Aristide Djapou et Me Régis Tiangaye près le ministère des Finances et du budget et le parquet de Bangui, aucune réponse relative aux faits à lui reprochés ne lui a été régulièrement notifiée.

Mais, avec l’éclatement au grand jour des en–dessous tels que décrits ci–dessus, de la prise de la décision de sa suspension de fonction et de solde avec traduction devant le conseil de discipline, les nuages semblent se dissiper sur les noms des bourreaux de notre confrère. En sus de ses bourreaux bien connus et qui s’en vantent même, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le ministre des Finances et du budget Henri Marie Dondra assumera seul la responsabilité de cette grave hérésie administrative qui va entraîner la condamnation de l’Etat centrafricain sinon du ministère des Finances à verser d’importants dommages et intérêts à la victime expiatoire de la mal gouvernance à l’ère Touadéra.
En effet, que dire de cette décision qui n’a fait que légaliser une situation illégale, arbitraire et foncièrement injuste de fait depuis plusieurs mois, en dépit de maintes requêtes de l’intéressé et de son avocat Me Aristide Djapou? La suspension d’un fonctionnaire de solde en l’absence de toute décision administrative régulièrement agencée n’est-elle pas tout simplement constitutive d’un acte de flagrante violation des dispositions de la loi portant garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires et agents de l’Etat par le Statut général de la fonction publique? Et comment peut-on suspendre de fonction un fonctionnaire qui n’a été nommé nulle part et qui est laissé dans le couloir pendant des années?
Et lorsqu’on sait que le nom de notre confrère figure sur la liste des cadres de l’UNDP, première force politique du pays et membre de la majorité présidentielle, pour des propositions de nominations à de hautes fonctions d’Etat dans le cadre de l’alliance politique avec le régime, il y a de quoi comprendre que la majorité présidentielle n’existe que de nom. A preuve: les rats continuent de quitter le navire… Le PUR vient d’emboîter le pas à la CRPS, au PATRIE et au RPR.
Comment peut-on demander à un fonctionnaire qui n’est affecté nulle mais qui de surcroît fait l’objet d’une traque policière et qui a peur pour sa vie, de se rendre au travail? Pourquoi cette cabale contre un simple citoyen qui ne dispose pas d’une milice aussi redoutable et puissante que le mercenaire nigérien Ali Darass, mais qui n’utilise que sa plume pour critiquer la mal gouvernance dans laquelle s’est installé le pouvoir de Touadéra?

Pour le faire taire à jamais?

Messieurs les censeurs, sanctionnez bien. A chacun son tour quelque part, car on ne tue jamais la vérité. On ne tue jamais la presse qui dit la vérité et éveille les consciences. Norbert Zongo a été tué, mais le sort des Compaoré, Blaise et François, est plus pitoyable que celui de feu Zongo. Ils sont devenus des apatrides. Méditez sur cela.
Affaire à suivre et à bon entendeur, salut…

Damoclès Diriwo, in: MEDIAS+ N°2061 du Mercredi 16 Janvier 2019

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